12 mars 2013 – La récente intervention militaire lancée dans le nord du Mali a été suivie d'une escalade sérieuse des représailles de la part des troupes gouvernementales, qui semblent prendre pour cible des membres de divers groupes ethniques perçus comme des partisans des groupes armés, a indiqué mardi un responsable des Nations Unies.
La Haut Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme, Kyung-Wha Kang, a confirmé mardi devant le Conseil des droits de l'homme que les Peules, les Touaregs et les Arabes était particulièrement visés : « La situation a été exacerbée par la propagation d'une rhétorique incendiaire, notamment dans les médias, qui stigmatise les membres de ces communautés, dont des milliers auraient pris la fuite de crainte de représailles de la part de l'armée malienne. »
« Ceux qui restent dans le pays redoutent d'être pris pour cible non pas pour ce qu'ils auraient fait, mais pour ce qu'ils sont », a expliqué Mme Kang, tandis qu'elle présentait le dernier rapport en date de la Haut Commissaire sur la situation des droits de l'homme au Mali.
Ce document s'appuie sur des témoignages recueillis en novembre 2012 dans ce pays, ainsi qu'au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger. La période couverte s'étend de janvier à novembre 2012, pendant laquelle plusieurs groupes armés – Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) notamment – ont imposé une stricte application de la loi islamique.
Cette situation a entraîné de graves violations des droits de l'homme, des exécutions sommaires, des viols punitifs « pour piété insuffisante » et des tortures, ainsi que des amputations au nom d'une interprétation particulière de la charia. Le rapport signale aussi des allégations d'exécutions extrajudiciaires, par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) notamment.
Mais le rapport, a insisté Mme Kang, attire aussi l'attention sur les violations des droits de l'homme dans les régions sous contrôle gouvernemental, notamment en ce qui concerne l'exercice de la justice, la liberté d'expression et le droit à l'information.
Aussi a-t-elle appelé les autorités à protéger les communautés à risques, avant de précisé que le Haut Commissariat aux droits de l'homme avait, de son côté, commencé de renforcer son équipe chargée de surveiller la situation sur le terrain.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime à plus de 200.000 le nombre de personnes déplacées et à 45.000 celui des réfugiés dans les pays voisins.