Jusqu'à récemment, les femmes de la communauté Batwa, au Burundi, n'avaient pas accès à des services de soins pour accoucher et étaient contraintes de donner naissance à leur enfant chez elle, où beaucoup mourraient suite à des complications dues à l'accouchement. Mais aujourd'hui, des femmes comme Denise Ntakirutimana bénéficient d'un programme qui finance le développement de services de santé maternelle et infantile de qualité.
LES POINTS MARQUANTS
Pour mettre fin à la pauvreté il faut répondre aux problèmes des États fragiles où le développement humain accuse du retard.
Plus de 1,5 milliard d’êtres humains vivent dans des endroits déchirés par les conflits et exposés à la violence.
Le Centre mondial sur les conflits, la sécurité et le développement créé il y a un an par la Banque mondiale diffuse des connaissances et propose des solutions fondées sur la recherche dans des zones difficiles et souvent dangereuses.
30 avril 2013–Que faut-il faire pour mettre fin à l’extrême pauvreté à l’horizon 2030 ? La réponse réside en partie dans les situations de fragilité et de conflit (on parle de « situations », car des pays par ailleurs stables comprennent parfois des régions ou provinces fragiles). Plus de 1,5 milliard de personnes vivent dans des zones ravagées par les conflits et la violence extrême, où l’État ne fonctionne pas correctement et où le développement humain de base a cessé de s’améliorer. Ces pays se caractérisent généralement par un taux de pauvreté élevé et une croissance économique anémique. Ils restent à la traîne du reste du monde dans la marche vers les objectifs du Millénaire pour le développement et leur retard risque de se creuser davantage, car d’autres pays en développement gagnent du terrain et s’intègrent davantage à l’économie mondiale.
Selon le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, ces pays et ces régions ne doivent pas pour autant être considérés comme des cas désespérés.
« On sait qu’il n’y a pas de solution toute faite », écrit M. Kim dans un blog intitulé Cinq angles d’action pour l’aide aux États fragiles. « Notre travail consiste à cerner les facteurs à l’origine des conflits, à mettre en œuvre de manière rapide et souple des actions prioritaires, à obtenir rapidement des résultats tangibles, à créer des emplois et à contribuer à une action coordonnée de tous les acteurs du développement. Il y a moyen de sortir les États fragiles de leur situation précaire. […] Le travail qui nous attend est considérable ».
Lors des récentes Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, le Comité du développement, qui représente 188 pays membres, a souscrit à l’objectif consistant à mettre un terme à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et a appelé de ses vœux une solide reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA) — le fonds de la Banque dédié aux pays les plus pauvres — en vue d’appuyer notamment les États fragiles , là où les difficultés sont les plus grandes.
Cette semaine, M. Kim se joindra aux spécialistes des problèmes propres à ces pays à l’occasion d’un forum organisé à Washington par la Banque mondiale sur le thème des situations de fragilité. Mercredi 1er mai, le président de la Banque mondiale a participé à la séance d’ouverture du forum, intitulé « Mettre fin aux conflits, réduire les situations de fragilité, mettre un terme à la pauvreté ». Au cours du mois, il se rendra, en compagnie du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans la région des Grands Lacs en Afrique, où le Pacte sur la sécurité signé récemment par onze pays de la région permet à la Banque mondiale et à d’autres intervenants de distribuer plus facilement leur aide au développement.
« La question est de savoir comment faire avancer les choses »
Selon le Rapport sur le développement dans le monde de 2011 sur les conflits, la sécurité et le développement, la création d’institutions peut prendre entre 20 et 30 ans, c’est-à-dire une génération. Les auteurs du rapport préconisent d’axer l’aide au développement sur la sécurité des citoyens, la justice, l’emploi et la mise en place d’institutions légitimes à même de prévenir les actes de violence répétés.
Sur la base de ces observations, l’IDA considère la recherche de solutions aux situations de conflit et de fragilité comme une priorité. En 2011, par ailleurs, le Groupe de la Banque mondiale a créé le Centre sur les conflits, la sécurité et le développement et l’a doté d’un personnel composé d’agents de la Banque en poste à Washington et à Nairobi (Kenya) dans le but de rapprocher un groupe de spécialistes du développement de nombreux pays en situation de fragilité et de conflit. Dirigé par Joel Hellman, le Centre envoie des spécialistes sur le terrain en fonction des besoins et a collaboré avec 23 équipes du Groupe de la Banque mondiale basées dans des États fragiles.
