Au cours d’une conférence de presse bilan de fin d’année, tenue cet après-midi au Siège de l’ONU à New York, M. Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a présenté les activités menées par son Département au cours d’une année qui, selon ses mots, aura été « très active ». M. Ladsous a passé en revue les situations en République démocratique du Congo (RDC), au Mali, au Soudan, au Soudan du Sud, en Syrie et en République centrafricaine. Il a également parlé des améliorations constatées dans la conduite des opérations de maintien de la paix par l’ONU, notamment en termes de qualité et de réduction des coûts.
M. Ladsous a insisté sur la nécessité de poursuivre ces efforts en mettant l’accent sur la qualité des services fournis, la formation des Casques bleus et les partenariats stratégiques. Nous continuons à introduire des nouvelles technologies dans la conduite de nos opérations, a-t-il fait remarquer, donnant l’exemple des drones récemment déployés dans l’est de la RDC.
Le Département des opérations de maintien de la paix a réussi à « faire plus avec moins », s’est félicité M. Ladsous. Ainsi, a-t-il précisé, le coût de chaque membre du personnel en uniforme a baissé de 16% en 5 ans, grâce à une gestion plus efficace des ressources. En outre, a-t-il ajouté, nous sommes en train de réduire la taille de certaines opérations qui sont parvenues à un certain stade de vie, comme celles encore présentes en Haïti, en Côte d’Ivoire, au Libéria et au Darfour.
M. Ladsous a aussi exprimé sa tristesse en évoquant le décès de 90 collègues, dont 29 ont été victimes d’attaques délibérées à leur encontre. « La sécurité de notre personnel reste une priorité », a-t-il cependant tenu à souligner.
En ce qui concerne la RDC, où M. Ladsous a indiqué qu’il s’est rendu la semaine dernière, la victoire militaire du Gouvernement sur le Mouvement du 23 mars (M23), obtenue avec le soutien de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), constitue une étape majeure, a-t-il dit. Il a salué l’accord politique signé à l’issue des pourparlers de Kampala.
M. Ladsous a indiqué que la première priorité en RDC était maintenant de régler le problème posé par la présence des autres groupes armés. Il s’est félicité, à cet égard, que la brigade d’intervention de l’ONU soit pleinement opérationnelle et que le projet de déployer des drones chargés de missions de surveillance ait été traduit dans les faits à Goma, le 3 décembre dernier.
Avec deux appareils de ce type en opération, et cinq d’ici au 1er avril 2014, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a expliqué que la MONUSCO était désormais en mesure de recueillir des images de ce qui se passe sur le terrain. Ces images sont utiles sur le plan militaire, sur le plan de la sécurité de nos troupes et pour connaître les mouvements de la population civile, a-t-il expliqué. Il a indiqué que ces drones avaient été fournis par une société italienne, sélectionnée après un processus et un appel d’offres concurrentiel. Le contrat y afférent prévoit l’envoi d’une équipe de techniciens pour en soutenir le déploiement, a-t-il précisé. Il a espéré que l’on pourrait bientôt tirer des leçons de cette expérience pour envisager l’usage de ce genre d’équipement sur d’autres théâtres d’opérations.
La deuxième priorité en RDC est de faire face aux nouvelles situations, comme cela prévaut dans le Nord-Kivu, où 2 300 combattants membres de groupes armés ont déposé leurs armes, a indiqué M. Ladsous. Il a dit que l’ONU soutenait le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) engagé par le Gouvernement. M. Ladsous a toutefois reconnu la nécessité de ne pas laisser de vide sur le terrain après ces redditions.
Passant à la situation au Mali, le Secrétaire général adjoint y a constaté des progrès importants. Il a rappelé que le deuxième tour des élections législatives allait avoir lieu et que les élections présidentielles s’étaient déroulées de manière transparente. Avec le retour d’institutions légitimes au Mali, nous devons redoubler d’efforts pour y instaurer un dialogue inclusif et traiter des causes du conflit, a-t-il dit. Il a aussi souligné la nécessité de rester vigilant en matière de sécurité, et a déploré les attaques et les menaces en provenance des djihadistes, les auteurs. Il s’est réjoui du partenariat solide instauré entre le Gouvernement malien, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’ONU. Nous nous approchons du déploiement complet des troupes et de forces de police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a-t-il ajouté.
Concernant le Soudan, M. Ladsous a dit que la situation y a connu « une année difficile », avec une recrudescence d’attaques, des déplacements de populations civiles et le décès de 14 Casques bleus. Nous continuons à travailler dans le cadre du Processus de Doha, car il n’y a pas d’autre base de travail, a-t-il indiqué. Au Soudan du Sud, il a indiqué que la sécurité des civils posait un problème dans l’État de Jonglei. Nous commençons à redéployer les effectifs militaires de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et nous poursuivons le travail lancé à Abyei où nous espérons un accord entre les deux pays, a-t-il indiqué.
Parlant du Moyen-Orient, le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé que les 1 250 Casques bleus déployés au sein de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) étaient chaque jour victimes d’attaques. « Nous continuons notre travail, mais cela n’est pas facile », a-t-il reconnu. Nous espérons tous que la Conférence de Genève II aboutira à un processus politique qui mettra un terme au drame qui se déroule en Syrie. Si certaines conditions sont remplies, nous pourrions, si le Conseil de sécurité le demande, contribuer à la stabilisation de la situation en Syrie. Nous avons prévu divers scénarios, mais tout reste encore sur le papier, a-t-il précisé.
Pour ce qui est de la République centrafricaine, M. Ladsous a rappelé la présence de la mission de politique spéciale dans ce pays, le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA), ainsi que le déploiement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine(MISCA), aux termes de la résolution 2127 (2013). Cette résolution a aussi demandé à l’Union africaine et à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) de veiller à ce que la passation des pouvoirs entre la MICOPAX (force de la CEEAC) et la MISCA ait lieu le 19 décembre 2013. Il a indiqué que le Secrétaire général devait faire des recommandations sur les solutions possibles dans les trois mois suivant l’adoption de ladite résolution. Il appartiendra au Conseil de sécurité d’envisager la suite, a-t-il précisé.
Enfin, interrogé sur le nombre de pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix, qui est jugé insuffisant, M. Ladsous a reconnu que « la répartition de ce fardeau » n’était pas équitable. Il a indiqué que 95% des membres du personnel en uniforme venaient d’États Membres du monde en développement, et a estimé que cette situation ne pouvait pas durer. Il a invité le reste de la communauté internationale à suivre l’exemple des Pays-Bas qui ont récemment fourni des personnels et quatre hélicoptères de combat à la mission déployée au Mali.
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