FSMS juillet 2013: FAITS SAILLANTS
A. Au mois de juillet 2013, 23,7 % des ménages mauritaniens sont en insécurité alimentaire. Cet indicateur enregistre une baisse par rapport à son niveau record de juillet 2012 où il avait atteint 32,3 % mais reste supérieur à celui juillet 2011 (21,1 %). Un analyse de tendance faite en janvier sur la base des données historiques indiquait que les taux d’insécurité alimentaire attendus en juillet pourrait être de 22 %. Les résultats actuels confirme cette tendance haussière de l’insécurité alimentaire dans le pays;
B. L’insécurité alimentaire reste plus marquée en milieu rural (28,5 %) qu’en milieu urbain (17,4%) mais en termes d’évolution sur une année, on note que la progression des taux urbains constatée depuis juillet 2011 se poursuit. En un an, le taux d’insécurité alimentaire a progressé de 56 % en milieu urbain essentiellement à Nouakchott où il passe de 10,9 % à 16,9 %. L’exode rurale et la hausse des prix des produits alimentaires pourraient expliquer en partie ces progressions ;
C. Le nombre de personnes affecté par l’insécurité alimentaire est estimé en juillet 2013 à un peu plus de 800 000 pour l’ensemble du pays; dont plus de 190 000 personnes en insécurité alimentaire sévère et 610 000 en insécurité alimentaire modérée;
D. Les régions du Guidimaka (40 %), Assaba (37,6 %), Tangant (34,8 %) et Gorgol (31,3 %) enregistrent les taux d’insécurité alimentaire les plus élevés. Globalement, le sud, le centre et marginalement l’est du pays sont les zones les plus touchées. L’insécurité alimentaire au nord du pays s’est pratiquement stabilisée à un niveau élevé au nord du pays et ceci grâce aux interventions du Gouvernement. Les zones de cultures pluviales et agropastorales regroupent plus de 60 % des ménages en insécurité alimentaire;
E. Contrairement aux inquiétudes, les zones d’accueil des réfugiés maliens enregistrent des taux d’insécurité plus faibles que par le passé probablement à cause des bénéfices directs et indirects que les populations hôtes arrivent à tirer de la situation;
F. Ces taux d’insécurité alimentaire élevés s’expliquent par trois raisons majeures : (i) l’épuisement des stocks paysans avec la période de soudure les oblige à se tourner vers les marchés (ii) la hausse saisonnière des prix des produits locaux est accompagnée d’une hausse des prix des produits importés; (iii) La baisse du pouvoir d’achat des ménages liée à la hausse des prix et au remboursement des dettes mais aussi aux pertes de bétail de l’année passée qui réduisent leurs options de stratégies. Certaines de ces causes sont conjoncturelles mais globalement, les problèmes d’insécurité alimentaire en Mauritanie sont soit structurels (pauvreté, dégradation de l’environnement), soit cycliques (soudure, sécheresse, invasions acridiennes…). Les solutions à mettre en place doivent donc s’inscrire dans la durée pour pouvoir inverser les tendances.
G. Selon les résultats de l’enquête SMART (MS/UNICEF) de juillet 2013, dans 6 régions du pays, les seuils d’urgence pour la malnutrition aigüe globale (MAG) ont été atteints. De plus, 2 autres régions en situation alerte selon la MAG ont des taux d’insécurité alimentaire dépassant 30 %. Cependant, au niveau national, la MAG est de 12,8 % en juillet 2013 contre 12 % l’année passée. La dégradation de la situation économique et alimentaire des ménages, les maladies de saison, couplées à l’absence de programme nutritionnel de prévention peuvent expliquer cette situation;
H. En plus des programmes de réponses à mettre en place ou à intensifier surtout en matière de traitement de la malnutrition et de facilitation de l’accès aux produits alimentaires, il faudra renforcer la capacité propre des ménages à surmonter ces difficultés par des programmes multisectoriels plus durables et la mise en place de filets sociaux de sécurité qui sont les seuls à même de sortir les populations de ce cycle de crises et de relèvements.