1. Resume
Le Mali est affecté par une crise politique, sécuritaire et humanitaire d’une ampleur et d’une complexité sans précédent. Le conflit armé affectant les 3 régions nord du Mali depuis 2012 a connu une escalade en janvier 2013, lors de la prise de Konna, ville située à environ 70 km de Mopti, par les groupes armés. Cet événement a déclenché l’offensive de l’armée malienne soutenue par la France et la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) qui a permis de rétablir progressivement la sécurité dans les grands centres urbains du Nord. La situation sécuritaire restant toutefois critique et volatile, le Conseil de sécurité a décidé, le 25 avril 2013 via la Résolution 2100 et en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, de créer une Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui comprendra un effectif total allant jusqu’à 12 640 Casques bleus et policiers.
Ce conflit a généré, à la date du 1er mai, 300 783 personnes déplacées internes (PDI) et provoqué un mouvement de 174 129 réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger, exerçant une pression lourde et croissante sur les ressources économiques des ménages qui les ont accueillis, sur les structures de santé, d’éducation, les infrastructures d’eau et d’assainissement. Les besoins humanitaires liés au conflit armé sont importants et s’ajoutent aux besoins préexistants et générés par les crises alimentaires et nutritionnelles de 2012. Selon les dernières évaluations des besoins, 1 396 355 personnes auront besoin d’une assistance alimentaire immédiate d’ici la fin de l’année 2013 et 2 073 162 personnes seront sous pression d’insécurité alimentaire. Bien que la saison agricole 2012-2013 ait été globalement bonne, la seule production agricole ne suffira pas à assurer la sécurité alimentaire des ménages. De plus, la hausse des prix (toujours au-dessus de la moyenne 2009-2012 dans plusieurs régions) a affecté le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres. En outre, l’insécurité a conduit à des dysfonctionnements majeurs des marchés céréaliers et animaliers, et même à la fermeture de marchés et de certaines frontières internationales, ce qui a impacté à la fois sur les prix et sur la disponibilité des denrées de base sur les marchés. Les acteurs de la nutrition estiment, quant à eux, qu’en 2013, 660 000 enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë globale (MAG), parmi lesquels 210 000 souffriront de malnutrition aiguë sévère (MAS) et 450 000 de malnutrition aiguë modérée (MAM). Le conflit au Nord-Mali ainsi que les crises alimentaires et nutritionnelles ont eu un impact non négligeable sur les besoins en eau, hygiène et assainissement.
En effet, 41% des forages équipés de pompes manuelles et 18% des 1 653 puits au nord étaient non fonctionnels en mars 2013, poussant davantage les ménages à consommer de l’eau provenant de sources non améliorées. Les problématiques d’accès à l’eau potable et à des structures d’assainissement constituent un risque majeur de propagation d’épidémies et autres maladies vectorielles, et représentent ainsi un frein structurel à l’amélioration de l’état nutritionnel et sanitaire des populations, particulièrement des enfants.
Le secteur éducatif est également fragile. En effet, plus de 2 500 écoles ont un besoin de renforcement des capacités d’accueil et des équipements ou de mise en place de cantines scolaires.
La révision à mi-parcours du Processus d’Appel Consolidé (Consolidated Appeal Process / CAP) se base sur un scénario de planification révisé prenant notamment en considération la persistance de violences armées, le déploiement de la MINUSMA, le processus électoral qui devrait se matérialiser lors du second semestre 2013, la persistance de la crise alimentaire et nutritionnelle, le risque de recrudescence d’épidémies et la prévalence de catastrophes naturelles. La communauté humanitaire au Mali se fixe, d’ici la fin 2013, quatre objectifs stratégiques:
Réduire la mortalité et la morbidité des personnes vulnérables et des communautés affectées par la situation politique, socio-économique, alimentaire, sanitaire et nutritionnelle.
Contribuer à la protection des personnes et des communautés affectées par les crises, notamment par les violences basées sur le Genre, les violations des droits de l’homme, l’enrôlement des enfants dans des groupes armés et les restes d’explosifs de guerre abandonnés et non explosés.
Contribuer à renforcer les capacités de résilience et les moyens de subsistance des personnes et des communautés affectées en mettant l’accent sur la prévention des risques et la préparation aux crises.
Renforcer et élargir l’espace humanitaire, fournir une assistance impartiale et adéquate en améliorant la préparation de l’assistance humanitaire et sa coordination.
Pour atteindre ces objectifs, 72 partenaires humanitaires (organisations non-gouvermentales / ONGs et agences des Nations Unies) ont soumis 175 projets qui ont été approuvés pour une valeur totale de US$475 851 924