Oxford, Angleterre – Une paix à long terme au Mali nécessitera des investissements importants en matière de gouvernance, ainsi qu’un soutien humanitaire et au relèvement rapide pour permettre à ce pays de sortir de la crise, a déclaré lundi Helen Clark, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
« Le PNUD se concentrera sur la consolidation de la paix, le renforcement des capacités des institutions de transition ainsi que le soutien aux programmes de réduction des risques et désastres et de résilience des communautés », a-t-elle dit. «Nous allons soutenir le processus menant aux prochaines élections et préparer un programme de développement pour le nord du pays. »
La stabilité à long terme exige « un engagement à promouvoir la gouvernance inclusive et un développement inclusif et équitable à travers le pays », a-t-elle déclaré lors d’une conférence à l'Université d'Oxford, ajoutant que « l'aide humanitaire et les activités de relèvement rapide doivent être entreprises simultanément pour ouvrir la voie à une reprise du développement à long terme. »
« Dans le Nord, l’autorité de l’état et les services aux citoyens doivent être rétablis, les infrastructures réhabilitées et les moyens de subsistance restaurés. Le rétablissement de l'état de droit sera également essentiel pour remettre le pays sur la bonne voie. »
L'accès humanitaire s’est soi-disant amélioré au Mali, mais la situation demeure instable, avec quelque 10 millions de personnes dans la région du Sahel qui souffrent d'insécurité alimentaire. La région du Sahel comprend le Mali, ainsi que le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et la Gambie. La communauté humanitaire a lancé un appel de plus de 1,6 milliard de dollars pour aider des millions de personnes dans le besoin dans la région.
Au Mali, depuis le début des combats en Janvier 2012 entre les forces gouvernementales et les rebelles touaregs qui ont déraciné des milliers de personnes, plus de 4,3 millions de Maliens ont besoin d'aide humanitaire, dont 500 000 personnes vivant dans une situation d'insécurité alimentaire dans le nord du pays. Depuis le 11 janvier, quelque 4 000 soldats français appuyés par des avions et des hélicoptères ont repoussé les rebelles islamistes des centres urbains dans le nord du Mali vers les montagnes et le désert.
Au Mali, un conflit de plus en plus typique
La crise du Mali « est un exemple de conflits que nous voyons de plus en plus souvent: Le conflit dans ce pays n'est pas une guerre entre Etats, mais, plutôt un conflit au sein d'un Etat. Il a des dimensions régionales ... Les zones de combat ne sont pas clairement établies », a dit l’Administrateur du PNUD.
« Pour le Mali, le retour à la stabilité après cette combinaison de conflit violent et de crise constitutionnelle nécessitera le soutien durable de la communauté internationale, y compris pour la reprise des progrès en matière de développement. »
« La prévention des conflits exige généralement l'établissement de la bonne gouvernance, l'amélioration des conditions de vie, la réduction des inégalités et de l'exclusion politique, sociale et économique », a affirmé Helen Clark.
Alors qu'historiquement, la méthode de l'ONU pour résoudre les conflits violents consistait à faciliter la mise en place d’accords de paix suivis d’efforts visant à réparer les dommages causés par la guerre, « dans les conflits plus fluides d'aujourd'hui, où les accords de paix sont signés, ils ne sont souvent pas respectés », a-t-elle dit.
« Même sans retomber dans un conflit à grande échelle, une gouvernance post-conflit faible permet souvent à d'autres formes de violence comme la violence sexuelle ou sexiste de s'épanouir. Les taux de meurtre après une fin politique à une guerre civile ont aussi tendance à augmenter de façon spectaculaire. »
Déficits de développement, exclusion, insécurité
De nombreux facteurs de conflits ont pour source des déficits de développement, ce qui suggère que les acteurs du développement ont de nombreuses possibilités pour contribuer à briser le cycle de la violence armée, a dit Helen Clark. « L'exclusion politique et sociale peut aussi être un moteur puissant de bouleversements conduisant à des conflits comme nous l'avons vu ces derniers temps dans plusieurs pays. »
« La paix et le développement durable commencent par la capacité de chacun de faire entendre sa voix et de participer aux décisions qui affectent sa vie, avec des institutions efficaces et inclusives, et avec la capacité de gérer les risques émergents et les crises», a-t-elle dit.
Près d'1,5 milliard de personnes dans le monde vivent dans des états fragiles et touchés par un conflit ou dans des pays avec des niveaux très élevés de violence criminelle, ce qui pose des défis particuliers pour le développement, a ajouté Helen Clark.
«Sans le sentiment de sécurité, les gens n'investissent pas dans leur propre avenir. Les champs ne peuvent être plantés s’ils sont minés, et les récoltes sont abandonnées. Il n'est pas raisonnable de s'attendre à ce que des familles envoient leurs enfants à l'école s’ils risquent d’être victime de violence sur la route. Le renforcement d'un sentiment de sécurité individuel et collectif est essentiel pour la paix et la promotion du développement humain. »
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