10/29/2012 19:17 GMT
Par Nicolas REVISE et Béatrice KHADIGE
ALGER, 29 oct 2012 (AFP) - La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a quitté lundi Alger après des discussions "approfondies" sur le Mali, avec le président Abdelaziz Bouteflika, et qui sont appelées à se poursuivre avec les partenaires impliqués dans la résolution de la crise.
Arrivée à l'aube dans la capitale algérienne pour une visite d'une dizaine d'heures, Mme Clinton a rencontré son homologue Mourad Medelci dès sa descente d'avion puis a eu des entretiens avec M. Bouteflika.
"Nous avons eu une discussion approfondie sur la situation dans la région et en particulier sur le Mali", a-t-elle souligné aux journalistes.
"Nous sommes convenus d'assurer le suivi de ces discussions par le biais de discussions d'experts et nous allons poursuivre ce travail en mode bilatéral et avec les partenaires de la région, en concertation avec l'Union africaine, la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) et les Nations unies pour essayer de trouver des solutions à ces problèmes", a-t-elle également déclaré.
"J'ai beaucoup apprécié l'analyse du président, fondée sur sa longue expérience, concernant les nombreux facteurs complexes inhérents à la sécurité intérieure du Mali, ainsi que sur la menace que le terrorisme et le trafic de drogue font peser sur la région et au-delà", a-t-elle ajouté.
Depuis avril, des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), leurs alliés touareg d'Ansar Dine et les jihadistes Mujao imposent la charia dans le nord du Mali et une partition de ce pays qui partage 1.400 km de frontière avec l'Algérie.
De plus, le Sahel est devenu un haut lieu de trafics en tous genres, en particulier d'armements depuis le conflit libyen en 2011.
Les autorités algériennes n'ont fait aucun commentaire à l'issue de cette visite lundi dans la soirée, mais de source américaine, M. Bouteflika n'a dit ni un "oui concret" ni un "non" à une intervention militaire de la Cédéao au Mali.
"Incontournable" Algérie
L'Algérie a toujours privilégié les règlements politiques, bien qu'elle n'aie plus exclu récemment le principe d'une intervention armée, à condition qu'elle soit exclusivement africaine et que son armée n'y participe pas directement.
Alors qu'elle a considérablement renforcé la surveillance de ses frontières sud, elle maintient des contacts avec une partie des islamistes, le mouvement Ansar Eddine, dont des émissaires sont déjà venus négocier sur son territoire.
Alger souhaiterait les associer à un règlement politique avec le Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA), des indépendantistes du nord malien initialement alliés aux islamistes qui les ont ensuite écartés.
Dotée d'une armée puissante, l'Algérie dispose de renseignements et d'une expertise en contre-terrorisme pour avoir combattu pendant dix ans le Groupe islamique armé (GIA), dont Aqmi est une émanation, et d'une influence auprès des Touareg pour avoir plusieurs fois facilité des pourparlers entre l'Etat malien et la rébellion.
Et sa coopération en matière de renseignements avec les Etats-Unis s'est récemment approfondie.
"L'Algérie étant l'Etat le plus puissant du Sahel, elle est devenue un partenaire crucial pour s'occuper d'Aqmi", expliquait un responsable du département d'Etat à bord de l'avion de Mme Clinton. "L'Algérie doit être au centre de la solution" à la crise malienne, insistait-t-il.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d'une force internationale de quelque 3.000 hommes au Mali, donnant jusqu'au 26 novembre à la Cédéao pour préciser ses plans.
Washington et Paris sont disposés à fournir un appui logistique à cette intervention et considèrent l'Algérie comme "incontournable" dans le règlement de cette crise.
L'Algérie redoute toutefois une "déstabilisation" de son territoire, où vivent 50.000 Touareg.
Le chef touareg algérien Mahmoud Guemama, député de Tamanrasset, région frontalière du nord malien, a estimé lundi qu'une intervention étrangère dans la région causerait "beaucoup de problèmes".
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