Tandis que les personnes déplacées et les réfugiés commencent à retourner volontairement dans le Nord du Mali, le Programme Alimentaire Mondial intensifie ses activités pour aider à reconstruire les moyens d’existence, tout en répondant aux besoins alimentaires et nutritionnels immédiats. Saouda Salihou, qui est retournée à Gao avec sa jeune famille, explique pourquoi cette aide est vitale.
Assise en face de sa paillote, Saouda Salihou regarde fièrement Souleymane, son fils de deux ans, jouer avec ses "petites voitures" - deux boîtes de conserve attachées à une corde. Le petit taquine malicieusement son frère aîné. Salihou, 27 ans, peut à peine croire que cet enfant joyeux et en bonne santé est le même garçon qu'elle a dû amener à une clinique de santé trois semaines auparavant.
Au cours de cette visite au centre de santé de Gao, Souleymane a été diagnostiqué avec la malnutrition aiguë modérée. Les infirmières l’avaient pesé et mesuré son périmètre brachial (PB) - une méthode rapide pour évaluer l'état nutritionnel d’un enfant.
Salihou a reçu du Plumpy'Sup, un complément nutritionnel prêt à l‘emploi distribué par le PAM dans les centres de santé à Gao, en partenariat avec Action Contre la Faim.
"Peu de temps après que je commence à donner le produit à mon enfant, il a rapidement pris du poids", a déclaré Salihou. "La semaine suivante, j'étais parmi les premières personnes à arriver au centre de santé pour le rendez-vous médical de mon enfant."
Ces rendez-vous hebdomadaires permettent aux personnels de santé de surveiller l'état nutritionnel des enfants vulnérables. Les mères reçoivent également des informations sur la nutrition, ainsi que des démonstrations culinaires avec des produits locaux comme les arachides, le millet et le maïs.
Salihou a assisté à plusieurs de ces cours de cuisine, mais elle, souvent, elle n'a pas assez d'argent pour préparer les repas nutritifs qu'on lui avait montré.
Elle n'est pas la seule. Dans le nord du Mali, trois ménages sur quatre sont en situation d’insécurité alimentaire et sont fortement tributaires de l'aide alimentaire, selon les résultats d'une enquête menée conjointement par le PAM et le gouvernement du Mali en Septembre dernier.
Salihou est retournée à Gao à la mi-Octobre, après avoir passé environ 18 mois dans la capitale Bamako. Elle et sa famille ont dû fuir à cause du conflit qui a secoué le nord du Mali. Mais son mari n’a pas pu retourner avec elle car ils n’ont pas pu payer les frais de transport.
Il envoie un peu d'argent à sa famille, lequel est utilisé par Salihou pour acheter et revendre des condiments sur le marché de Gao. Mais le peu d’argent qu'elle gagne n'est jamais assez.
C'est pourquoi le programme des repas scolaires du PAM à Gao est si important. C’est l’une des raisons qui ont poussé Salihou à retourner dans leur région d'origine, afin de pouvoir envoyer ses enfants à l'école.
Sa fille Alima, 10 ans, est maintenant à l’école, et a été rave de retrouver ses anciens amis dans la salle de classe. Elle bénéficie également d'un repas chaud composé d’une bouillie enrichie chaque matin, et d’un autre repas chaud à midi.
"J'ai du mal à nourrir mes enfants depuis que je suis revenue et c'est un vrai soulagement pour moi qu’Alima puisse recevoir de la nourriture à l'école. Elle est également très motivée pour aller en cours", a déclaré Salihou.
Le PAM fournit des repas scolaires à près de 120 000 enfants dans 576 écoles dans le Nord du Mali. A mesure que les écoles rouvrent, le PAM élargit ce programme. Le PAM élargit également son programme de prévention et traitement de la malnutrition dans les zones où les centres de santé ont commencé à fonctionner à nouveau.
"Le PAM intensifie ses opérations et nécessite plus de fonds", a déclaré Sally Haydock, représentante du PAM au Mali.
"La sécheresse et la crise alimentaire de 2012, combinée à la crise sécuritaire prolongée ont rendu très difficile, pour les plus vulnérables, la reconstruction de leurs vies. Ils auront besoin d'une aide alimentaire tout au long de 2013 et en 2014", dit-elle.