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Senegal: Au Sénégal, une gestion participative en réponse à la surpêche

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Source: World Bank
Country: Senegal

LES POINTS MARQUANTS

  • Grâce à la gestion communautaire, les pêcheurs sénégalais de Ngaparou bénéficient à nouveau de stocks halieutiques abondants.
  • Des solutions durables comme la création des zones protégées, des règles de gestion de pêche exigeantes, la maîtrise de l’effort de pêche et l’amélioration de l’équipement de production ont déjà permis l’augmentation des revenus des pêcheurs.
  • Les habitants de Ngaparou retrouvent leur fierté et partagent leur savoir-faire avec des pays voisins tels que le Liberia, le Sierra Leone et le Cabo Verde.

NGAPAROU le 10 septembre 2014 - Pendant des générations, les habitants de Ngaparou, un village de la côte sénégalaise à 64 kilomètres au sud de Dakar, ont pêché dans les eaux de l’océan Atlantique remplissant filets et assiettes des richesses de la mer.

L’augmentation de la pêche illégale et la surpêche engendrent toutefois la disparition de plusieurs espèces, confrontant les villageois de Ngaparou à une baisse d’activité et une perte de revenue.

Open QuotesJe suis toujours impressionnée par la fierté retrouvée dont parlent les villageois. Je pense que celle-ci vient du fait qu’ils ont démontré leur capacité à s’auto-organiser en tant que groupe, malgré les difficultés liées au caractère pionnier de l’initiative Close Quotes

Bérengère Prince
Spécialiste en gestion des ressources naturelles, en charge du Projet Régional des Pêches en Afrique de l’Ouest

Pour préserver leurs moyens de subsistances, la communauté s’est alors mobilisée en établissant le Comité local des pêcheurs (CLP) de Ngaparou, un groupement de pêcheurs, qui a mis en œuvre un projet de cogestion visant à assurer une gestion équilibrée des ressources marines. Doté par la Banque mondiale d’un fonds de 15 millions de dollars, ce volet sénégalais du Programme Régional des Pêches en Afrique de l'Ouest (PRAO), apporte des solutions durables aux problèmes de surexploitation de ressources halieutiques et permet aux habitants de bénéficier d’un filet de sécurité sur le plan social.

Pour s’attaquer au problème de la surpêche, le CLP a dû convaincre les pêcheurs de Ngaparou « qu’il vaut mieux s’abstenir de pêcher durant certaines périodes, car le rendement des pêches est nettement supérieur lorsque les zones ainsi protégées sont rouvertes », selon Mansour Ndour, facilitateur local du projet.

Le CLP a divisé le périmètre de pêche en trois zones d’une superficie de 3 kilomètres de large sur 12 kilomètres de long. « Nous avons une zone fermée, où toute pêche est interdite, une zone de récif et une zone où la pêche est permise pendant une certaine période de l’année, mais dans laquelle nous appliquons des procédures plus strictes que celles en vigueur sur le plan national, notamment en matière de filets de pêche », explique M. Ibou Ndoye, pêcheur et membre du CLP.

Concernant l’impact de la cogestion, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le poids moyen des langoustes débarquées a augmenté de 72%, passant de 295 grammes en 2005 à 420 grammes en 2010. Les rendements en langouste des pêches ont plus que doublé, de 1,5 kg par pêche en 2006 à 3,5 kg par pêche en 2010; les espèces démersales (vivant près des fonds) sont progressivement réapparues; les espèces pélagiques (vivant en pleine mer) et les juvéniles prolifèrent dans l’aire de cogestion.

La protection contre la violation des zones régulées est un exercice difficile pour les surveillants communautaires, qui réalisent en moyenne 20 sorties mensuelles afin de chasser les braconniers de la mer. L’avenir de cette surveillance est incertain car les pêcheurs-surveillants bénévoles opèrent sans statut légalement défini et sans prise en charge lorsqu’ils sont victimes d’agressions de la part de pêcheurs récalcitrants.

Les femmes de Ngaparou ont également vu leurs revenus augmenter grâce à la valorisation des produits cogérés. Selon Waré Signaté, mareyeuse et membre du CLP, « les femmes gagnent plus d’argent grâce au camion frigorifique mis à notre disposition par le CLP. Nous sommes désormais capables de transporter poisson et langoustes sur le marché de la ville de Mbour, au lieu de les brader à bas prix à des mareyeurs venus d’ailleurs ».

« Au-delà des résultats positifs du projet, je suis toujours impressionnée par la fierté retrouvée dont parlent les villageois. Je pense que celle-ci vient du fait qu’ils ont démontré leur capacité à s’auto-organiser en tant que groupe, malgré les difficultés liées au caractère pionnier de l’initiative », constate Bérengère Prince, spécialiste en gestion des ressources naturelles, en charge du PRAO.

Il n’est pas étonnant que des visiteurs des autres régions du Sénégal et des délégations étrangères, notamment du Liberia, de la Sierra-Leone ou du Cabo Verde, viennent apprendre auprès des pêcheurs de Ngaparou les meilleures pratiques pour gouverner la pêche artisanale et en tirer plus de profits de façon durable.


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