RESUME
Durant la campagne agricole 2012/2013, la saison des pluies a commencé précocement (dès le mois d’avril-mai) et les fortes pluies enregistrées surtout au mois d’août ont provoqué de larges inondations dans le Sud et l’Est du Tchad, ponctuellement dans des régions de la bande sahélienne (Batha, Salamat) et au Lac. Ces inondations ont causé des dégâts sur les cultures et notamment dans le Sud, où le Ministère de l’Agriculture évaluait fin août à plus de 255 000 ha les surfaces détruites.
La FAO a participé pour le cluster sécurité alimentaire à une mission d’évaluation rapide inter agence (MIRA) dans le Sud. Suite à cette évaluation, la FAO a réalisé une enquête approfondie dans les trois régions les plus touchées dans le Sud (Tandjilé, Mayo Kebbi Est et Mayo Kebbi Ouest). La mission s’est déroulée du 22 octobre au 1er novembre. Les points saillants ressortis de l’analyse des données montrent que les populations vulnérables ont été fortement touchées par ces inondations qui auront des conséquences sur la sécurité alimentaire des ménages.
Dans les trois régions de la Tandjilé, du Mayo Kebbi Est et du Mayo Kebbi Ouest, l’évaluation estime que plus de 100 000 ménages ont été. La superficie totale de ces parcelles affectées est estimée globalement à environ 161 562 hectares toutes cultures confondues. Parmi les ménages affectés, 57 417 ménages ont besoin d’une assistance pour ne pas perdre leurs moyens d’existence.
La majorité des ménages enquêtés sont dirigés par des hommes (85%) ; ils sont de grande taille (12 personnes en moyenne) et comprennent en moyenne 3 enfants de moins de 5 ans. La source de revenus de la grande majorité des ménages est l’agriculture, dans la plupart des cas associée à l’élevage (92% des ménages). Hormis dans le Mayo Kebbi Ouest où les activités semblent plus diversifiées, seulement un peu plus de la moitié des ménages a une activité secondaire (généralement le petit commerce). De ce fait, la plupart des ménages enquêtés ont des revenus quasiment exclusivement liés à l’agriculture (entre 84% et 100% des revenus d’origine agricole). La plus grande partie des aliments consommés (plus de 75%) provient de la production des ménages. Le reste des produits consommés sont achetés sur le marché.
Dans les zones enquêtées, les cultures céréalières principales sont le sorgho et le maïs. Les cultures de rente principales sont le riz, l’arachide, le sésame et le coton. D’autres cultures (mil, bérébéré, tubercules, maraîchage, niébé) sont également pratiquées. Les cultures de rente, et notamment l’arachide représentent entre 40 et 100% du revenu des producteurs. La grande majorité des producteurs enquêtés conservent des semences de leur production, et l’utilisation de semences améliorées est marginale.
Les inondations ont sérieusement impacté les cultures. Une proportion importante des surfaces emblavées ont été détruites, à la fois sur les cultures vivrières et sur les cultures de rente. Les cultures vivrières comme les cultures de rente ont été largement touchées, entraînant des pertes de récolte potentielles allant jusqu’à 70 à 80%. 58% des ménages seront entièrement dépendant des marchés pour l’acquisition des semences pour la prochaine campagne, alors même que leurs revenus agricoles seront quasiment inexistants du fait de la perte de récolte.
Un appui à la prochaine campagne pluviale pour les ménages n’ayant plus de semences et ne pouvant pas y accéder sur le marché est requis pour éviter la perte des moyens de production et ne pas fragiliser les moyens d’existence de ces populations. L’évaluation estime que 57 417 ménages auront besoin d’assistance pour pratiquer l’agriculture de contre-saison et pour la prochaine campagne pluviale afin d’éviter la perte de leurs moyens de production et renforcer leur résilience.