Depuis cinq mois, le Dr. Jose Bafoa est à Gao en tant que chef d’équipe médicale pour Médecins Sans Frontières. Ces derniers jours, le contexte sécuritaire volatile autour de Gao a provoqué une diminution du nombre de patients se rendant dans les structures de soins MSF. Pour nos équipes, la priorité demeure de pouvoir fournir un accès aux soins à la population.
Depuis le 11 janvier 2013, les armées française et malienne ont lancé une offensive militaire contre les groupes islamistes qui contrôlaient les principales villes du Nord. D’intenses bombardements aériens ont eu lieu au mois de janvier dans la région de Gao, au Mali. Ces derniers jours, des attaques et des combats ont eu lieu à nouveau dans la ville et ses environs.
« Depuis le mois de septembre, nous recevons en moyenne 120 patients par jour. Mais dès que la situation se tend, les gens n’osent plus sortir de chez eux. Ainsi mi-janvier, durant les raids aériens, le nombre de patients que nous recevions a nettement diminué. Et à la fin de la semaine dernière, quand les combats ont repris, nous avons reçu moins de 10 patients par jour, explique leDr. Bafoa. Nous avons conscience que certaines personnes n’ont toujours pas accès à des soins de santé. Dans ce climat d’insécurité, les gens sont contraints de se déplacer et n’ont que peu de moyens. Il est donc encore plus important de leur garantir un accès aux soins ».
Depuis le mois de septembre, MSF a fourni des soins à environ 16 000 personnes. Bien que travaillant dans un contexte de guerre, c’est en premier lieu au paludisme que les équipes médicales font face. 70% des patients souffrent de la maladie, qui demeure la principale cause de décès dans le pays.
« Les gens ont fui par peur des raids aériens et des représailles. Certains se sont rendus dans les pays voisins, d’autres ont trouvé refuge dans de petits villages ou dans la brousse, où les conditions de vie sont précaires. En plus des cas de paludisme, nous avons donc vu une augmentation du nombre de cas de diarrhée ou d’infections cutanées, souvent causées par le manque d’hygiène. Nous avons aussi constaté une augmentation des cas d’infections respiratoires aiguës, causées par le vent et la poussière », poursuit le Dr. Bafoa.
Le principal objectif pour les équipes MSF est de réduire le nombre de décès, en augmentant l’accès aux soins pour la population. Mais dans la vaste région désertique qu’est le Nord du Mali, atteindre des populations souvent dispersées représente un défi. Depuis quatre mois, des équipes mobiles se déplacent dans des zones reculées afin d’y prêter des soins : soins ambulatoires, mais aussi consultations de routine pour les femmes enceintes, entre autres. Cependant, MSF a été récemment obligée de suspendre les activités des cliniques mobiles à cause des risques que pose la présence de mines terrestres sur les routes.
MSF soutient aussi d’autres centres de santé en leur fournissant des médicaments et du matériel médical. Comme le Dr. Bafoa l’explique : « en plus de former et d’appuyer le personnel local, nous avons aussi beaucoup travaillé à la réhabilitation des structures existantes. Au centre de santé de référence d’Ansongo par exemple, nous avons rétabli l’électricité et l’eau courante. Nous travaillons actuellement à remettre la salle d’opération en état. »
Les équipes sont arrivées à Ansongo en décembre pour soutenir l’hôpital local. Elles y reçoivent à l’heure actuelle une centaine de patients par jour. En plus des deux chirurgiens maliens qui travaillaient déjà dans l’hôpital, un chirurgien MSF spécialiste des blessures de guerre est aujourd’hui également présent..
« Nos patients nous disent qu’ils n’espèrent qu’une chose : la paix. Nous espérons la même chose ; nous espérons également que le système de santé va se relever et nous remplacer par la suite. Mais d’ici là, nous allons rester et travailler pour que les habitants de Gao et d’Ansongo continuent d’avoir accès à des soins gratuits et de qualité. »
Le Dr. Jose Bafoa travaille pour MSF depuis 1999. Avant sa mission au Mali, il a pris part à des missions en Ouganda, au Tchad, en République centrafricaine ainsi que dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo.
Dans le Nord du Mali, les équipes MSF travaillent à Gao, Ansongo, Konna, Mopti, Douentza et Tombouctou où elles prodiguent des soins de santé primaires et secondaires, y compris des interventions chirurgicales. MSF travaille aussi dans le sud du Mali. Dans la région de Sikasso, elle a notamment mis en œuvre un programme complet de pédiatrie comprenant des soins préventifs et curatifs, primaires et secondaires.
MSF fournit également des soins aux réfugiés maliens présents au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.