12/20/2012 17:22 GMT
BAMAKO, 20 déc 2012 (AFP) - Le Conseil de sécurité de l'ONU devait autoriser jeudi le déploiement d'une force de 3.300 soldats africains dans le nord du Mali pour tenter d'en chasser les islamistes armés qui l'occupent, mais des réticences demeurent quant à ses capacités, rendant peu probable une intervention rapide.
Réclamé avec insistance par l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'envoi d'une telle force, conduite par des Africains et appuyée par les Occidentaux, suscite toujours les réserves des Etats-Unis et du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
Avant de passer au déploiement de la force, M. Ban a une nouvelle fois rappelé mercredi la nécessité d'engager "de façon sérieuse" des négociations politiques, que doit mener le nouveau Premier ministre malien, Diango Cissoko, nommé la semaine dernière après le départ de son prédécesseur, Cheick Modibo Diarra.
Ce dernier a été contraint à la démission par les militaires putschistes qui avaient renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, plongeant leur pays dans le chaos, et qui gardent une forte influence à Bamako.
La préparation d'une action armée doit être "crédible", a répété l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi, en tournée en Afrique de l'Ouest, appelant à identifier "tous les moyens pour chercher la paix avant de commencer l'action militaire".
Jusqu'alors très en pointe dans le dossier malien et souhaitant aller vite, le président français François Hollande a reconnu à Alger qu'il fallait "faire tout pour qu'une négociation puisse permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale", mais "uniquement avec les mouvements ou les forces qui se séparent du terrorisme, voire luttent directement contre le terrorisme".
Le projet de résolution qui doit être présenté jeudi après-midi par la France aux 14 autres membres du Conseil de sécurité prévoit de fait un déploiement par étapes, et ne fournit aucun calendrier précis, selon des diplomates.
Pas d'intervention avant l'automne 2013
Le texte comporte un volet politique demandant aux autorités de transition à Bamako de rétablir au plus vite l'ordre constitutionnel et d'engager des négociations avec certains des groupes armés, notamment les Touareg, qui avaient lancé l'offensive dans le Nord, avant d'en être évincés par les islamistes liés à Al-Qaïda.
Début décembre, une médiation de la Cédéao avait permis une amorce de dialogue à Ouagadougou entre le gouvernement malien, le groupe armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), essentiellement composé de Touareg maliens, et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
Pour le volet militaire, le projet de résolution prévoit "deux étapes": reconstruire l'armée malienne, en piteux état depuis sa débâcle face aux islamistes et le coup d'Etat du 22 mars, et entraîner les troupes de la Cédéao qui composeront la force afin de les rendre aptes à reconquérir le Nord.
L'Union européenne a déjà mis sur les rails l'envoi de 400 militaires, dont 250 instructeurs, début 2013 pour former l'armée malienne, qui ne contrôle plus que le sud du pays, dont Bamako.
Le projet de résolution précise qu'il faudra que le Conseil de sécurité de l'ONU s'estime "satisfait" de l'état de préparation de cette force, notamment en matière d'entraînement, de structure de commandement et d'équipement, avant qu'elle puisse se déployer dans le Nord.
Au vu de ces exigences, la reconquête du nord de cette région où les islamistes commettent de nombreuses exactions au nom de la charia (loi islamique) ne devrait pas pouvoir commencer avant l'automne 2013, conformément aux prévisions de M. Prodi lui-même et des experts militaires.
Dans un communiqué diffusé jeudi, l'organisation HRW a souligné les risques accrus de violences ethniques dans le Nord, où certains habitants craignent que le déploiement de la force internationale favorise des actions de représailles de la part des soldats maliens qui y participeront, en particulier contre les Touareg.
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