07/11/2013 12:28 GMT
Par Serge DANIEL
BAMAKO, 11 juillet 2013 (AFP) - Le gouverneur de Kidal, berceau des Touareg dans le nord-est du Mali, a regagné la ville jeudi après un an et demi d'absence, marquant le retour formel de l'administration centrale pour y préparer le premier tour de la présidentielle du 28 juillet.
"Je suis heureux de regagner mon poste, la priorité est évidemment l'organisation de la présidentielle", a déclaré à l'AFP le colonel Adama Kamissoko, accompagné de plusieurs autres responsables régionaux, avant son départ de l'aéroport de Bamako. "J'espère que tout se passera bien", a-t-il ajouté.
Ce retour marque celui de l'administration centrale malienne, absente de Kidal (située à 1.500 km de Bamako) depuis le début de l'année 2012.
L'armée malienne avait alors été mise en déroute par une offensive des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) alliés à des groupes islamistes armés de la mouvance Al-Qaïda qui avaient occupé tout le nord du Mali, abandonné par les représentants de l'Etat central de Bamako.
Les groupes jihadistes ont depuis été en grande partie chassés de la zone par une intervention armée internationale initiée par la France, entamée en janvier et toujours en cours, qui permet le retour progressif des fonctionnaires.
Mais les tensions restent vives à Kidal entre partisans et opposants du retour de l'armée il y a près d'une semaine. Celui-ci s'est fait parallèlement au cantonnement des combattants du MNLA, conformément à un accord de paix signé en juin à Ouagadougou.
Plusieurs manifestations des deux camps ont eu lieu depuis. Deux soldats de la Minusma, la force de l'ONU au Mali, et un Français, également présents dans la ville, ont été blessés par des jets de pierres et des dizaines d'habitants, affirmant craindre des violences de la part des Touareg, se sont réfugiés dans un camp militaire.
Deux civils, grièvement blessés par balles mercredi par des hommes armés, ont dû être évacués vers Gao, la grande ville du nord du Mali située à 300 km au sud de Kidal.
Interrogations sur le vote à Kidal
Déjà mauvaises avant le début du conflit, les relations entre communautés noires majoritaires au Mali et les "peaux rouges", membres des communautés arabe et touareg, se sont depuis considérablement dégradées, ces derniers étant assimilés aux groupes jihadistes, considérés comme les responsables des malheurs du pays.
Le premier tour de la présidentielle, censée amorcer la réconciliation et rétablir l'ordre constitutionnel interrompu par un coup d'Etat en mars 2012, doit en principe se tenir à Kidal à la fin du mois comme dans le reste du Mali.
Mais les tensions actuelles et l'impréparation du scrutin dans la ville font craindre que le scrutin ne puisse avoir lieu comme prévu. Selon un haut responsable malien, "si la situation continue à se dégrader à Kidal, on peut se demander si on peut envisager sur le terrain une campagne électorale, et même des élections".
L'armée malienne a accusé le MNLA de violer l'accord de paix de Ouagadougou et le MNLA exige la libération de détenus conformément à cet accord et le départ de Kidal des "milices" anti-touareg qui, accuse-t-il, sont entrées dans la ville avec les soldats maliens.
L'émissaire de l'ONU au Sahel, Romano Prodi, s'est dit inquiet mercredi pour le déroulement de la campagne présidentielle, soulignant en particulier le problème du vote des réfugiés et déplacés - environ 500.000 dont on ne sait pas s'ils pourront voter - et la nécessité de meilleures conditions de sécurité.
Une délégation de la Commission dialogue et réconciliation (CDR), mise en place en mars mais qui n'a pour l'instant pas beaucoup avancé dans ses travaux, est arrivée jeudi matin à Gao, a constaté un journaliste de l'AFP.
Elle est conduite par son président, Mamadou Salia Sokona, qui a estimé que "le travail de réconciliation est également un travail de terrain et il était normal que je fasse le déplacement avec mon équipe".
Les membres de la CDR iront ensuite à Tombouctou (nord) et Mopti (centre), mais il n'est pas prévu qu'ils aillent à Kidal, signe supplémentaire que, dans cette ville, la réconciliation n'est pas encore à l'ordre du jour.
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