Au Tchad, le nombre total d'enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère en 2012 est largement au-dessus des prévisions des organismes humanitaires. L'UNICEF et le cluster nutrition notent que les 127 300 cas dépassent les prévisions de près de 147.000 cas de 2012. Autre signe inquiétant, la prévalence de la malnutrition aiguë globale chez les personnes âgées qui ne sont pas généralement incluses dans les programmes nutritionnels ni dans les distributions alimentaires. Au total, plus de 1,8 million de personnes sont en insécurité alimentaire au Tchad.
Face à cette situation, le Programme alimentaire mondial espère venir en aide à un million de personnes en 2013. Pour financer ses opérations, le PAM a besoin de 71 millions de dollars pour ses programmes de nutrition. Cela permettrait d'apporter une assistance à 845 écoles primaires, soit 265.000 enfants. Mais pour y arriver, le PAM espère recevoir ces fonds et pré positionner ainsi 49.000 tonnes de nourriture.
Pour illustrer la situation au Tchad, les humanitaires onusiens notent que le nombre de centres nutritionnels a presque doublé, passant de 261 à 426. « Cet alourdissement du bilan pousse donc à se demander si ces chiffres sont dus à une augmentation de la couverture de la réponse nutritionnelle ou si la crise a été plus sévère que prévue », fait remarquer le bulletin humanitaire du Bureau de coordination humanitaire à Ndjamena qui attend les résultats d'une autre une revue participative de la réponse à la crise alimentaire et nutritionnelle en avril 2013.
En outre, une enquête nutritionnelle, menée par HelpAge International en 2012 auprès des personnes âgées de 60 ans et plus dans le département de Haraze Albiar (région du Hadjer Lamis) au Tchad, montre que les personnes âgées du district souffrent de malnutrition modérée ou sévère. Quelque 721 personnes âgées dans 47 villages ont été interrogées, et leur périmètre brachial (PB) a été mesuré.
Les résultats de l'enquête montrent que 284 à 647 personnes âgées sont modérément ou sévèrement dénutries au Haraze Albiar, et ont besoin de soins et d'attention. Ainsi le rapport note que la prévalence de la malnutrition aiguë globale est de 6.1%, pour un intervalle de confiance de 4.0 à 9.1%. En utilisant les données de population utilisées couramment par les autorités de santé, le nombre de personnes âgées dénutries dans le district est passé de 496 à 1 129.
Les facteurs de risque associés à la malnutrition de façon significative sont liés à un âge avancé, un score faible pour les activités de la vie quotidienne, la présence de handicaps (notamment visuels ou auditifs), la faiblesse physique, ou la non fréquentation de centre de sante en cas de maladie. Au Tchad, les personnes âgées ne sont pas incluses dans les programmes nutritionnels ni dans les distributions alimentaires, et il n'existe pas de prise en charge intégrée des maladies chroniques dans les soins de santé primaires. HelpAge recommande que les personnes âgées soient reconnues comme un groupe prioritaire pour les interventions alimentaires et nutritionnelles, et que des soins à domicile et des services communautaires soient intégrés dans les soins de santé primaires.
Pour son appel global consolidé de 501 millions en 2013, le Tchad n’a reçu que 38 millions de dollars, soit 7,7%.
(Interview : Elisabeth Byrs, porte-parole du PAM à Genève ; propos recueillis par Alpha Diallo)