22 October 2012 – Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a souligné lundi la nécessité d'une souplesse et d'une coordination accrues entre acteurs internationaux pour permettre aux missions de répondre aux besoins des pays hôtes, alors que pèsent sur elles des contraintes financières de plus en plus sévères.
« Nous sommes le fruit d'un partenariat mondial. Afin de nous acquitter de nos mandats, nous avons besoin d'un soutien et d'une coopération renforcés entre le Conseil de sécurité, les États membres et le Secrétariat, de manière à trouver ensemble les moyens de répondre aux besoins des pays hôtes », a déclaré Hervé Ladsous lors d'une conférence de presse donnée au Siège des Nations Unies à New York.
« Cela suppose de nous montrer de plus en plus flexibles et réactifs, en particulier dans un contexte de contraintes budgétaires », a-t-il ajouté.
Actuellement, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), que M. Ladsous dirige, supervise 16 missions déployées dans le monde. Conformément à la Charte des Nations Unies, chaque État membre est juridiquement contraint de financer ces opérations sur la base d'un barème de quotes-parts. Ce sont également les États membres qui fournissent, sur une base volontaire, les contingents de Casques bleus.
Le budget des opérations de maintien de la paix pour l'année fiscale allant du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013 est d'environ 7,23 milliards de dollars – soit moins de 0,5% des dépenses militaires mondiales en 2010, selon le DOMP.
Lors de sa conférence de presse, le Secrétaire général adjoint a noté que les Nations Unies étaient en train de reconfigurer plusieurs missions « afin de veiller à s'adapter aux besoins sur le terrain ».
Les missions concernées sont la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT), cette dernière devant être retirée à la fin 2012.
« Tout bien considéré, nous voyons une réduction globale modeste qui nous offre l'opportunité stratégique de nous concentrer sur la qualité et les capacités de maintien de la paix », a estimé M. Ladsous, ajoutant que les contraintes actuelles exigeaient des missions de se montrer créatives et pleines de ressources dans la mise en œuvre des mandats que leur confie le Conseil de sécurité.
Hervé Ladsous n'a pas manqué d'évoquer la situation au Mali, où, a-t-il dit, les deux priorités demeurent le rétablissement de l'ordre constitutionnel et la reconquête, par ce pays, de sa souveraineté.
Actuellement dirigé par le Président par intérim, Dioncounda Traoré, le Mali fait face à une série de défis sur les fronts sécuritaire, politique et humanitaire depuis le début de l'année. Des combats entre forces gouvernementales et rebelles touaregs ont éclaté dans le pays au mois de janvier. Depuis, des islamistes radicaux ont pris le contrôle de la partie nord du pays, où ils appliquent une interprétation extrême de la charia, ainsi que des restrictions prenant en particulier les femmes pour cible.
Au cours d'une réunion qui s'est tenue la semaine dernière à Bamako, la capitale malienne, un consensus est ressorti entre les Nations Unies, les autorités maliennes, l'Union africaine et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur la nécessité de réaliser les deux priorités évoquées ci-dessus au travers de solutions politiques.
« Les Nations Unies se tiennent prêtes à assister les autorités maliennes dans le cadre d'un processus politique crédible qui réponde aux causes sous-jacentes de la crise afin de trouver une solution durable », a déclaré M. Ladsous, précisant que la possibilité d'une solution militaire à un moment donné n'était toutefois pas exclue.
Le DOMP, a-t-il souligné, a commencé de planifier avec les autorités maliennes, la CEDEAO et l'UA la mise au point d'une force d'intervention internationale qui serait en dernière instance nécessaire pour la reconquête du nord du Mali. Il a annoncé la tenue, dans la semaine, d'une autre réunion à Bamako pour réfléchir au concept d'opération avec toutes les parties prenantes concernées.
« Alors que les options pour une force militaire internationale sont à l'étude, une solution politique de long terme est la seule approche holistique possible de la situation », a-t-il ajouté.
Le 12 octobre, le Conseil de sécurité a adopté une résolution ouvrant la voie au déploiement possible d'une force militaire internationale pour restaurer l'unité territoriale du Mali.
Le Conseil appelle dans cette résolution le Secrétaire général Ban Ki-moon à soutenir le processus politique au Mali et de « mettre des spécialistes de la planification militaire et des questions de sécurité à disposition de la CEDEAO et de l'Union africaine pour mener à bien la planification conjointe qui permettrait à cette force internationale de voir le jour ». Les deux organisations régionales ont 45 jours pour faire connaître les modalités d'une telle opération.
Évoquant ensuite la crise persistante dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le Secrétaire général adjoint a affirmé que la Mission des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MONUSCO) remplissait son rôle de protection de la population civile aux côtés des forces armées gouvernementales. Il a toutefois souligné qu'« une action politique plus forte » était décisive pour trouver une solution durable.
« Les Casques bleus n'hésitent pas à utiliser les moyens à leur disposition, notamment les hélicoptères d'assaut, pour empêcher des actes indescriptibles d'être commis contre des civils », a-t-il expliqué.
Les provinces des Kivu sont le théâtre de combats entre les forces congolaises et le groupe rebelle armé du Mouvement du 23 mars (M23), formé de mutins. Plus de 300.000 personnes ont été déplacées par ces affrontements, qui se poursuivent depuis le mois d'avril.
« Il est déterminant que cesse tout soutien extérieur au M23 cesse et qu'un dialogue régional soit entamé », a indiqué M. Ladsous.
Rendant hommage à l'ensemble des Casques bleus présents sur le terrain, il a rappelé que jusqu'à présent cette année, 73 d'entre eux avaient perdu la vie au service de la paix.