03/26/2013 21:14 GMT
Par André VIOLLAZ
NEW YORK (Nations unies), 26 mars 2013 (AFP) - Les Nations unies envisagent de déployer au Mali une mission de maintien de la paix forte de 11.200 hommes au maximum, accompagnée d'une "force parallèle" pour combattre les extrémistes islamistes.
"Etant donné le niveau et la nature de la menace résiduelle, il y aura absolument besoin d'une force parallèle opérant au Mali (et potentiellement dans la sous-région) aux côtés de la mission de l'ONU afin de mener des opérations importantes de combat et de contre-terrorisme", souligne un rapport du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon présenté mardi.
L'exigence d'une "force parallèle", non précisée, semble indiquer que l'ONU souhaite le maintien d'une présence militaire française en appui à sa "mission de stabilisation". La présence de cette force "sera nécessaire pour un certain temps".
Le texte ne fait pas référence explicitement aux troupes françaises et présente ce dispositif comme une des "deux options possibles soumises à l'examen du Conseil de sécurité".
L'autre option consiste à "renforcer la mission politique" de l'ONU au Mali tout en laissant à la Misma, la force panafricaine, le soin d'assurer la sécurité. La Misma serait assistée par "des efforts militaires bilatéraux, en soutien aux forces maliennes". Elle aurait alors un rôle "offensif et de stabilisation centré sur les groupes extrémistes armés".
Dans l'option Casques bleus, la "majeure partie" des troupes qui composent la Misma "seraient transférées dans une mission de stabilisation de l'ONU" qui comprendrait également 1.440 policiers. Elle serait déployée "essentiellement dans le nord, avec pour base logistique possible Gao ou Sevaré".
"Examiner soigneusement les risques"
Les Casques bleus seront juste assez nombreux pour sécuriser "les zones de population considérées comme présentant le plus grand risque", précise le rapport, qui a été soumis aux 15 pays membres du Conseil.
Avant de déployer ces Casques bleus, souligne le texte, il faudra d'abord que "les conditions politiques et de sécurité nécessaires soient en place" et il reviendra au secrétariat général de l'ONU d'en juger.
Sur ces "conditions politiques et de sécurité", Ban Ki-moon se montre très pessimiste dans son rapport.
"Même quand l'intégrité territoriale du Mali aura été pleinement restaurée, de nombreux risques subsisteront", souligne-t-il, citant "les attaques terroristes, la prolifération des armes, le trafic de drogue et d'autres activités criminelles". "Il faudra examiner soigneusement les risques" pour les Casques bleus, note-t-il.
"Le processus politique accuse un retard dangereux", constate aussi le secrétaire général, qui laisse entendre que "les conditions ne sont pas mûres pour la tenue dans le calme d'élections libres et crédibles et paisibles" au Mali.
"En l'absence de réconciliation, il y a peu de place pour un débat politique constructif et les élections pourraient provoquer un regain d'instabilité et même des violences", affirme-t-il.
A l'issue d'une visite d'une semaine au Mali à la mi-mars, Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, avait lui aussi brossé un tableau sombre, estimant "peu probable que les élections puissent se tenir d'ici juillet" comme prévu.
Dans le compte-rendu confidentiel de sa mission, dont l'AFP a eu copie, M. Mulet jugeait que l'influence que continue d'avoir l'ex-putschiste Amadou Sanogo "va rendre plus compliqué de mener des réformes significatives".
Il concluait que l'ONU se prépare à affronter au Mali "des menaces inédites, jamais rencontrées dans un contexte de maintien de la paix".
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