Conseil de sécurité CS/11057
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, M. Said Djinnit, a affirmé, ce matin devant le Conseil de sécurité, que la sous-région continuait de faire face à de multiples défis politiques et sécuritaires liés principalement à la criminalité transnationale organisée, aux actes de piraterie et de terrorisme ainsi qu’aux tensions résultant d’élections dans certains pays.
« L’Afrique de l’Ouest qui est, plus que jamais, à la croisée des chemins dans sa quête de paix et de sécurité, mérite une attention accrue des Nations Unies », a déclaré M. Djinnit, qui présentait le rapport du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA) au cours des six derniers mois.
Le Chef du Bureau s’est dit encouragé par l’engagement manifesté par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue de renforcer l’architecture collective de paix et de sécurité, tirant ainsi les leçons des défis rencontrés dans la réponse régionale à la crise au Mali.
Pour M. Djinnit, les dirigeants des pays de l’Afrique de l’Ouest et de leurs institutions régionales, telle la CEDEAO, comptent sur « l’attention et le soutien continus » de l’ONU et de son Conseil de sécurité aux efforts qu’ils déploient en vue de promouvoir la paix, la stabilité et le développement à long terme dans la sous-région.
Le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, dont le mandat expire le 31 décembre 2013, est engagé à « consolider le précieux partenariat » forgé avec les autres entités de l’ONU présentes dans la sous-région, la CEDEAO et d’autres organisations continentales et régionales, notamment l’Union africaine et l’Union du fleuve Mano, « afin de promouvoir et consolider la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest », a-t-il ajouté.
« Dans ce contexte, nous continuerons à encourager les processus de dialogue comme la voie la mieux indiquée pour résoudre les conflits et les différends. »
Dans son exposé, le Représentant spécial a souligné que depuis sa dernière intervention devant le Conseil de sécurité, le 25 janvier 2013, la situation humanitaire dans la sous-région continuait d’être caractérisée par l’insécurité alimentaire et la malnutrition, face à une diminution des ressources financières.
Le Chef du Bureau a également fait part de ses graves préoccupations concernant le caractère complexe et transfrontalier des défis posés par les groupes extrémistes et des organisations terroristes.
Pour relever ces défis, a poursuivi M. Djinnit, les dirigeants de la sous-région ont fait preuve d’un grand engagement collectif en vue d’améliorer la sécurité et promouvoir la paix et la stabilité dans le cadre de la CEDEAO et d’autres organisations régionales telles que l’Union du fleuve Mano.
Outre les efforts louables déployés par la CEDEAO et ses dirigeants pour répondre aux crises au Mali et en Guinée-Bissau, l’organisation régionale a poursuivi ses efforts visant à promouvoir des solutions pacifiques aux différends entre ses États membres, a-t-il dit, en précisant qu’un certain nombre de différends frontaliers avaient ainsi pu être résolus ou sont soumis à des procédures de règlement pacifique.
En ce qui concerne la Guinée, M. Djinnit a souligné qu’un accord avait été conclu le 3 juillet, prévoyant un calendrier consensuel pour la tenue de l’élection législative en septembre 2013. Cet accord, a-t-il dit, a « ouvert la voie à la tenue d’élections législatives libres, transparentes et inclusives susceptibles, enfin, d’orienter toute l’énergie du Gouvernement et du peuple guinéen vers la transformation socioéconomique et le développement du pays ».
Il a remercié le Conseil de sécurité, la formation Guinée de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et d’autres partenaires internationaux, régionaux et bilatéraux pour leur soutien aux efforts qu’il a déployés, avec les facilitateurs nationaux, afin de rétablir le dialogue et de promouvoir un accord entre les parties.
La piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée constituent une autre menace régionale à la sécurité des pays d’Afrique de l’Ouest, a d’autre part expliqué M. Djinnit. C’est un phénomène qui, a-t-il dit, « affecte négativement le transport et le commerce international par voies maritimes dans cette région, et risque de compromettre durablement le développement économique des pays du littoral et des pays enclavés ».
Il a souligné que la détermination des dirigeants de la sous-région à mettre en place un cadre de lutte contre la piraterie et le vol à main armée en mer s’était concrétisée lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), de la CEDEAO et de la Commission du golfe de Guinée (CGG) qui s’est tenu à Yaoundé, au Cameroun, les 24 et 25 juin derniers.
