Cette année, les équipes des ONG ALIMA/BEFEN soigneront, en partenariat avec le Ministère de la Santé Publique du Niger, plus de 57 000 enfants malnutris sévères au Niger soit 15 000 de plus que l’an dernier. Certaines semaines en 2013, un nouveau cas de malnutrition aigüe sévère est soigné par minute au Niger (1). Pour autant, l’année 2013 n’est pas qualifiée d’année de crise, rappelant ainsi le caractère profondément chronique de ces taux de malnutrition aigüe hors normes. Les deux ONG appellent à la mise en oeuvre de nouvelles approches pour réduire le nombre de cas et la mortalité associée.
Niamey/Dakar, le 25 septembre 2013 - Les ONG BEFEN/ALIMA constatent à nouveau cette année une augmentation importante des enfants malnutris aigus sévères (MAS) avec près de 15 000 cas supplémentaires prévus dans leurs programmes (2) par rapport à l’année dernière. Au niveau national, l’année 2013 est déjà de 10% supérieure à 2012 (3), année qualifiée de crise nutritionnelle majeure.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer l’augmentation des cas de malnutrition en 2013 notamment l’augmentation du prix des denrées de première nécessité, la situation de crise des pays frontaliers, l’amélioration de la couverture des programmes humanitaires et une incidence du paludisme particulièrement élevée. Au Niger, plus de 300 000 enfants doivent recevoir un traitement contre la malnutrition aiguë sévère. Ce chiffre est en constante augmentation depuis 2005. Malgré la mobilisation croissante des autorités nationales et locales et des acteurs de l’aide, tous les ans, le taux de malnutrition aiguë est supérieur au seuil d’urgence de 15% fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé.
« Nous devons changer notre manière de répondre à ces crises nutritionnelles », affirme Thierry Allafort-Duverger, Président d’ALIMA. « Nous pouvons et devons mettre en place des nouvelles stratégies pédiatriques à grande échelle mobilisant tous les outils médicaux et nutritionnels dont nous disposons et en repensant notre manière de fournir ces services. Pour cela il faut que l’ensemble des acteurs s’accordent sur une lecture fondée sur l’accessibilité alimentaire en quantité et qualité et sur la corrélation entre la malnutrition et la santé de l’enfant en bas âge au global.»
Les solutions existent pour réduire durablement le nombre d’enfants souffrant de malnutrition.
ALIMA et BEFEN appellent à la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour soutenir en priorité les efforts qui permettront de réduire le nombre d’enfants malnutris. Dans l’état actuel des connaissances, ces efforts doivent combiner le traitement précoce de la malnutrition et des principales pathologies tueuses de l’enfant ainsi que la prévention de ses pathologies. Tous ces outils existent : vaccination, compléments alimentaires adaptés, moustiquaires imprégnées et nouvellement la chimio prophylaxie saisonnière de masse contre le paludisme. Ces types d’interventions sont les seules à avoir fait leur preuve pour diminuer significativement le nombre d’enfants malnutris et réduire drastiquement la mortalité infanto juvénile.
Les résultats préliminaires de projets intégrant prévention par la distribution d’aliments complémentaires prêts à l’emploi et des soins pédiatriques complets menés au Mali, au Niger et au Burkina Faso – qui ont été présentés à la Conférence Internationale contre la Malnutrition de Paris (4) - démontrent des impacts significatifs sur la réduction de la malnutrition chronique et sur la mortalité.
« On ne doit plus parler de crise agricole ou nutritionnelle telle ou telle année au Niger, mais de crise structurelle de santé publique qui relève de l’accès aux soins et de l’alimentation appropriée de la petite enfance. Grâce au dynamisme des autorités nigériennes et des acteurs de l’aide, le Niger est un pays leader dans la lutte contre la malnutrition dans le monde et un exemple de baisse de la mortalité des enfants. Cependant sans mesure drastique, le nombre d’enfants atteints de malnutrition continuera structurellement à augmenter. Ceci n’est pas tenable, il est possible aujourd’hui de se fixer comme objectif d’inverser cette courbe.» précise Dr. Sani Sayadi, Coordinateur Général de l’ONG médicale nigérienne BEFEN.