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Cameroon: Menace de l’iniquité au Cameroun

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Source: European Commission Humanitarian Aid department
Country: Cameroon, Niger

24/01/2014 – Nicolas Le Guen a effectué une ‘visite de terrain’ au Cameroun du Nord en novembre dernier, non loin de la frontière nigériane et du lac Tchad, zone à la charnière de l’Afrique de l’Ouest et du Centre réputée pour son insécurité. Cet expert ECHO partage ses impressions sur son voyage dans une région largement laissée pour compte.

Les derniers chiffres font état de plus de 1.7 millions de personnes qui seraient en insécurité alimentaire pour la seule région du nord Cameroun. Comment cela s’explique-t-il ?

Deux régions sont concernées, le Nord et l’Extrême Nord, avec tout de même 7 millions d’habitants soit plus d’1/3 de la population totale, où bon nombre de problèmes auxquels les pays d’Afrique font actuellement face se cristallisent, notamment l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’un manque criant d’accès aux services de base. Nous retrouvons 95% des cas de malnutrition dans ces deux seules régions. On y retrouve une situation semblable à d’autres pays sahéliens : une sous-utilisation des terres arables et un manque d’infrastructures qui pourraient conduire à une production agricole suffisante, tant en qualité qu’en quantité et diversité. La disponibilité des céréales de base a en outre été affectée par les conséquences de l’Etat d’urgence dans la province nigériane limitrophe, Borno State. Le Nigeria est ‘le grenier’ de l’Afrique de l’Ouest et les régions du Nord Cameroun en dépendent pour leurs échanges économiques et approvisionnements. Qui plus est, cette zone est régulièrement touchée par des inondations de la rivière Logone, détruisant des milliers d’hectares de cultures chaque année. Ces effets cumulatifs font que beaucoup de familles ne parviennent plus à se nourrir correctement.

Quel était le but de cette mission ?

D’abord pour faire le point sur notre réponse en 2013, et vérifier si nous avions bien atteint notre objectif en termes de nombre de bénéficiaires. J’ai été assez satisfait de voir une bonne dynamique entre nos partenaires, notamment entre l’UNICEF et la Croix-Rouge française ainsi qu’avec la direction régionale de la santé. Bien que les moyens restent très limités, il m’a semblé que les autorités locales se sont appropriées l’enjeu de la malnutrition et prévoient un renforcement en ressources humaines et financières pour le Nord. Nos partenaires dont IMC [International Medical Corp) avec qui nous venons de démarrer un projet dans trois districts sanitaires, sont également en mesure d’apporter une réponse rapide aux différentes urgences humanitaires. Ces cinq dernières années la région a connu des épidémies, des inondations, des déplacements de populations ainsi qu’un afflux de réfugiés. Ce qui nous mène au dernier objectif de ma visite, notamment d’échanger de l’information sur la situation des réfugiés nigérians avec UNHCR [Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] et les autorités.

On fait état d’un nombre assez limité de réfugiés nigérians, par contre il y aurait des anciens combattants parmi eux ?

Nous avons une vue limitée sur le nombre de réfugiés puisque beaucoup de gens ont trouvé refuge dans des familles le long de la frontière. Les autorités des pays limitrophes d’un conflit armé sont généralement très prudentes quant aux personnes cherchant refuge sur leur territoire. Il est essentiel de rappeler aux autorités camerounaises la distinction entre civils et combattants et le droit des populations en danger à trouver un refuge. Récemment des supposés combattants de Boko Haram raccompagnés à la frontière par l’armée camerounaise auraient été liquidés par l’armée nigériane selon diverses sources journalistiques. Nous n’avons pas les moyens de vérifier cette information – aucun contrôle transfrontalier n’est mené – mais il est clair que nous sommes confronté à un déficit de protection des familles nigérianes cherchant au Cameroun à fuir les combats et les exactions. Dans le camp de Minawao où 1800 personnes ont trouvé refuge la situation reste complexe. Le camp serait ‘sécurisé’ ce qui signifie qu’on y trouve pas d’armes, mais les chrétiens et les musulmans y vivent séparés. Les récents évènements les ayant forcés à fuir leur village n’ont fait qu’accentuer les divisions et le ressentiment entre ces 2 communautés.


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