Dans la soirée du vendredi 16 mai dernier, le ciel s'est assombri et a libéré quelques millimètres d'eau sur le sol de la capitale tchadienne. Cela faisait 8 mois qu'aucune goutte de pluie n'était tombée sur le sol de N'djaména.
Au Tchad, les dernières pluies remontent au mois de septembre 2012.
En ce début de saison des pluies, les populations de N'djaména ont été soulagées de la tombée des premières gouttelettes d'eau. Les hommes et l'environnement ont souffert de cette sécheresse prolongée et des températures quotidiennes atteignant 50°C. Les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants ont payé le prix le plus lourd, avec des taux de mortalité particulièrement élevés.
Ces premières pluies de l'année qui ont arrosé le sol de la capitale tchadienne font rêver les populations de l'Est.
« La vie en saison sèche dans le sahel tchadien relève d'une gageure et de l'héroïsme », nous a confié, il y a quelques semaines, l'un des chefs traditionnels du département de Kobe. « Il faut être sorti des entrailles de Jupiter pour y survivre », ironisait un autre acteur humanitaire travaillant dans la région du Wadi Fira.
Dès le premier chant du coq, femmes, enfants et animaux domestiques partent chaque jour à la recherche d'eau.
Ils marchent parfois des dizaines de kilomètres.
CARE a compris l'ultime nécessité et l'urgence de sortir ces communautés vulnérables de la précarité et du cycle infernal des chocs climatiques récurrents. Le plus grand besoin des communautés rurales du département de Kobé (région de Wadi Fira, à l'est du Tchad) est l'EAU. Certaines populations évoquent la question de l'eau comme « l'alpha et l'oméga », c'est-à-dire le commencement et la fin de toute chose dans le Sahel tchadien.
CARE a donc développé des programmes d'adaptation communautaire au changement climatique.
L'objectif est de protéger et restaurer la résilience des moyens de subsistance de 36 villages.
C'est lors d'activités de sondage des eaux souterraines dans le canton de Erre que les équipes de CARE ont rencontré Mme Abiba, accompagnée de sa fille de 11 ans et de ses animaux (une dizaine d'ânes et une trentaine de moutons). Elle attendait à côté d'un puits de fortune creusé pas sa communauté il y 6 ans. « Cela fait plus de 20 ans que je fais la corvée quotidienne autour de ce puits et autour des autres puits de notre hameau », a-t-elle déclaré d'un air résigné. Mme Abiba est mère de 9 enfants. Le plus âgé a 16 ans et travaille désormais comme bouvier dans un village lointain, le plus jeune a 3 mois. Elle a la lourde responsabilité d'approvisionner en eau toute sa famille et ses animaux, ce qui l'oblige a marcher sur 18 kilomètres chaque jour pour aller chercher de l'eau. Il est difficile d'imaginer qu'une femme allaitante, portant un bébé de 3 mois sur son dos, soit obligée de se livrer à une telle corvée pour assurer la survie de sa famille.
A l'instar de Mme Abiba, des milliers de femmes vulnérables se sacrifient tous les jours pour assurer la survie de leurs familles.
Le manque d'eau dans le Sahel tchadien est, sans aucun doute, l'une des conséquences majeures du changement climatique.
C'est également le facteur prédominant du ralentissement de toutes les initiatives de développement communautaire dans cette région.
« Oui, nous voulons travailler la terre, nous voulons aménager des périmètres maraîchers et cultiver des légumes... mais où trouver de l'eau pour arroser ces semences ? », s'interrogent les femmes dans les villages de Bagourfou, Tordabi, Argawni...
Certains chefs de villages estiment que la construction des puits pastoraux est prioritaire sur la distribution des semences maraîchères et des petits ruminants : « il faut de l'eau, en quantité acceptable pour assurer la survie des cultures maraîchères et l'élevage des petits ruminants ».
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