Le conflit au Mali a déplacé plus de 330 000 personnes et a mis une pression importante sur des communautés vulnérables. Après avoir fourni des denrées alimentaires de base aux populations touchées par les conflits et la crise alimentaire, le PAM est maintenant entré dans une nouvelle phase d’assistance : un soutien financier aux plus démunis.
BAMAKO- Kadidja Traore, 42 ans, fait partie des milliers de déplacés du nord-Mali qui vivent maintenant à Bamako, la capitale. Kadidja a fui son domicile de Gao lorsque la crise a commencé. Elle a vendu les quelques animaux qu'elle possédait et pris la route de Bamako, avec 15 membres de sa famille. Elle a trouvé une famille d'accueil dans la capitale, mais, après un certain temps, cette famille a commencé à demander de l'argent pour le loyer.
N’ayant pas les moyens de payer la somme requise, la famille a dû déménager dans une petite maison faite de boue séchée, qu’elle pouvait certes occuper gratuitement, mais dans conditions d’hygiènes très sommaires. Rapidement, les enfants ont commencé à souffrir de troubles respiratoires.
Mais ce n'était pas le seul problème pour cette mère de famille. Comme elle n'avait pas d'argent pour payer le transport entre sa maison et le centre de distribution du PAM, Kadidja n’était pas toujours en mesure de rapporter chez elles les vivres pourtant vitaux pour sa famille.
Première étape vers un avenir meilleur
Aujourd’hui, Kadidja compte parmi les bénéficiaires des transferts monétaires inconditionnels du PAM, opération financée par l'Allemagne et mise en œuvre par l'ONG ACTED. Ce programme a pour objectif de soutenir financièrement les personnes déplacées et les familles-hôtes pour une période de six mois, afin de les aider à couvrir leurs besoins alimentaires.
«ACTED et le PAM nous ont donné suffisamment de nourriture pour survivre,» explique Kadidja. «Grâce à ces transferts de fonds, nous sommes désormais en mesure d'acheter et de préparer nous-mêmes les aliments, tout en entretenant l’espoir de bientôt rentrer chez nous.»
Amadou Djitteye, 37 ans, est originaire de la ville de Ménaka, situé dans le nord du pays, qui a été occupé par des groupes armés pendant près d'un an.
«Nous avons fui le 17 janvier 2013, lorsque les premiers combats ont commencé,» raconte-t-il. «Avec mes cinq enfants, nous avons trouvé une place dans un camion surpeuplé qui allait à Bamako. J'ai laissé tout ce que je possédais derrière moi, ma maison, et mon petit négoce de pièces détachées automobiles.»
Dans la capitale malienne le coût de la vie est très élevé. Pour Amadou, l'aide financière est essentielle, et c'est également la première étape vers un avenir meilleur. «Si la sécurité me le permet, je vais retourner à Menaka, redémarrer mon commerce, et reconstruire ma vie», espère-t-il.
Crise lente et invisible
«Leur situation demeure extrêmement précaire,» explique Nicolas Robe, Directeur de pays d’ACTED. «Financièrement parlant, certaines personnes ont dépassé le seuil d'urgence. La crise est lente et invisible.»
Le programme de transfert de fonds a été lancé à Bamako en juin 2013, puis à Mopti au mois d’août. Le PAM et son partenaire d'exécution pour la région de Mopti, Care Mali, vient en aide à plus 20 000 personnes déplacées et familles-hôtes.
Plus tard dans l’année, le PAM espère soutenir également les déplacés retournant vers Tombouctou et Gao.
«Ce programme devrait permettre aux familles d’avoir de quoi acheter des vivres correspondant à 2000 kilocalories par jour,» explique Sally Haydock, Directrice du PAM au Mali. «Dans le même temps, cette assistance leur permettra de protéger leurs propres revenus, tout en leur donnant accès à la nourriture dont ils ont besoin, avec un impact positif sur les marchés locaux.»