Le Sommet a adopté trois documents stratégiques clefs, à savoir le Code de conduite relatif à la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires, et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et centrale; le Mémorandum d’entente entre la CEEAC, la CEDEAO et la CGG sur la sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre; et une déclaration politique.
Il a par ailleurs été décidé que la CEEAC, la CEDEAO, la CGG, le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) et le Gouvernement du Cameroun œuvreraient conjointement au développement d’un programme d’action sur la sécurité maritime.
La région du Sahel représente la troisième zone de vulnérabilité en Afrique de l’Ouest, comme cela s’est manifesté à travers la crise du Mali, a poursuivi le Chef du Bureau. Cette région, a-t-il fait observer, « enregistre une concentration importante d’indicateurs de vulnérabilité qui se traduisent, notamment, par la dégradation de l’environnement, la désertification, l’insécurité alimentaire, les trafics d’armes et de drogues et le terrorisme ».
Cette fragilité de la région du Sahel souligne, a-t-il estimé, « toute la pertinence de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel qui vise à compléter les efforts des pays de la région et des organisations régionales afin de remédier aux causes profondes de l’instabilité le long de la bande sahélo-saharienne et ses conséquences ».
De même, le Représentant spécial a rappelé que la récente adoption par le Sommet de la CEDEAO de la stratégie sur la lutte contre le terrorisme et le renouvellement du Plan d’action régional contre le trafic de drogues, la criminalité transnationale organisée et l’abus de drogues représentaient des « développements encourageants qui doivent désormais être traduits en actions concrètes, avec le soutien de la communauté internationale ».
Évoquant notamment l’attaque terroriste du 6 juillet dernier perpétrée contre une école dans l’État de Yobe, qui a causé la mort de 42 personnes innocentes, dont des étudiants, alors que l’état d’urgence était encore en vigueur dans cette région, M. Djinnit a souligné « la détermination des groupes terroristes à semer la terreur et la désolation », tout en relevant la « complexité du problème ».
« Les relations avérées entre les groupes terroristes opérant dans la sous-région exigent une action concertée et d’ampleur régionale face à cette menace », a-t-il déclaré, en précisant qu’une telle action « doit également se pencher sur les causes profondes de l’instabilité et inclure naturellement la dimension des droits de l’homme ».
Pour le Représentant spécial, « le défi que posent les tensions liées aux élections et l’impact négatif du manque de gouvernance et de régulation des forces de défense et de sécurité dans certains pays demeurent également une source de préoccupation en Afrique de l’Ouest ».
Il a indiqué que, dans le cadre de la prévention des tensions électorales, l’UNOWA, en relation avec les équipes de pays des Nations Unies dans les pays concernés, continuait d’intervenir « par le biais de missions de bons offices, en vue de créer des conditions propices à la tenue d’élections apaisées, comme c’est le cas en Guinée ».
Par ailleurs, en sa qualité de Président de la Commission mixte Cameroun-Nigéria (CMCN), M. Djinnit a mis l’accent sur les progrès significatifs enregistrés dans l’abornement de la frontière entre les deux paysà la suite des bons offices et du processus de renforcement de la confiance dirigé par les Nations Unies.
Le Représentant spécial a annoncé que la dernière réunion du Comité de suivi, qui marque la fin de la période de transition avant le transfert de souveraineté sur la péninsule de Bakassi au Cameroun, sera convoquée en septembre prochain à New York, en marge de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST
Rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest ( S/2013/384)
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport, qui couvre la période du 1er janvier au 30 juin 2013, donne un aperçu d’ensemble de l’évolution des faits dans chaque pays, dans l’ensemble de la région et à travers les frontières, en Afrique de l’Ouest.
Il présente les activités menées par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest dans les domaines de la diplomatie préventive, de l’alerte rapide et de la création de capacités face aux menaces et aux difficultés émergentes qui compromettent la paix et la stabilité de la région.
Son rapport présente également le travail accompli par le Bureau pour mettre en valeur les synergies, notamment avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union du fleuve Mano et l’Union africaine, pour servir la paix et la stabilité dans la sous-région.
Le Secrétaire général observe que l’Afrique de l’Ouest continue d’être confrontée à de nombreux problèmes sur le plan de la paix et de la sécurité, principalement en raison de l’instabilité dans la région du Sahel, qui s’est tout récemment manifestée au Mali, ainsi qu’en raison des effets de la criminalité transnationale organisée et des problèmes transfrontières affectant les pays du bassin du fleuve Mano et du golfe de Guinée.
