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Gambia: Une maladie bovine mortelle difficile à enrayer au Sahel

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Source: IRIN
Country: Chad, Gambia, Niger, Nigeria, Senegal

DAKAR, 13 août 2013 (IRIN) - Depuis longtemps éradiquée dans les pays développés, la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) – une maladie respiratoire très contagieuse – reste une menace considérable pour la production bovine au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Dans cette région, la migration transfrontalière du bétail est une pratique très répandue chez les éleveurs.

La maladie continue de se propager dans de nombreux pays en voie de développement et est particulièrement fréquente en Afrique de l’Ouest. L’insuffisance des politiques de contrôle régionales, le manque de ressources et de capacités techniques des gouvernements, de même que le manque d’intérêt des donateurs, font qu’elle est difficile à endiguer, d’après les experts.

« La PPCB est inhérente à la région à cause du perpétuel mouvement de transhumance des personnes et des animaux », a affirmé Gideon Bruckner, qui dirige le département technique et scientifique de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

« [La maladie] traverse constamment les frontières, suivant les endroits où des points d’eau et des zones de pâturage sont disponibles. Elle se propage aussi dans les points de rassemblement tels que le lac Tchad, où les animaux du Niger, du Nigeria et du Tchad sont tous attroupés et mélangés avant de rentrer dans leur pays. Il y a ainsi un cycle continu de réinfection possible », a-t-il déclaré à IRIN.

Réinfection

C’est probablement ce qui s’est passé en 2012 en Gambie, quand la PPCB est apparue pour la première fois depuis 1971 et a tué près de 10 000 têtes de bétail. Bien que la cause exacte de l’épidémie soit inconnue, les experts estiment que la maladie est réapparue en raison du commerce non réglementé de bétail avec le Mali et la Mauritanie, où la PPCB reste un problème.

En août 2012, 11 bovins ont été testés positifs à la maladie au sud de la région gambienne de Central River. La PPCB s’est ensuite rapidement propagée dans les régions voisines avant d’atteindre la région de Tambacounda, au Sénégal voisin où l’on pensait avoir éradiqué la maladie.

Les antibiotiques sont parfois utiles, mais le traitement n’est pas recommandé par les vétérinaires, car si un animal traité peut paraître en bonne santé, il peut néanmoins être contagieux. Le seul moyen d’empêcher un animal malade de transmettre la PPCB est de l’abattre, ce que beaucoup de pasteurs font difficilement, car cela représente une énorme perte économique pour eux.

À la suite des épidémies, les gouvernements sénégalais et gambien, ainsi que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ont mis sur pied des campagnes publiques de sensibilisation et de vaccination d’urgence.

Selon la FAO, plus de 340 000 sur environ 400 000 têtes de bétail en ont bénéficié en Gambie. De son côté, le ministère de l’Élevage sénégalais affirme que 300 000 doses de vaccins ont été administrées avec succès.

Les autorités affirment que l’épidémie semble sous contrôle pour l’instant, car aucun nouveau cas n’a été signalé depuis janvier 2013. Cependant, des équipes spécialisées continuent de sensibiliser les éleveurs et les agriculteurs et de prélever périodiquement des échantillons de sang sur différents troupeaux et des échantillons de viande provenant des abattoirs. Ils affirment que la menace d’une épidémie plane toujours.

Effort de cinq ans

« Pour éradiquer cette maladie, il faut le faire [vacciner le bétail] chaque année pendant cinq ans », a déclaré Mariatou Njie, représentante adjointe de la FAO en Gambie.

« C’est donc le problème auquel nous nous heurtons aujourd’hui. La FAO a pu financer une grande partie de [la vaccination] la première année, lorsque l’épidémie s’est déclarée. Mais pour l’éliminer complètement, nous devons poursuivre [la surveillance et les efforts d’éradication] pendant cinq ans », a-t-elle expliqué.

