07/21/2013 16:31 GMT
Par Serge DANIEL
BAMAKO, 21 juillet 2013 (AFP) - Six personnes, dont cinq agents électoraux, enlevées samedi dans la région de Kidal (nord-est du Mali) ont été relâchées, mais les préoccupations sécuritaires demeuraient vives dimanche dans cette zone à une semaine d'une présidentielle cruciale pour le pays.
Nouvel élément inquiétant: une bombe de fabrication artisanale a été découverte en plein centre-ville de Kidal dimanche matin. Des dispositions ont été prises pour désamorcer l'engin, a indiqué à l'AFP une source administrative sur place.
Selon un responsable au gouvernorat de Kidal, chef-lieu de région, les enlèvements avaient été perpétrés par des hommes armés samedi dans la localité de Tessalit, au nord de Kidal. Il y a eu six otages au total: cinq agents électoraux et un élu local.
"Toutes les personnes enlevées samedi à Tessalit ont été libérés, elles se portent bien", a-t-il déclaré dimanche à l'AFP.
"C'est Baye Ag Diknane, un responsable du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad, MNLA), qui a commandité le coup. Il est actuellement entendu par les forces internationales à Tessalit. Il est arrêté", a-t-il ajouté.
Une source militaire africaine à Kidal a confirmé la libération des otages, indiquant d'après le témoignage de l'un d'eux, que les ravisseurs ont utilisé "un véhicule avec drapeau du MNLA".
Les rapts n'ont pas été revendiqués mais, dès samedi, deux sources administrative et ministérielle maliennes avaient accusé des membres du MNLA d'en être les auteurs.
Le MNLA avait pris le contrôle de Kidal en février 2013, à la faveur de l'intervention de l'armée française en janvier 2013 qui avait permis de chasser ses anciens alliés jihadistes ayant occupé le nord du Mali pendant près de dix mois.
Les rebelles touareg ont refusé la présence de l'armée et de l'administration maliennes à Kidal jusqu'à la signature, le 18 juin à Ouagadougou, d'un accord avec le gouvernement malien ayant permis le cantonnement dans la ville de ses hommes, en parallèle avec l'arrivée début juillet de 150 soldats maliens, puis du retour de l'administration.
Craintes de "fraudes"électorales
Les enlèvements se sont produits au lendemain de violences dans la ville de Kidal entre Touareg et Noirs ayant fait officiellement entre les 18 et 19 juillet quatre morts et plusieurs blessés.
Depuis samedi, le calme régnait dans la ville, où ont patrouillé des soldats de l'ONU et de l'armée malienne, selon des résidents. Mais l'inquiétude est montée d'un cran avec la découverte de la bombe artisanale, qui a créé un mouvement de panique, d'après des témoins.
Ces derniers développements font planer le doute sur la possibilité d'organiser la présidentielle à Kidal. Un des 28 candidats dont les dossiers ont été validés, Tiébilé Dramé, a annoncé le 17 juillet son retrait de la course en dénonçant les conditions de préparation du scrutin, particulièrement à Kidal.
Lors d'un meeting samedi à Bamako, Soumaïla Cissé, un des candidats donnés favoris, s'est dit inquiet face à "des risques de fraudes généralisées"à l'élection.
Dans d'autres milieux, s'expriment des préoccupations sécuritaires pour ce pays de 1.240.000 km2 éprouvé par 18 mois de crise politique et une guerre contre les jihadistes menée avec l'appui déterminant de la France et son opération Serval, ainsi que d'autres troupes étrangères.
En dépit d'une "dynamique de succès militaires répétés", le Mali n'est pas "complètement stabilisé", a reconnu le général Grégoire de Saint-Quentin, qui a dirigé l'opération Serval au Mali. "Il faut du temps pour reconstruire" toutes les structures mises à mal ou détruites par les groupes armés", a-t-il dit à l'hebdomadaire français Le Journal du Dimanche.
D'après une source militaire malienne dimanche, un groupe de soldats maliens qui se dirigeait vers Aguelhoc, localité au nord-ouest de Kidal, a été prié de "rebrousser chemin" par les forces françaises présentes dans la zone, ce qu'il a fait "pour ne pas envenimer la situation". Aucun détail n'a été fourni.
Interrogé sur ce sujet par l'AFP à Paris, le porte-parole du ministère français de la Défense, le colonel Thierry Burkhard, a simplement répondu: "Les forces françaises n'ont pas vocation à donner d'ordre à des militaires maliens".
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