Les dirigeants de la CEDEAO et de l’Union du fleuve Mano ont fait preuve d’une volonté fort louable de renforcer les capacités régionales de prévention des conflits et de mettre en place une structure de sécurité collective, écrit-il, en encourageant les partenaires internationaux à apporter à ces efforts l’aide diversifiée nécessaire.
Les tentatives récentes faites par des groupes terroristes pour déstabiliser le Niger montrent assez le risque d’un débordement de la crise malienne sur les pays voisins du Mali. Ces tentatives rappellent aussi la nécessité de demeurer vigilants au sujet du Sahel et d’aider les pays de la région à éliminer les causes profondes de l’instabilité.
La mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel suppose l’engagement soutenu des organismes des Nations Unies au cours de plusieurs années. Pour maximiser son impact sur la région, cette mise en œuvre devra s’appuyer sur un engagement solide du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et du système des Nations Unies dans la région en vue de la création d’un mécanisme bien maîtrisé au niveau régional.
Les capacités régionales d’alerte rapide, dans l’ensemble du Sahel, seront renforcées sous l’impulsion du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest avec l’aide de tous les organismes des Nations Unies qui appliqueront la stratégie.
M. Ban se dit en outre préoccupé par l’impact de plus en plus lourd du terrorisme sur les pays de la sous-région, comme le montrent les prises d’otages et les attentats terroristes perpétrés durant la période considérée.
Il se réjouit cependant de l’adoption par la CEDEAO d’une stratégie sous-régionale de lutte contre le terrorisme et appelle la communauté internationale à faciliter sa mise en œuvre. Il demande instamment aux pays de la sous-région de travailler, par des réponses soigneusement adaptées, à l’élimination des facteurs qui engendrent le terrorisme et à la prévention de diverses menaces, parmi lesquelles figurent les discours incendiaires qui incitent à la violence et au terrorisme.
Le Secrétaire général se réjouit en outre des efforts du Gouvernement nigérian pour résoudre la crise déclenchée par le mouvement Boko Haram dans le nord-est du pays. Alors que les Nations Unies soutiennent pleinement le Nigéria dans les efforts qu’il fait pour lutter contre les actes de terrorisme, elles encouragent les autorités de ce pays à respecter les droits de l’homme et les normes internationales dans la conduite de leurs opérations militaires.
Il salue également les efforts récemment accomplis par les principaux acteurs en Guinée, en particulier le Président guinéen, pour créer l’espace d’un dialogue politique avec l’opposition, avec l’aide de l’équipe de facilitateurs dirigée par son Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest. Il appelle tous les acteurs guinéens à progresser rapidement et réellement dans leur dialogue afin de surmonter les obstacles techniques et politiques à l’organisation des élections législatives, trop longuement différées.
La criminalité transnationale organisée et le trafic illicite de drogues sont des menaces qui pèsent de plus en plus sur la stabilité de l’Afrique de l’Ouest. Il se réjouit de la décision de la CEDEAO de prolonger de deux années supplémentaires son plan d’action régional pour la lutte contre la criminalité organisée et le trafic illicite de drogues. Il encourage cette organisation à mettre à jour et réviser ce plan d’action par un processus détaillé et inclusif pour résoudre les questions complexes telles que le blanchiment d’argent et la coopération judiciaire régionale.
M. Ban trouve encourageants les efforts collectifs de la sous-région pour lutter contre la piraterie maritime, qui est une menace qui pèse de plus en plus sur la sécurité et les activités économiques. Il salue l’engagement de la Communauté économique des États d’Afrique centrale, de la CEDEAO et de la Commission du golfe de Guinée, qui ont décidé de développer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie, avec l’aide des Nations Unies, comme le prévoit la résolution 2039 (2012).
Il salue l’action de la Commission mixte Cameroun-Nigéria qui poursuit l’abornement de la frontière entre les deux pays et encourage les deux gouvernements à continuer à résoudre les derniers points de désaccord afin de mener à son terme le mandat de la Commission conformément à l’arrêt de la Cour internationale de Justice du 10 octobre 2002. La dernière réunion du Comité de suivi, qui marque la fin de la période de transition avant le transfert de souveraineté sur la péninsule de Bakassi au Cameroun, sera convoquée en septembre 2013 à New York, souligne le Secrétaire général.
- *** * À l’intention des organes d’information • Document non officiel