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Burkina Faso: Menace de famine autour du Bassin de la Volta

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Source: Inter Press Service
Country: Benin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Mali, Togo

Brahima Ouédraogo

OUAGADOUGOU, 10 août (IPS) - Des organisations de gestion des eaux du Bassin de la Volta appellent à des mesures urgentes pour arrêter la dégradation continue des sols, de l’écosystème autour du Bassin de la Volta qui nourrit plusieurs millions de personnes en Afrique de l’ouest.

"Les gens doivent respecter les normes, accepter certaines pratiques culturales, par exemple, laisser une marge d’environ 500 mètres afin que la terre ne parte pas dans la rivière ou les barrages quand il pleut", déclare Jacob Tumbulto, le directeur de l’observatoire au sein de l’Autorité du Bassin de la Volta (ABV) basé à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

"Les producteurs ne doivent pas couper les arbres, ne doivent pas pratiquer la culture de brûlis. Il y a des normes à respecter dans l’utilisation des engrais et pesticides qui affectent les espèces comme les poissons, et l’écosystème", explique-t-il à IPS.

La baisse de la quantité de poissons se situe autour de 40 pour cent et te taux d’envasement des cours d’eau, très élevé, se manifeste par une réduction de la quantité d’eau dans les sous-bassins de 30 à 40 pour cent, due au manque de pluies et aux mauvaises pratiques culturales, indique Tumbulto.

Quelque 23 millions de personnes – dont la moitié vit au Burkina Faso - vivent des ressources du bassin du fleuve Volta au Mali, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, et au Togo.

"Le bassin est vraiment menacé et l’un des problèmes auxquels on assiste, est l’envasement des cours d’eau, des barrages, et des bas-fonds", ajoute Tumbulto, résigné.

Selon l’ABV, les pénuries alimentaires vont entraîner le déplacement de dizaines de milliers d’habitants de l’Afrique de l’ouest si des actions urgentes ne sont pas prises pour freiner la dégradation de l’écosystème dans la région du bassin dans les 15 années à venir.

L’érosion et la déforestation vont entraîner une baisse de 40 pour cent des récoltes, prédit en outre l’AVB, indiquant que 80 pour cent de la végétation est détruite chaque année par le feu avant chaque saison agricole.

Le taux de croissance démographique dans les pays autour du bassin, qui est de trois pour cent ou plus, est aussi considéré comme l’une des menaces sur l’écosystème du Bassin de la Volta. Dans la partie du bassin couvrant le Burkina, ce taux atteint les 3,24 pour cent.

Au Burkina, l’Agence de l’eau du Nakambé (AEN), du nom du bassin versant national ou (Volta blanche), qui fait partie du Bassin international de la Volta, constate une augmentation des besoins en eau, et une occupation importante des cours et retenues d’eau pour des activités maraîchères et le développement d’activités minières.

Les cultures maraîchères sont notamment la tomate, la salade, les carottes, alors que l’activité minière concerne principalement l'orpaillage qui y est très développé avec la recherche de l'or.

"L’état des lieux effectué en 2010 sur l’espace de gestion du Nakambé, situe le taux d’utilisation de l’ordre de 95,4 pour cent des ressources en eau disponible; une situation qui entraîne un stress hydrique élevé", explique Diby Millogo, le directeur général de l’AEN.

Millogo, signale par ailleurs des migrations internes vers les pôles de disponibilité en eau que sont les barrages et les tronçons du cours d’eau.

En avril dernier, le ministère de l’Eau du Burkina a décidé de déguerpir une population d’environ 5.000 personnes installées anarchiquement autour du barrage de Ziga chargé d’approvisionner en eau potable la ville de Ouagadougou et alentours. Ces personnes qui pratiquaient le maraîchage jusque dans le lit du barrage construit sur le Nakambé, menaçaient sérieusement l’ouvrage victime d’ensablement et de pollution, selon Millogo.

Pour sauvegarder le barrage qui approvisionne en eau potable plus de trois millions de personnes, l’AEN a également décidé de construire un cordon pierreux, et planter des arbres, autour des berges du barrage et du bassin.

"Le protocole d’accord entre les acteurs est en train d’être réactivé pour policer les activités autour des berges", annonce Millogo. Il regrette cependant la mise en veilleuse du protocole qui impliquait les populations riveraines dans la gestion intégrée des ressources du bassin.

En dehors de l’agriculture, d’autres activités économiques comme l’élevage, les mines, l’artisanat, la foresterie, la pêche, l’hôtellerie, sont menées autour du bassin de Nakambé, indique Millogo.

"Il faut informer et sensibiliser les communautés sur les enjeux et les risques sur le bassin en s’appuyant sur des chiffres et anecdotes qui peuvent toucher leur sensibilité et leur faire changer de comportement", préconise Lucien Damiba, chargé de programme à l’ONG Wateraid.

"Il faut faire des propositions d’alternatives pour subvenir aux besoins des producteurs", ajoute Damiba.

L’ABV qui comprend une composante visant à impliquer les acteurs locaux dans la gestion de l’environnement, a recensé 20 organisations non gouvernementales qui travaillent dans les pays du bassin. Leurs membres seront formés pour disséminer, à leur tour, des informations dans les zones d’intervention pour s’assurer des bonnes pratiques autour du Bassin de la Volta, indique Tumbulto.

Seydou Tiendrébéogo, secrétaire général de l'Union des groupements de gestion du barrage de Ziga, déclare à IPS: "Au début, nous avions les moyens de surveiller les activités autour du barrage, ensuite on ne nous donnait plus rien pendant deux ans".

Il ajoute: "Mais nous avons continué de surveiller jusqu'à épuiser nos ressources car nous, les producteurs, savions que la terre avait commencé à entraîner la réduction du niveau de l'eau à certains endroits du barrage". (FIN/2013)


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