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Mali: Les réfugiés dans l’attente des élections

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Source: Caritas
Country: Burkina Faso, Mali, Niger

Combien y a-t-il de réfugiés maliens au Burkina Faso ?

Près de 45 000 personnes fuyant les combats au Mali se sont installées dans notre pays. Les premiers sont arrivés en février dernier. Ils sont allés à Ouagadougou, la capitale, ou sont restés dans le nord du Burkina Faso, près de la frontière avec le Mali. En 2009 et 2010, nous avions accueilli une première vague de réfugiés, nous avions donc déjà une maîtrise de l’organisation à mettre en place pour les recevoir.

Les réfugiés envisagent-ils de rentrer chez eux après l’élection présidentielle malienne qui doit avoir lieu les 28 juillet et 11 août ?

Ils espèrent que la situation va se stabiliser après l’élection mais beaucoup d’incertitudes restent. Dans le cadre d’un journal commun avec d’autres Caritas des pays du Sahel (Mali, Niger et Sénégal) (exemplaire en accès PDF ci-dessous), nous avons rencontré de nombreux réfugiés en tête-à-tête pour mieux les connaître : la majorité veut rentrer mais la peur est encore très présente.

Certains sont animés par la vengeance, ils s’estiment victimes d’une agression, c’est pourquoi nous travaillons à une réconciliation à l’intérieur même des camps. Cela va demander du temps.

Comment sont installés ces réfugiés ?

Ils sont dans des camps mis en place par les structures gouvernementales et appuyés par les ONG, dont la Caritas locale appelée l’Ocades. Le premier est à Dori, dans le nord du pays et le second est à cinq kilomètres de la capitale burkinabé. Les personnes y habitent des tentes, bénéficient de soins et d’accompagnements psychologiques.

À travers le Programme alimentaire mondial, ils reçoivent de la nourriture. Les réfugiés participent aussi à la gestion du camp, ils élisent des interlocuteurs pour les structures gouvernementales et les ONG et participent à la sécurisation du camp.

Quelles actions menez-vous avec l’Ocades auprès d’eux ?

Nous intervenons principalement sur l’éducation à l’environnement. Nous dotons les réfugiés en énergie domestique en distribuant du bois et nous leur apprenons à faire des foyers améliorés (qui gardent mieux la chaleur et nécessitent moins de bois). Avec l’afflux massif de population, l’équilibre environnemental peut être perturbé : il est indispensable de prendre en compte ce facteur pour éviter d’aggraver la situation de la région.

Notre volonté est surtout que les habitants des camps accèdent à un peu d’autonomie. Nous avons mis en place la possibilité de faire du « cash-transfert », c’est-à-dire qu’une personne puisse faire des petits boulots dans le camp et soit rémunérée en échange.

Y a-t-il beaucoup de conflits entre réfugiés et populations locales ?

Comme partout, il faut travailler à la cohésion sociale. Pour cela, nous organisons des théâtre forum dans les camps, c’est-à-dire une pièce de théâtre durant laquelle on demande aux spectateurs d’identifier les problèmes et de trouver une ou des solutions. Cela pousse à l’implication des uns et des autres.

Nous proposons aussi des sensibilisations et des « causeries ». Ces dernières sont mises en place régulièrement et amènent une cinquantaine de participants à débattre de thèmes comme la paix, en présence d’un animateur de l’Ocades et d’un interprète réfugié. Il y a un dialogue à nouer entre Maliens et Burkinabés, mais il y a aussi un dialogue à nourrir entre différentes communautés au sein même des réfugiés.

Propos recueillis par Sophie Lebrun

Quatre Caritas auprès des déplacés et réfugiés

Environ 203 840 personnes ont été déplacées par le conflit au Mali selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Tous fuient l’insécurité, palpable dans certaines régions du Mali. Pendant ce temps, au nord du pays, beaucoup sont sous la menace de vives tensions alimentaires.

En appui au travail des quatre Caritas dans cette zone où le conflit s’étend sur le plan humanitaire, le Secours Catholique–Caritas France s’engage jusqu’en décembre 2013 auprès de 78 404 personnes : réfugiés, déplacés, autochtones, éleveurs, et bénéficiaires de mesures favorisant la santé, l’éducation, le retour dans sa localité, la cohésion sociale…

Cinq résultats sont attendus : Un filet de sécurité alimentaire pour les déplacés, réfugiés et habitants vivant à côté des camps de réfugiés. Des vivres sont actuellement fournis à 2 800 ménages déplacés et à 2 044 ménages réfugiés au Mali et au Niger. Au Burkina Faso, une aide financière va être donnée à 1 000 familles réfugiées et à des autochtones eux aussi victimes de la crise pour la constitution d’un cheptel familial et la vaccination de 20 000 bovins. Toujours au Burkina Faso, 500 fours économiques en énergie seront distribués à ces mêmes populations.

Des médicaments seront fournis à des centres de santé - 2 000 personnes y sont soignées - et 200 « kits d’habitat » (tentes, couvertures…) ont été distribuées à des familles maliennes déplacées. Trois mille kits scolaires (fournitures…) leur seront donnés.

La cohésion sociale entre autochtones, déplacés, et réfugiés continue à être soutenue (Mali, Burkina Faso, Niger). La sensibilisation à cette question touche environ 1 500 personnes grâce au travail de 58 éducateurs et agents de Caritas.

Des déplacés du Mali pourront retourner chez eux. Le voyage de mille d’entre eux est financé, 774 autres familles de retour au village, ayant reçu des semences céréalières et maraîchères, peuvent espérer des jours meilleurs.

En juin, le Secours Catholique–Caritas France a attribué 252 000 euros aux quatre Caritas pour cette opération sur un projet qui s’élève, au total, à 3 055 134 euros. La partie du budget à proprement parler humanitaire atteint, elle, 2 277 598 euros.


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