11/20/2012 12:52 GMT
BAMAKO, 20 nov 2012 (AFP) - Les combats entre des islamistes et des rebelles touareg dans la région de Gao (nord-est du Mali), ont fait des dizaines de morts depuis vendredi, a appris mardi l'AFP de sources concordantes.
"C'est un véritable carnage, il y a eu des dizaines de morts", a affirmé une source sécuritaire malienne, information confirmée par des témoins sur place et par les groupes armés qui se sont combattus, Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
Les combats se sont concentrés dans la zone d'Ansongo puis de Ménaka, villes situées au sud-est de Gao, près de la frontière avec le Niger.
"Des gens désarmés ont été froidement abattus, il faut une véritable enquête internationale pour savoir ce qui s'est passé à Ménaka", a déclaré la source sécuritaire malienne, en affirmant que des corps "étaient toujours visibles dans la ville".
Bajan Ag Hamatou, député de la localité de Ménaka, a indiqué que des membres de sa tribu (Touareg) "qui défendaient la ville contre le Mujao, ont été tués", dont Alwabégat Ag Salakatou, président d'un conseil d'élus et de notables de la ville et six de ses compagnons.
Selon le député, ces notables tués avaient "l'étiquette MNLA, mais en réalité, ils étaient des patriotes locaux qui voulaient défendre leur ville" contre les islamistes.
Une source sécuritaire nigérienne, interrogée depuis Bamako, a déclaré que "quatre combattants du MNLA gravement blessés ont été évacués vers Niamey".
Dans plusieurs communiqués diffusés depuis vendredi, le MNLA a donné un bilan global de 65 morts et de plus d'une centaine de blessés dans les rangs du Mujao et d'Al-QaIda au Maghreb islamique (Aqmi), venu en renfort, et de un mort et treize blessés dans les siens.
De son côté, le porte-parole du Mujao Abu, Walid Sahraoui, a affirmé que son mouvement avait "tué plus de cent éléments du MNLA" et fait vingt prisonniers.
Les combats avaient débuté vendredi entre des éléments du Mujao et du MNLA. Ils s'étaient poursuivis lundi, après l'envoi de renforts d'Aqmi au Mujao.
Des sources sécuritaires régionales et des témoins interrogés par l'AFP ont affirmé que le MNLA avait subi une défaite et que ses combattants avaient été "chassés" de Ménaka, ce que la rébellion touareg a démenti.
Mardi, une source sécuritaire régionale a affirmé les islamistes du Mujao contrôlaient en grande partie Ménaka où la situation restait tendue.
Ménaka avait été l'une des premières villes prises par le MNLA, lorsqu'il avait lancé son offensive dans le Nord en janvier avec les groupes islamistes, auxquels il était alors allié.
Les rebelles touareg en avaient été une première fois chassés en juin par le Mujao qui, estimant qu'il ne s'agissait pas d'une ville importante, l'avait par la suite abandonnée. Il y a environ trois semaines, des rebelles du MNLA étaient revenus dans la zone de Ménaka.
Le MNLA voulait en faire la base de sa contre-offensive "générale" pour reconquérir le nord du Mali entièrement occupé depuis fin juin par les groupes islamistes armés, Mujao, Aqmi et Ansar Dine (Défenseurs de l'islam).
Ils y imposent la charia (loi islamique) avec rigueur - lapidations, amputations de pieds et de mains de prétendus voleurs, coups de fouets aux buveurs d'alcool et aux fumeurs - détruisent des monuments religieux, et se rendent coupables d'atteintes aux droits de l'Homme contre les habitants.
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