12/11/2012 22:25 GMT
NEW YORK (Nations unies), 11 déc 2012 (AFP) - Les Nations unies, les Etats-Unis, l'Europe et l'Afrique de l'Ouest ont unanimement condamné l'ingérence des militaires dans la vie politique au Mali, mardi, quelques heures après l'arrestation et la démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra.
Cette nouvelle crise ouverte au Mali intervient alors qu'est attendu avant Noël un feu vert de l'ONU sur le déploiement d'une force internationale pour chasser du nord du Mali les groupes islamistes armés qui l'occupent depuis huit mois.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lui-même "appelé une nouvelle fois à la fin de l'ingérence des militaires dans la politique", se déclarant "troublé" par le coup de force au Mali.
Mardi matin, Cheick Modibo Diarra avait annoncé sa démission et celle de son gouvernement après avoir été arrêté dans la nuit sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l'ex-junte ayant renversé en mars le président Amadou Toumani Touré.
La nouvelle intervention des militaires maliens va à l'encontre des résolutions de l'ONU qui demandaient que "les forces armées maliennes cessent d'interférer dans le travail des autorités de transition" mises en place après le putsch de mars, souligne le Conseil de sécurité, dans une déclaration. Il se dit prêt à envisager "des sanctions ciblées contre ceux qui empêchent la restauration de l'ordre constitutionnel et agissent pour miner la stabilité du Mali".
Le Conseil réitère son soutien au président par intérim Dioncounda Traoré et lui demande de "nommer rapidement un gouvernement d'union nationale". Il presse les "autorités de transition de mettre au point rapidement une feuille de route (...), afin de restaurer l'ordre constitutionnel et l'unité nationale, et de tenir dès que possible des élections pacifiques et crédibles".
Sur la même ligne de fermeté, le département d'Etat américain a "condamné cet acte perpétré par la junte militaire", l'exhortant à "cesser ses ingérences perpétuelles dans les affaires politiques et gouvernementales maliennes". La porte-parole de la diplomatie américaine Victoria Nuland, a dénoncé un "recul" pour la transition démocratique et promis "probablement des décisions cette semaine au sein du Conseil de sécurité".
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a condamné les "agissements" des militaires au Mali.
Le président par intérim est la "seule autorité légitime reconnue comme telle par (...) toute la communauté internationale", a déclaré le président de la commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo. L'organisation régionale "réaffirme son soutien au président par intérim et l'exhorte à prendre d'urgence les mesures nécessaires pour la mise en place d'un gouvernement représentatif, inclusif", a-t-il poursuivi.
Par la voix de sa haute représentante pour les Affaires étrangères Catherine Ashton, l'Union européennee a appelé "les militaires à cesser d'interférer dans la vie politique et à appuyer le processus de transition vers le retour à l'ordre constitutionnel".
Pour cela, il est nécessaire que les autorités maliennes adoptent rapidement "une feuille de route" prévoyant "la tenue d'élections crédibles", "la réforme de l'armée" et "une stratégie de réunification du pays par le dialogue", a-t-elle souligné, dans un communiqué.
La France a condamné "les circonstances" dans lesquelles Cheick Modibo Diarra "a été contraint de démissionner". "L'ancienne junte doit cesser ses interventions dans les affaires politiques du pays", a insisté le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot.
Depuis Paris, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a souhaité un règlement "dans les plus brefs délais" de la crise au Mali.
Dans la soirée, le président malien par intérim a nommé par décret le médiateur de la République Diango Sissoko Premier ministre. Le chef de l'Etat avait auparavant annoncé que le nouveau gouvernement serait connu "d'ici à la fin de la semaine".
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