DAKAR, Sénégal, le 23 juillet (HCR) – Dans le cadre du premier tour des élections présidentielles au Mali prévu ce dimanche, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) poursuit les préparatifs avec les autorités maliennes et les états voisins pour permettre aux réfugiés qui se trouvent hors du pays de voter. Le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger accueillent quelque 173 000 réfugiés maliens qui ont fui leur pays lorsque le conflit a éclaté en janvier 2012.
Le rôle du HCR dans ces élections est de faciliter la participation des réfugiés et de veiller à la nature volontaire du processus électoral dans un environnement sécuritaire. « Notre rôle est uniquement humanitaire et non politique », explique le porte-parole du HCR, Adrian Edwards, ajoutant qu'en juin, le Haut Commissariat a mené des enquêtes officielles et non officielles dans les principales régions où se trouvent les réfugiés au moyen de groupes de discussion.
« Les conclusions de ces enquêtes ont montré que les réfugiés sont généralement favorables à la participation aux élections, qu'ils sont bien informés de la situation au Mali et que certains estiment que ces élections contribueront à amener la paix et la stabilité – un élément essentiel pour de nombreux réfugiés dans leur choix de revenir ou non dans leur pays », explique-t-il.
Les équipes du HCR présentes au Burkina Faso, au Niger, et en Mauritanie rencontrent les communautés de réfugiés pour leur expliquer clairement le rôle du Haut Commissariat visant à faciliter la participation et à respecter la neutralité. Le HCR a contribué au transport de matériel lié à l'élection. Toutefois, le transport des documents sensibles, comme les cartes d'électeur ou les bulletins de vote, incombera aux autorités électorales maliennes et aux pays d'asile.
En juin, les autorités maliennes ont visité les camps de réfugiés et d'autres sites au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger afin de déterminer la volonté des réfugiés de voter. En tout, 19 020 réfugiés se sont volontairement inscrits pour participer à l'élection sur les 73 277 réfugiés en âge de voter (dès 18 ans). Leurs noms ont ensuite été vérifiés avec le registre civil biométrique qui a été mis à jour pour la dernière fois en 2011 et a été utilisé pour établir les listes électorales.
Le HCR s'inquiète toutefois du fait que seul un petit nombre de noms de réfugiés qui souhaitent voter a été trouvé dans le registre. Au Burkina Faso, les équipes d'inscription maliennes ont indiqué avoir trouvé dans le registre civil 876 personnes sur les 3 504 réfugiés inscrits; en Mauritanie 8 409 personnes ont été trouvées sur les 11 355 inscrites, et au Niger 932 sur les 4 161 inscrits. En d'autres mots, la moitié seulement des réfugiés qui se sont portés volontaires pour participer à l'élection ont jusque-là été identifiés dans le registre.
Certains rapports sont également préoccupants, en effet ils indiquent que peu de cartes de vote NINA (numéro national d'identification) ont jusque-là été délivrées aux réfugiés par les autorités maliennes au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger. Au Burkina Faso, par exemple, seules 32 cartes NINA ont été délivrées à la représentation malienne à ce jour. Le retard d'émission et de distribution de cartes NINA n'est pas spécifique aux réfugiés, et il a également des répercussions sur les citoyens maliens au Mali et à l'étranger.
« Il est important que les autorités maliennes rendent publiques les listes d'électeurs et accélèrent la distribution des cartes électorales au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie. Cette condition est particulièrement importante, car les camps et les sites de réfugiés sont situés dans des endroits reculés, où l'accès peut s'avérer difficile maintenant que la saison des pluies a commencé. Les autorités maliennes nous ont informés qu'elles envisageaient des alternatives pour permettre aux réfugiés de voter en cas de retards supplémentaires.
Plus de 173 500 Maliens ont trouvé refuge dans des pays voisins depuis le début du conflit en janvier 2012, dont 49 975 au Burkina Faso, 48 710 au Niger, 74 907 en Mauritanie et 1 500 en Algérie. Et selon la Commission de Mouvement de Population au Mali, environ 353 000 personnes sont également déplacées à l'intérieur du pays.