RÉSUMÉ
En 2012, la région sahélienne d'Afrique centrale et de l'Ouest a de nouveau connu une grave crise alimentaire suite à la sécheresse qui a affecté la production alimentaire, fait grimper les prix des denrées alimentaires et exposé des millions de personnes, déjà vulnérables de manière chronique, à une nouvelle année de rigueur et de faim.
Au plus fort de la crise, plus de 18 millions de personnes dans 9 pays ont été touchées, et la vie de plus d'1 million d'enfants a été menacée car les foyers ne parvenaient pas à se procurer suffisamment de nourriture pour survivre. Au Tchad, des femmes ont été contraintes de creuser dans des fourmilières pour trouver des graines, tandis que des centaines de milliers de familles à travers la région ont dû se contenter d'un seul repas par jour.
L'ampleur de la crise a certes été importante, mais elle n'aurait pas dû être inattendue.. Les épisodes de sécheresse sont devenus fréquents au Sahel, et la crise de 2012 est survenue peu de temps après des crises également liées à la sécheresse, en 2010 et en 2005, ainsi qu'une crise du prix des denrées alimentaires en 2008. De nombreuses communautés sont maintenant en situation de vulnérabilité chronique (230 000 enfants meurent des suites de sous-nutrition1, même les années de « bonnes » récoltes),2 alors les moindres chocs peuvent avoir des impacts désastreux.
La réponse humanitaire aux précédentes crises au Sahel et, plus récemment, dans la Corne de l'Afrique, a été largement critiquée pour avoir fait « trop peu, trop tard ». Début 2012, lorsque la crise a commencé, de nombreux États, donateurs et agences d'aide étaient déterminés à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Ils étaient décidés non seulement à apporter une réponse plus efficace à cette crise, mais aussi à en faire plus pour aider les communautés à développer leur résilience face aux inévitables chocs ou crises que leur réserve l'avenir.
Ce rapport s'intéresse à la manière dont les États, les donateurs et les agences d'aide ont réagi à la crise de 2012 et aux enseignements qu'il convient d'en tirer pour améliorer les prochaines interventions. Il s'appuie sur des entretiens approfondis avec le personnel d'Oxfam, d'autres agences, des donateurs et des représentants de gouvernements, sur des groupes de réflexion avec les communautés dans trois pays, sur les points de vue des organisations de la société civile dans six pays, ainsi que sur les dernières recherches concernant la sécurité alimentaire et la résilience dans la région.
L'analyse révèle que, si la réponse de 2012 a réellement été plus efficace à de nombreux égards que lors des précédentes crises, il subsiste des lacunes considérables auxquelles il faut remédier.