La revitalisation de l’éducation de base
Le renouveau du système éducatif tchadien est en marche. Le gouvernement du Tchad a commencé la revitalisation du système d’éducation en 2012, dans le cadre de la Stratégie Intérimaire pour l’Education et l’Alphabétisation (SIPEA 2013-2016), qui met l’accent sur l’offre équitable d’une éducation de qualité aux enfants.
La volonté nationale de développer l’éducation et d’envoyer les enfants à l’école est bien présente, et cela malgré un contexte socioéconomique et géopolitique qui est un des plus difficiles du continent. Aujourd’hui, le Tchad connait une situation démographique qui nécessite une attention particulière avec un tiers de sa population en âge d’être scolarisé. Le pays connait une croissance démographique proche de 3,5% qui devrait l’amener à voir cette population à scolariser augmenter d’au moins 50% dans les dix prochaines années.
Face à ces défis, l’engagement fort de l’État s’est d’abord traduit à travers le niveau de ressources allouées au secteur de l’éducation et au cycle primaire en particulier. Jusqu’en 2013, 25% des dépenses courantes de l’Etat étaient réalisées pour l’éducation, et 43% du budget de l’éducation était alloué à l’enseignement primaire.
Cette détermination se retrouve aussi chez les parents d’élèves qui investissent eux-mêmes pour que leurs enfants bénéficient d’une éducation, qu’elle soit formelle ou informelle. En effet, d’après la dernière étude RESEN, le nombre d’enseignants communautaires pris en charge par les associations de parents d’élèves représente plus des trois quarts des enseignants du cycle primaire. Mais cette situation exemplaire de la part de la communauté reste fragile car elle est directement liée à une situation économique ellemême précaire. Par ailleurs, cette situation n’est pas satisfaisante car le corps enseignant a aussi besoin d’une professionnalisation que les associations de parents d’élèves ne peuvent lui offrir.
Cette volonté commune s’est traduite par des progrès importants qui ont été réalisés ces dernières années. En effet, les partenaires du secteur de l’éducation, représentés par l’UNICEF, sont aux côtés du gouvernement et des communautés pour développer les secteurs sociaux de base. Ainsi en 2012 avec l’élaboration de la SIPEA, l’UNICEF, en partenariat avec le Gouvernement et le Groupe Local des Partenaires de l’Éducation et notamment l’UNESCO, a mobilisé des fonds importants auprès du Partenariat Mondial pour l’Éducation (Global Partnership for Education, GPE) et du programme Eduquer un Enfant (Educate a Child, EAC) de la Fondation Education Avant Tout (Education Above All, EAA) pour appuyer la mise en œuvre de la SIPEA avec le Projet de Revitalisation de l’Education de Base du Tchad (PREBAT).
Ce projet, qui s’achèvera en même temps que la SIPEA fin 2016, a déjà permis la construction d’environ 1000 nouvelles salles de classes, l’achat et la distribution de presque deux millions de manuels scolaires et de guides pour les enseignants, l’appui pour la formation des enseignants à travers un programme de formation qualifiante diplômante qui a déjà bénéficié à 1100 enseignants. L’UNICEF a également soutenu la réalisation du modèle des écoles amies des enfants (lire page 9) dans certaines régions ciblées. Les réalisations sont multiples mais les défis sont nombreux, notamment celui de la scolarisation des enfants en âge d’aller à l’école, les filles particulièrement. Au final, le projet PREBAT aura bénéficié à plus d’un million d’enfants.
L’éducation est un droit fondamental et inaliénable des enfants pour lequel le Tchad s’est engagé, avec l’UNICEF à ses côtés. L’éducation est un des piliers fondamentaux pour réussir la vision nationale de développement socioéconomique et culturelle du pays, et c’est ensemble que nous pourrons réussir à la bâtir. La revitalisation de l’éducation de base ■ Par Jean Mathieu Laroche