Plus de deux ans après le début de la crise alimentaire, plus de 18 mois après les premiers combats entre les groupes armés et l'armée malienne, la situation du Mali n'est toujours pas revenue à la normale. Pour répondre à l'urgence, Handicap International intervient dans les domaines de la santé, de la protection des plus vulnérables, et lutte contre les risques liés à la présence d'armes et de restes explosifs de guerre sur les lieux de combats progressivement réinvestis par les populations civiles1.
Il est 6h30 du matin, et les 17 membres de l'équipe de dépollution2 déployés par Handicap International sur la zone de Diabali sont à pied d'œuvre. Chaque heure compte. Des armes et des munitions contenant des charges explosives sont dispersées dans les communes situées sur la route reliant Ségou à Tombouctou suite au récent conflit. En un mois seulement, 475 engins explosifs et 5 522 armes de petit calibre été trouvés sur le secteur. Chacun d'entre eux représente un danger pour les populations civiles qui reprennent leurs activités, et en particulier pour les enfants, curieux, qui sont régulièrement victimes d'accidents dramatiques.
« Les équipes ont à cœur de d'aider le mali à se relever »
« Nos équipes sont essentiellement composées de Maliens, explique Sophie Dechaux, qui dirige le projet de réduction des risques des armes conventionnelles de Handicap International dans le pays. Ce sont des personnes venues de tout le Mali – du Nord notamment – et qui ont à cœur d'aider leur pays à tourner la page du conflit. Ils sont appuyés par des démineurs aguerris, originaire de toute la région et formés par Handicap International lors de précédentes interventions, notamment au Sénégal et au Congo. »
Aujourd'hui, ces équipes sont déployées sur une ancienne base occupée un temps par les combattants de groupes armés et qui ont abandonné une partie de leurs armes dans leur fuite. « Cette base se situe à quelques pas du marché et du canal où les gens viennent se laver, explique Adrien Ousmane Ngom, chef d'équipe de déminage à Diabali. C'est donc une zone que nous devons dépolluer en priorité. Ce matin, par exemple, nous avons neutralisé une roquette de 107mm, poursuit Adrien, si elle avait explosé les débris projetés pouvaient tuer des personnes jusque dans un rayon de 300 mètres. Nous l'avons étudiée, puis transportée entre des sacs de sables pour l'enfouir et la faire exploser dans un lieu sécurisé. »
Sensibilisation des populations pour éviter les accidents
Le mois dernier, un berger a trouvé une roquette et il a eu le mauvais réflexe de la ramener chez lui. Ses enfants ont joué avec et elle a explosé tuant l'un d'entre eux âgé de quatre ans seulement. Quatre autres enfants ont été blessés. « Il s'agit de populations qui ne sont pas habituées à rencontrer ce type d'armes, explique Sophie Dechaux. Elles n'y avaient pour la plupart jamais été confrontées et il est essentiel de bien expliquer les risques et l'attitude à adopter pour éviter les accidents dont, encore une fois, les enfants sont les premières victimes. »
Handicap International mène également depuis un an des actions de sensibilisations aux risques que représentent ces armes et engins explosifs3.
Les séances de sensibilisation visent tout particulièrement les enfants, qui sont intrigués par les munitions ou engins explosifs qu'ils peuvent rencontrer, les personnes déplacées amenées à retourner sur des zones où des combats ont eu lieu, et les personnes dont la profession implique un risque élevé de se trouver confronté à ce risque.
1 Le projet de dépollution actuellement mené par deux équipes de Handicap International dans le secteur de Diabali est financé par la Communauté européenne (ECHO).
2 On parle de dépollution pour désigner l'identification, le marquage et la destruction des restes explosifs de guerre.
3 Depuis l'été 2012 en appui à nos partenaires pour diffuser des messages via des relais médiatiques, et e