1. RÉSUMÉ EXÉCUTIF
Les effets des crises alimentaire et nutritionnelle se ressentent encore par une grande partie de la population en Mauritanie. L’assistance conjointe du Gouvernement et des partenaires d’aide dans le cadre du plan EMEL a permis de répondre aux besoins urgents des communautés les plus affectées. Cependant, ces communautés restent encore fragilisées par les chocs cumulés des crises précédentes.
Sur le plan agricole, les prévisions de la récolte sont favorables grâce à une pluviométrie abondante dans les zones agro-pastorales. Cependant, la conjugaison de plusieurs facteurs, tant au niveau national qu’international, risquerait de menacer cet équilibre précaire. Les mauvaises récoltes enregistrées dans certains pays producteurs pourraient avoir un impact sur les prix des céréales et autres denrées de base sur le marché international. Compte tenu de cette conjoncture économique mondiale, il faudra mobiliser davantage de ressources financières pour importer des denrées alimentaires nécessaires pour couvrir les besoins importants des populations vulnérables.
En effet, les enquêtes FSMS et SMART qui ont été conduites en juillet 2012 par le Ministère de la santé et le Commissariat à la sécurité alimentaire, avec le soutien du PAM et de l’UNICEF, révèlent une forte dégradation de la situation alimentaire et nutritionnelle. Selon ces enquêtes, plus d’un million de personnes, dont 800 000 en milieu rural et 200 000 en milieu urbain, nécessiteraient une assistance alimentaire et nutritionnelle d’urgence et plus de 100 000 enfants souffrent de malnutrition. Ces résultats démontrent également que la crise s’est étendue à d’autres communautés dans des régions qui n’étaient pas ciblées par l’aide d’urgence en 2012, à savoir Adrar, Inchiri et Trarza ainsi que la zone péri-urbaine de Nouakchott, en plus des zones du sud et sud-est qui étaient déjà touchées.
Les régions du sud-est du pays restent les plus affectées par la crise, et enregistrent les taux les plus élevés d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Plus de 100 000 réfugiés maliens fuyant les hostilités dans leur pays se sont installés depuis janvier 2012 à Mbéra, dans la région du Hodh el Chargui. Cette situation constitue un poids démographique considérable pour les quelque 45 000 habitants de la zone, aux maigres ressources disponibles et avec un accès faible aux services sociaux de base. La protection et l’assistance multi-sectorielle fournies conjointement par le Gouvernement et le HCR, avec l’appui d’autres partenaires du système des Nations Unies et d’ONG, a permis de stabiliser la situation des réfugiés dans le camp. Les perspectives de retour pour ces réfugiés ne sont pas envisageables à moyen terme. La situation actuelle d’instabilité au nord Mali fait pressentir un probable afflux de réfugiés additionnels dans la même zone, ce qui compliquerait davantage la capacité de réponse prévue dans le présent Appel. Cependant, la phase de stabilisation qui a commencé avec le HCR et ses partenaires doit être consolidée et complétée par d’autres efforts, notamment à travers le renforcement des liens pour une cohabitation apaisée entre les réfugiés et les communautés d’accueil ou encore la protection de l’environnement.
A ce contexte déjà préoccupant, s’ajoutent des épidémies de la fièvre de la Vallée du Rift et de choléra qui sont signalées, notamment dans le sud-ouest, région habitée par des communautés à vocation agro-pastorale fortement fragilisées. L’alerte, la riposte et la surveillance épidémiologiques doivent être organisées et renforcées par les partenaires du secteur, en appui à l’autorité sanitaire nationale. Les communautés à risque devront être sensibilisées non seulement aux mesures préventives d’hygiène, mais des efforts devront être consentis pour augmenter leur niveau d’accès aux services sociaux de base.
La Mauritanie est également exposée aux risques d’inondations entraînant des dégâts parfois considérables, comme ce fut le cas lors de la saison des pluies de 2012. Les partenaires devront se préparer à disposer des moyens et capacités de réponse nécessaires,à travers la révision du cadre existant Il s’agira accompagner les structures étatiques et de renforcer les mécanismes existants de préparation et de réponse aux urgences, en s’assurant que les outils nécessaires soient en place, et la coordination et le partenariat soient et le partenariat sont fonctionnels, efficients et efficaces.
Les crises récurrentes et soudaines qui frappent la Mauritanie sont intimement liées au changement climatique et au contexte régional. Ces crises se traduisent par une situation sanitaire préoccupante, une reconstitution du cheptel lente et partielle, des stocks alimentaires quasi nuls et des ménages en attente des premières récoltes à venir. Par conséquent, les acteurs ont inscrit les programmations de cet Appel dans une approche fondée sur la résilience, qui permettrait aux communautés en Mauritanie de mieux se préparer et se relever des chocs.
Suite à une analyse des besoins ciblés, des bénéficiaires et des zones d’interventions prioritaires, l’Appel 2013 demande davantage de fonds que celui de 2012 qui ne couvrait que les besoins humanitaires partiels pour une période de huit mois. L’Appel global humanitaire 2013 pour la Mauritanie sollicite auprès des bailleurs, un montant équivalent à $179 835 908, pour (1) poursuivre les activités d’assistance aux personnes exposées aux risques d’insécurité alimentaire et de malnutrition, (2) maintenir les activités de protection et d’assistance aux réfugiés maliens, et (3) renforcer les activités de surveillance et de riposte aux épidémies, et de réponse aux inondations.