Saison des pluies: sur tous les fronts
Tard dans la nuit, aux environs de 23 heures, Moussa Mahamat arrive avec son fils de 2 ans, Mahamat, au centre de santé d’Atrone, dans la ville de N’Djamena, Capitale du Tchad. Il est directement accueilli aux soins d’urgences. « Mon enfant a eu des convulsions. Tantôt il tremblait, tantôt il avait la fièvre. Il a certainement le paludisme, » nous raconte Moussa, tout paniqué.
Roseline Tallot, infirmière principale qui a assuré la garde cette nuit-là le prend et procède directement au test tout en lui injectant du sérum.
Quelques heures après, l’infirmière confirme le cas. «Votre enfant a le paludisme. Nous devons le garder ici cette nuit et voir si les médicaments vont améliorer son état de santé».
Roseline, nous confirme que le nombre de consultation au niveau du centre de santé a sensiblement augmenté au cours des dernières semaines. « Vous voyez cette courbe, vous pouvez voir comment elle va en croissant. Dès que nous entamons la saison des pluies, c’est toujours la même situation. Ceci est dû aux flaques d’eau, au manque d’assainissement, mais aussi, a la non utilisation des moustiquaires ». «Heureusement que certains centres de santé ouvrent aujourd’hui 24 heures sur 24, pour fournir des soins d’urgences, des consultations et d’autres services, y compris les accouchements», ajoute-t-elle.
En effet, à l’initiative du Ministère de la Santé, plusieurs centres de santé ont été revitalisés et ouvrent 24h/24 au Tchad, afin de fournir des services permanents pour la santé maternelle, néonatale et infantile.
Soutenue par les Agences des Nations Unies, grâce en partie au financement Muskoka, cette initiative gouvernementale de revitalisation des centres de santé a été vivement saluée par la population.
Augmentation des cas de palu
D’après les dernières données de la surveillance épidémiologique, le nombre de cas de paludisme a augmenté à N’Djamena, comparé au nombre de cas à la même période en 2013. Et cette tendance se confirme dans les différentes zones endémiques du pays. Soit une augmentation de 28% au niveau national. Pour faire face à cette augmentation, le Gouvernement, à travers le Programme National de Lutte contre le Paludisme, et l’UNICEF ont directement commandé plus de 325,000 doses de médicaments pour le traitement du Paludisme. 10 hôpitaux et 15 des centres de santé revitalisés ont été renforcés en matière de capacité. L’OMS et l’UNICEF ont également distribué des kits malaria dans les zones endémiques dans le sud du pays.
La deuxième phase pour la distribution de masse de moustiquaires dans cinq régions – y compris N’Djamena, a également été enclenchée. Rappelons que cette campagne s’inscrit dans le cadre de la campagne de distribution de moustiquaires ayant pour objectif une couverture universelle au Tchad.
Financées par le Fonds Mondial, plus de 7.3 millions unités de moustiquaires couvrant plus de 10 millions de personnes ont été distribuées ou sont en cours de distribution. Cette campagne est soutenue par un important effort de communication, pour s’assurer de la bonne utilisation de ces moustiquaires.
Stratégie «bouclier»
A la frontière avec le Cameroun et le Nigeria, la mobilisation est également à son comble. Une forte mobilisation cette fois-ci contre les risques d’épidémies de choléra. En effet, depuis l’annonce de plusieurs cas de choléra au Cameroun et au Nigeria, le Tchad redoute la réémergence de cette maladie.
Adoum, 34 ans, habite dans un village voisin de Kousseri, ville camerounaise à la frontière avec le Tchad, où quelques cas de choléra ont été notifiés. «C’était la panique même dans les villages environnants. Nous sommes juste à côté, et nous avons peur que nos enfants contractent cette maladie.
Regardez ! Nous n’avons même pas accès à l’eau potable et nous utilisons parfois l’eau de la rivière, qui est aussi utilisée de l’autre côté de la frontière», raconte-t-il.
