08/15/2013 12:22 GMT
Par Serge DANIEL
BAMAKO, 15 août 2013 (AFP) - Le nouveau président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a été élu avec un score écrasant de 77,6% contre 22,3% à son rival Soumaïla Cissé qui avait reconnu sa défaite dès le lendemain du scrutin du 11 août, selon les résultats officiels publiés jeudi.
Fort de ce succès exceptionnel, Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, ancien Premier ministre dans les années 1990, va devoir s'atteler à relever et réconciler un pays meurtri et plus que jamais divisé par 18 mois de crise politique et militaire.
Après 45 minutes de remerciements aux partenaires nationaux et internationaux du Mali qui ont contribué au succès des deux tours de la présidentelle du 28 juillet et du 11 août, le ministre de l'Intérieur, Moussa Sinko Coulibaly, a énuméré les resultats provisoires du second tour devant la presse et un parterre de personnalités maliennes et étrangères.
Le taux de participation a été de 45,78%, en baisse de trois points par rapport au premier, et le nombre de bulletins nuls anormalement élevé de près de 400.000 au premier tour, a considérablement baissé à près de 93.000 au second.
Sur 3.033.601 suffrages exprimés, IBK, cacique de la vie politique malienne agé de 68 ans, en a obtenu 2.354.693 contre 679.258 à Soumaïla Cissé, 63 ans, ancien ministre des Finances.
Au premier tour, IBK avait rassemblé près de 40% des suffrages contre un peu moins de 20% pour M. Cissé qui améliore tout juste son score de moins de trois points par rapport au 28 juillet.
Ibrahim Boubacar Keïta avait négocié le ralliement au second tour de 22 des 25 candidats éliminés au premier.
Dès lundi soir, Soumaïla Cissé avait reconnu sa défaite en se rendant en famille au domicile d'Ibrahim Boubacar Keïta à Bamako pour le féliciter et lui souhaiter "bonne chance pour le Mali".
Il avait annoncé mardi qu'au regard de "la fragilité" de la situtation dans un Mali encore traumatisé, il n'introduirait aucun recours devant la Cour constitutionnelle qui doit valider les résultats provisoires donnés par le ministère de l'Intérieur.
Il a prôné "un comportement vertueux" pour "une vraie réconciliation dans les coeurs et les esprits" dans son pays.
Une lourde tâche attend désormais IBK qui ne s'est pas exprimé publiquement depuis dimanche.
Priorité, la réconciliation
Après son investiture prévue en septembre, il va devoir rapidement prendre des mesures concrètes pour redonner confiance à des Maliens choqués et divisés par la profonde crise politique et militaire qu'ils viennent de traverser.
Cette crise avait débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le nord du Mali, supplantés rapidement par des groupes criminels et islamistes armés liés à Al-Qaïda qui ont pris le contrôle de cette région, juste après un coup d'Etat militaire qui, le 22 mars 2012, a renversé le président Amadou Toumani Touré.
Les jihadistes ont laminé la rébellion touareg et l'armée malienne et commis d'innombrables exactions avant d'être en grande partie chassés par l'intervention militaire franco-africaine toujours en cours.
Le conflit a plongé en 18 mois le Mali dans la récession, accentué la pauvreté, ravivé les tensions entre communautés touareg, arabes et noires, et provoqué un exode massif d'environ 500.000 déplacés internes et réfugiés.
Ibrahim Boubacar Keïta souhaite mettre en place un gouvernement de large union pour faire face à ces immenses défis. A plusieurs reprises, il a indiqué que sa première tâche serait "la réconciliation", en particulier avec la minorité touareg qui se sent marginalisée.
Un accord intérimaire signé en juin à Ouagadougou entre des représentants du régime malien de transition et les rebelles touareg prévoit l'ouverture de "pourparlers de paix" dans les 60 jours suivant la mise en place du nouveau gouvernement.
IBK pourra compter sur l'appui de la communauté internationale qui, en dépit de craintes initiales d'attentats jihadistes et de fraudes massives, a salué le bon déroulement et la transparence du scrutin et promis une aide massive de 3,2 milliards d'euros au Mali.
Il devrait en outre pouvoir compter sur la bienveillance de l'auteur du coup d'Etat de mars 2012, le capitaine Amadou Sanogo, bombardé général mercredi par le régime de transition en place à Bamako depuis avril 2012 et préside par Dioncounda Traoré.
Cette promotion a été qualifiée de "honteuse" par Human Rights Watch qui estime que Sanogo devrait plutôt faire l'objet d'un enquête pour les nombreuse exactions présumées commises par ses hommes à Bamako en 2012.
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