AG/SHC/4052
Troisième Commission
32e et 33e séances – matin et après-midi
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. António Guterres, a aujourd’hui devant la Troisième Commission, chargée des affaires humanitaires, sociales et culturelles, alerté les États Membres sur le défi que constitue la gestion des crises humanitaires relatives aux réfugiés dans le monde. Selon lui, la capacité des Nations Unies de répondre à ces défis est soumise à une pression inédite.
M. Guterres, qui présentait son rapport annuel*, a rappelé qu’en 2011, 800 000 réfugiés avaient traversé des frontières, soit 2 000 chaque jour. En outre, plus de 750 000 personnes ont fui le Mali, la Syrie, le Soudan et la République démocratique du Congo (RDC).
L’accroissement des situations entraînant des afflux de réfugiés est le résultat, selon lui, des évolutions profondes de l’organisation géopolitique mondiale. « Aujourd’hui, le monde n’est plus bipolaire ou unipolaire mais nous n’assistons pas pour autant à l’émergence d’un monde multipolaire. Nous n’avons toujours pas de système de gouvernance globale efficace et les relations de pouvoir restent obscures », a-t-il estimé.
Cette situation, combinée à des ressources limitées, place le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) devant un dilemme. Comment, en effet, choisir entre intervenir dans les situations d’urgence et le traitement à long terme de situations telles que celles prévalant en Afghanistan, en Érythrée, au Myanmar ou en Somalie, s’est-il interrogé.
Il a par ailleurs réitéré son appel aux États Membres à appliquer le principe de non-refoulement, en vertu duquel les réfugiés doivent pouvoir être en mesure de fuir des situations humanitaires parfois dramatiques.
Il a tenu à souligner que ce principe ne contraignait pas les pays de destination ou de transit à garder ces réfugiés sur leur territoire indéfiniment, mais insisté sur la nécessité de s’y conformer afin d’offrir à ces personnes un accueil provisoire.
Autre thème dont le rapport de M. Guterres fait l’étude, la différence existant entre le statut de réfugié et la qualité de migrant. Ces deux catégories, a-t-il expliqué, ne représentent pas le même défi et doivent apporter des réponses différentes. Le représentant de l’Union européenne a partagé la préoccupation du Haut-Commissaire en ce qui concerne « le nombre alarmant d’apatrides » et de la nécessité de favoriser la prise en charge et l’intégration locale de ces personnes.
Il s’est néanmoins félicité des réformes opérées par le HCR qui ont permis de maintenir une situation financière solide tout en intervenant sur un nombre plus important de terrains dans un délai de 72 heures dans 92% des interventions aéroportées.
Les délégations ont salué le travail accompli par le HCR, notamment à la lumière des nombreuses crises et conflits qui ont secoué l’année 2011 et le premier semestre de l’année 2012.
Plusieurs délégations, à l’instar de l’Égypte, ont noté que l’Afrique concentrait 50% du nombre des réfugiés dans le monde et devait de ce fait recueillir l’essentiel des efforts déployés en la matière.
Le représentant du Kenya, M. Maina, a souligné la situation particulière de son pays en ce qui concerne l’accueil de centaines de milliers de réfugiés somaliens. Il a notamment fait référence au camp de Dadaab, qui compte actuellement plus de 600 000 réfugiés, ce qui en fait le plus vaste camp de réfugiés du monde et la troisième plus importante implantation humaine au Kenya.
« Nous attirons l’attention du monde sur le fait que la plus grande concentration humaine dans notre pays -après les villes de Nairobi et Mombasa- n’est pas une ville, mais un camp de réfugiés de plus de 600 000 âmes », a insisté M. Maina. Il a enjoint M. Guterres et les États Membres à tenter de parvenir à une solution pérenne à cette situation.
Les conséquences de la situation prévalant en Syrie ont également été abordées par les délégations de l’Union européenne et des États-Unis. Des dizaines de milliers de Syriens ont en effet été poussés à l’exil en raison des troubles et des violences qui secouent le pays depuis plus de 18 mois.
La représentante syrienne a, à ce titre, appelé « tous les fils de la Syrie à rentrer dans leur pays » en les assurant qu’ils recevraient de la part de leur gouvernement toute l’assistance humanitaire et sociale dont ils ont besoin.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain matin, à partir de 10 heures.