Mais continuer à administrer les vaccins ne sera pas facile.

Selon la FAO, en Gambie, par exemple, il faudra entre 600 000 dollars et 700 000 dollars par an pour poursuivre les efforts d’éradication. Ce montant couvre : les coûts de la vaccination et des campagnes de sensibilisation du public ; l’indemnisation des éleveurs, qui abattent volontairement leurs animaux malades, en reconstituant leur cheptel ; le financement de la surveillance permanente, y compris les analyses d’échantillons de sang ; et la surveillance post-vaccination des troupeaux pour contrôler les éventuels effets indésirables du traitement sur les animaux.

Si Mme Njie a déclaré qu’il s’agissait d’un petit prix à payer pour garder les animaux en bonne santé et faire en sorte que les éleveurs maintiennent leurs moyens de subsistance, la plupart des gouvernements de la région n’ont pas les ressources financières suffisantes. En outre, de nombreux donateurs ne souhaitent tout simplement pas financer une maladie aussi méconnue.

« Outre le coût du vaccin, il faut acheter beaucoup de matériel... Des seringues, des glacières pour stocker et transporter le vaccin, des véhicules pour les équipes, et ainsi de suite », a déclaré Mme Njie. « De plus, la logistique est réellement colossale. Pour les localiser [les éleveurs], il faut envoyer les équipes dans des zones reculées – ce n’est vraiment pas facile ».

Coopération multinationale

Les vaccins ne sont pas efficaces à 100 pour cent. Les vétérinaires expliquent que, s’ils peuvent réduire les risques d’infection, ils ne peuvent pas empêcher complètement la transmission.

« La PPCB est une maladie transfrontalière », a déclaré M. Bruckner de l’OIE. « Les pays ne pourront pas arriver à endiguer la maladie à eux seuls. En effet, ils peuvent vacciner leurs bêtes, mais comme ils ne peuvent pas contrôler les déplacements d’animaux [d’un pays à un autre et dans les deux sens], les vaccins ne servent à rien. Les deux doivent aller de pair ».

Le consultant national en gestion de risques de catastrophes pour la FAO, Essa Khan, a déclaré que la coopération internationale entre le Sénégal et la Gambie était essentielle pour contenir l’épidémie récente de manière rapide et efficace.

« Il y a eu - et continue d’avoir - une formation commune pour les pays, ainsi qu’un partage des informations », a déclaré M. Khan. « Les autorités de chaque pays se rencontrent régulièrement pour discuter du contrôle et des efforts d’éradication continus ».

L’OIE encourage désormais la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à développer une approche régionale coordonnée pour lutter contre la PPCB. Mais étant donné les budgets et les ressources limités des pays, ainsi que les frontières poreuses, l’application d’une telle approche peut s’avérer difficile sans aide extérieure.

« Malheureusement, il est toujours difficile d’obtenir un financement dans ces cas-là », a déclaré M. Bruckner. « Même si l’OIE n’est pas un organisme donataire en lui-même, nous essayons d’être un intermédiaire pour inciter les gens à faire des dons ».

Une façon d’y arriver et d’amener les gouvernements locaux à investir davantage dans la lutte contre la PPCB, serait de réviser le code de l’OIE sur la maladie et d’y inclure la reconnaissance et l’approbation de programmes nationaux contre la PPCB.

« Nous espérons que cela poussera en quelque sorte les pays à aller de l’avant en favorisant les contrôles. Ainsi, ils seraient répertoriés par l’OIE comme des pays qui appliquent un programme approuvé dont l’objectif est d’éradiquer [la maladie] », affirme M. Bruckner.

« Commercialement, ce sera un avantage pour ces pays, car les autres États et partenaires économiques se rendront compte qu’ils veulent contrôler la maladie et, espérons-le, cela aura un effet boule de neige dans le reste de l’Afrique de l’Ouest et parmi les donateurs, et d’autres pays voudront suivre le même chemin ».


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