Dans le cadre de son programme de développement rural au sud-Mali, les activités de Vivres contre travail du PAM aident à combattre la faim dans une région où les taux de malnutrition chronique sont parmi les plus élevés du pays.
par Alexandre Brecher
OUELESSEBOUGOU- Souleymane Keita, 39 ans, se sent particulièrement optimiste. «Cette année, la récolte sera bonne», annonce-t-il.
Grâce à un programme de vivres contre travail qui a permis de construire un petit barrage à Ouelessebougou, dans la région de Koulikoro, il a pu diversifier sa production agricole.
«Avant, je cultivais du mil. Les fermiers de la région étaient très dépendants de la pluie. Quand la saison des pluies était mauvaise, comme en 2011, nos familles avaient faim. Maintenant, nous pouvons mieux contrôler les circonstances et diversifier nos cultures. Grâce à l’eau retenue par le barrage, nous sommes désormais en mesure de faire pousser du riz, des pommes de terre, des tomates et bien-sûr du mil. Nous avons aussi construit une pêcherie, qui nous permet de mieux nous nourrir. Nous vendons également nos produits, ce qui permet à notre communauté de gagner de l’argent.»
Environ 30% de la population de Koulikoro souffre de malnutrition chronique. Considérant le fait que la plupart des céréales du Mali sont produites dans le sud, c’est un paradoxe.
Augmenter la résilience
«Le manque de développement laisse les ménages en situation d’extrême pauvreté, explique Mahamadou Tanimoune, spécialiste de la nutrition au bureau du PAM à Bamako. Ces ménages utilisent la majeure partie de leurs revenus pour acheter seulement un ou deux types de nourriture de base, ce qui ne suffit pas à leur apporter tous les nutriments que leur apporterait une alimentation plus diversifiée.»
Le programme de développement rural du PAM au Mali a pour objectif de soutenir les communautés vivant dans les zones d’insécurité alimentaire chronique. Il comporte notamment cette approche de vivres contre travail qui permet à ces communautés rurales d’obtenir des vivres en échange de leur participation aux projets visant à améliorer leurs moyens de subsistance et de production.
Cette approche permet aux communautés de satisfaire leurs besoins alimentaires les plus urgents tout en augmentant leur capacité de résilience et d’autosuffisance à plus long terme.
Quarante-sept personnes travaillent sur ce projet de barrage. En échange, ils reçoivent deux kilos de rations sèches de riz et de mil par personne et par jour. Les distributions alimentaires sont organisées chaque semaine par l’un des partenaires du PAM, REACH Italia.
Retrouver de nouvelles ambitions
«Le barrage a vraiment amélioré la vie de notre communauté, explique Souleymane. Ce projet incite les jeunes hommes du village à rester au lieu d’aller chercher du travail dans les grandes villes. Maintenant, ils veulent continuer à aider leurs familles d’ici, ils ont retrouvé nouvelles ambitions.»
Environ 2000 personnes vivent à Ouelessebougou, où le barrage a permis de redynamiser l’économie locale. Sur les bords du réservoir d’eau, les villageois expérimentent aussi de nouvelles cultures, notamment celle du moringa et du baobab.
Pour Aminata, qui vend les produits agricoles sur les marchés locaux, ces cultures vont permettre de lutter efficacement contre la pauvreté.
«Le moringa est un légume qui contient beaucoup de vitamines et de protéines, dit-elle. Il se vend à un prix très élevé sur les marchés. Les feuilles sont utilisées dans la médecine traditionnelle. Le baobab est aussi très connu au Mali pour sa capacité à traiter les inflammations. On peut également produire du miel de baobab, dont les clients sont friands, et générer un revenu conséquent grâce à cela. »