AG/SHC/4047
Troisième Commission
22e et 23e séances – matin et après-midi
Les droits de l’homme en Iran, la peine de mort, la corruption judiciaire, la violence contre les femmes handicapées, débattus avec les rapporteurs spéciaux
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay a exhorté les États Membres aujourd’hui devant la Troisième Commission à faire primer la protection de la vie humaine sur toute autre considération d’ordre politique ou économique, en particulier en Syrie actuellement.
La Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles a également dialogué avec les titulaires de mandats sur la situation des droits de l’homme dans la République islamique d’Iran; les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires; l’indépendance des juges et des avocats; et la violence sur la violence contre les femmes, ses causes et conséquences.
Mme Pillay a déclaré, en présentant son dernier rapport annuel*, que « la crise en Syrie, les transitions politiques, économiques et sociales difficiles et la situation au Sahel et dans la corne de l’Afrique, de même que la crise financière et économique mondiale, auraient pu être moins dramatiques si la protection des populations avait prévalu sur les considérations d’ordre politique ».
À cet égard, elle a estimé que « le mépris absolu affiché pour les droits de l’homme, le droit international humanitaire ou la vie humaine en général était un anachronisme qui ne saurait être toléré par la communauté internationale ».
Elle a exhorté les États « à trouver, d’urgence, une solution à la perte massive de vies parmi la population civile, et aux violations des droits de l’homme ».
Alors que l’année 2013 marquera le vingtième anniversaire de la création du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, elle a tiré le signal d’alarme concernant son budget étriqué, qui ne convient pas à l’élargissement continu des activités dont il a la responsabilité.
« Le pilier des droits de l’homme ne devrait pas devenir la Cendrillon de l’ONU », a-t-elle déclaré avec force à l’adresse des États Membres, avant d’exprimer son inquiétude quant au fait que le Secrétaire général a appelé à une croissance 2013-2014 avec une baisse de 5% du budget du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
Le représentant de la Syrie a saisi l’occasion du dialogue interactif avec Mme Pillay pour exprimer la préoccupation de son pays face à une « lecture unilatérale et manichéenne » faite par celle-ci de la crise syrienne. Il a regretté l’absence de référence au financement extérieur des groupes armés qui « attaquent le pays et ses infrastructures », et a estimé que l’appel lancé par la Haut-Commissaire en vue d’une intervention de la communauté internationale sortait du cadre de son mandat.
Le droit à la vie a également été fortement défendu dans une analyse de la peine capitale, thème du dernier rapport du Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires**, M. Christoff Heyns.
M. Heyns a jugé vital de réaffirmer que « le droit à la vie est le droit suprême, le droit des droits sans lequel aucun autre droit ne peut être exercé », et, qu’en conséquence, « l’égale protection de toutes les vies est au coeur du système international des droits de l’homme ».
Au titre de l’examen des situations relatives aux droits de l’homme et des rapports des rapporteurs et représentants spéciaux, la Commission a également tenu des dialogues avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran***, M. Ahmed Shaheed, qui a réitéré sa requête de visite dans ce pays.
Tout en reconnaissant les efforts du Gouvernement iranien sur le plan législatif et les mesures de grâce à certains détenus et prisonniers de conscience, M. Shaheed a dépeint un « climat de peur au sein de toute la société iranienne ». Il a rappelé, notamment, que cette année, l’Iran avait exécuté 10 personnes pour des affaires liées à la drogue.
La représentante de la République islamique d’Iran a répliqué que le rapport de M. Shaheed « était une illustration du deux poids, deux mesures » dont son pays est victime sur le plan international.
La Rapporteuse spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats****, Mme Gabriela Knaul s’est penchée, quant à elle, sur la corruption judiciaire et sur la lutte contre ce phénomène par le système judiciaire même.
La Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences*****, Mme Rashida Manjoo, a appelé pour sa part, à une approche transversale des droits des femmes handicapées, qui ont été au centre de son dernier rapport.
Elle a en particulier préconisé de cesser « leur infantilisation » et de mettre en place des mécanismes et des lois leur permettant de faire leur propre choix, en les préservant des nombreuses formes de violences abusant de leur handicap.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux jeudi 25 octobre à 10 heures, pour examiner les rapports et dialoguer avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 et d’autres titulaires de mandats.
** A/67/275
*** A/67/369
**** A/67/305
***** A/67/227