Blog - ECHO in the field
12/9/2013 – OUAGADOUGOU, BURKINA FASO – les 21 et 22 août derniers, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a lancé la première distribution de vivres et d’argent au profit des réfugiés du site de Sag-Nioniogo, à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Financée par une contribution du service d’Aide Humanitaire de la Commission Européenne (ECHO), il s’agit d’une opération en phase pilote qui pourra s’étendre progressivement au camp de réfugiés de Bobo-Dioulasso, ainsi qu’aux plus grands camps de Goudebo et Mentao dans la région du Sahel. Menée conjointement avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le gouvernement et des partenaires opérationnels, cette nouvelle initiative permettra aux réfugiés de répondre aussi bien à leurs besoins alimentaires qu’à d’autres besoins primaires.
Dans le cadre de cette opération, la dotation habituelle en vivres de chaque bénéficiaire sera réduite de moitié pour le riz, le haricot et le CSB (un mélange de farine de maïs et de soja fortifiée) mais ils continueront à recevoir l’intégralité des rations de sel et d’huile végétale ainsi qu’une somme fixe d’argent. Le montant de l’argent par personne est évalué en fonction des prix des produits alimentaires du marché local. Sur cette base, les réfugiés régulièrement enregistrés recevront 3 500 FCFA (5,3 Euros) par personne et par mois, en plus des vivres.
Ainsi, Safi Wallet Lamordi, mère de 5 enfants a reçu 21 000 FCFA (pour les 6 membres de sa famille), en plus des vivres. «Cet argent va me permettre d’offrir un petit déjeuner à mes enfants, d’acheter du lait notre aliment de base, de la viande, des condiments, du bois de chauffe, etc. En plus, j’aurai toujours de la liquidité par devers moi et n’aurai plus besoin de vendre une partie de mes objets pour acheter des condiments ou des denrées de première nécessité», a-t-elle déclaré.
En ce qui concerne l’évaluation du coût du panier alimentaire, un suivi des prix du marché sera régulièrement fait. De même, un suivi après la distribution sera réalisé deux semaines après la première distribution d’argent pour appréhender essentiellement la satisfaction des bénéficiaires et l’usage fait de l’assistance. Les résultats de cette évaluation permettront d’étendre éventuellement l’opération aux autres camps de réfugiés du Burkina et de faire des ajustements, si nécessaire.
Stimuler l’économie locale
Le PAM livre chaque année des centaines de milliers de tonnes de produits alimentaires, mais de plus en plus, il distribue de l’argent ou des bons à ceux qui ont faim leur permettant ainsi de se procurer les vivres dont ils ont besoin. Avant la mise en place du projet au Burkina Faso, une rencontre de sensibilisation a eu lieu au dit camp avec les chefs de groupe des réfugiés, en présence d’acteurs humanitaires partenaires concernés par la prise en charge des réfugiés, à savoir : le PAM, le HCR, la Croix Rouge Burkinabè, l’ONG Urgence Internationale pour l’Aide au Développement (IEDA Relief), la Société burkinabè de micro-finance (MICROFI) et la Commission Nationale pour les Réfugiés (CONAREF). Cette rencontre a permis d’expliquer aux réfugiés les raisons de cette nouvelle initiative, de transmettre les messages clés et d’échanger pour avoir une compréhension claire et uniforme du processus de paiement du cash.
Pendant les deux premiers jours de distribution, plus de 15 000 Euros, soit environ 10 000 000 FCFA, ont été distribués aux réfugiés du camp de Sag-Nioniogo. Cet argent sera injecté dans les marchés des localités proches du camp et contribuera ainsi à dynamiser l’économie locale. En effet, un petit marché existe au niveau du camp où les réfugiés peuvent acheter de la viande, du poisson sec, du lait, des épices, des condiments, etc.
Le jour de la distribution, deux femmes peulhs des villages environnants ont, en un rien de temps, vendu toute la quantité de lait qu’elles sont venues proposer aux réfugiés et attendaient, les calebasses vides, d’être payées. «Les affaires sont bonnes. Les réfugiés ont tout acheté à crédit et nous attendons maintenant qu’ils viennent nous payer après la distribution», a dit Assaïtou Diallo, l’une d’elles.
«Tout comme l’opération de distribution de coupons initiée par le PAM en 2009 au profit des ménages vulnérables de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso pour leur permettre de faire face à la flambée des prix à l’époque, nous espérons que cette nouvelle initiative qui est la première du genre au profit des réfugiés maliens en Afrique de l’Ouest connaîtra également tout le succès escompté», a déclaré M. Mamadou Diouf, Directeur Adjoint, chargé du bureau du PAM .
Par Célestine Ouedraogo, Programme Alimentaire Mondiale