Reprise des activités au Mali et en Somalie
À la suite du coup d’État de mars 2012 au Mali, le Centre a réuni les membres du personnel qui travaillent dans les pays du Sahel (Mali, Mauritanie, Tchad, Niger et Sénégal) pour discuter des facteurs régionaux à l’origine des conflits sévissant au Mali et dans l’ensemble de la région et de la façon de « travailler différemment » pour accroître l’efficacité du développement. Selon Ousmane Diagana, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Mali, la Banque prévoit d’accroître la portée et l’efficacité de son aide à mesure qu’elle reprendra ses activités dans le pays.
« À la suite de la libération de la plupart des grandes villes du nord du Mali, nous entrevoyons la possibilité d’accroître la portée géographique de notre programme pour le rendre plus apte à répondre aux besoins locaux et pour offrir des prestations plus importantes et plus rapides », déclare M. Diagana. « Cette démarche nécessite l’utilisation d’instruments novateurs pour appuyer les processus gouvernementaux et rétablir les relations et le fonctionnement des services publics à l’échelle du pays en portant une attention particulière au Nord ».
La Banque relance aussi ses activités en Somalie après les avoir réduites en raison de l’incertitude politique.
« Nous avons dû agir rapidement lorsque de nouvelles possibilités d’intervention se sont offertes à nous », explique Bella Bird, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Somalie. « En Somalie, l’un des enjeux les plus urgents consiste à mettre en place un cadre de gestion des finances publiques et à permettre à l’État somalien de bénéficier des ressources d’autres bailleurs de fonds tout en reprenant progressivement le contrôle de ses propres sources de recettes ».
Accélérer les progrès
Dans les zones fragiles, l’objectif est de poursuivre et d’accélérer les progrès. De 2000 à 2012, les financements de l’IDA ont facilité la réinsertion de 550 000 anciens soldats dans la société. Un grand nombre d’entre eux ont trouvé un emploi grâce à des projets, qui ont permis de financer 17 millions de jours de travail, menés pour rétablir ou fournir un accès à l’eau, aux routes et à d’autres infrastructures. Environ deux millions de salles de classe ont été construites grâce aux fonds de l’IDA.
Au Burundi, un programme de santé novateur reposant sur le principe de la rémunération en fonction des résultats et appuyé par l’IDA, fournit des services de santé gratuits aux mères et aux jeunes enfants. Certains changements récents incitent les centres de soins à se préoccuper des populations mal desservies. Ces initiatives se sont traduites par une augmentation de 25 % des accouchements assistés par un personnel de santé qualifié dans des centres de soins et un accroissement de 10,2 % du nombre d’enfants complètement vaccinés.
Au Burundi, au Myanmar et au Népal, le Groupe de la Banque mondiale a l’intention de stimuler l’emploi et le développement du secteur privé en déclinant la gamme complète de services de trois de ses institutions : l’IDA, l’IFC, spécialisée dans la promotion de l’investissement privé, et la MIGA, qui offre des garanties aux investisseurs contre les risques.
Au Myanmar, le Groupe de la Banque mondiale participe à une initiative devant permettre d’accroître la production l’électricité de 120 mégawatts — de quoi alimenter cinq millions de personnes supplémentaires —, afin d’accélérer le développement du secteur et de transformer l’économie et l’existence des habitants dont seulement un sur quatre a accès à l’électricité. L’IFC envisage de réaliser des investissements visant à porter à 300 mégawatts le surcroît de capacité de production d’électricité.
Axel van Trotsenburg, vice-président de la Banque pour l’Asie de l’Est et la région Pacifique, observait récemment dans un blog (a) les bouleversements politiques et économiques qui secouent Myanmar. « Un sentiment d’espoir est perceptible et l’espérance d’assister prochainement à une amélioration du sort de la population ne cesse de croître ».
Les États fragiles s’expriment à travers le g7+
Enfin, les États fragiles se font entendre sur la façon d’accroître l’efficacité de l’aide pour accélérer les progrès en tant que membres d’un nouveau groupe — le g7+ (a)— formé en 2011 pour concevoir un nouveau modèle — la « nouvelle donne » (a) — et accroître les effets de l’aide dans les pays fragiles.
« Les pays du g7+ se concertent et discutent de leurs propres expériences, des enseignements qui s’en dégagent et de la possibilité de tirer parti des expériences des uns et des autres sur la façon d’échapper aux situations de fragilité », déclare Kyle Peters, vice-président de la Banque pour la Politique opérationnelle et les Services aux pays. « Nous soutenons pleinement cet effort, car il est essentiel que ces pays apprennent les uns des autres et formulent des solutions basées sur leur propre expérience ».