La région de Gao, au nord du Mali, fait face à une grave insécurité alimentaire causée notamment par le manque de céréales sur les marchés, l’augmentation des prix et l’isolement, annonce aujourd’hui l’organisation internationale Oxfam.
Dans une évaluation récente menée en janvier-février 2013 dans le cercle de Bourem, l’une de ses zones d’intervention dans la région de Gao, Oxfam constate qu’à certains endroits, 80 pour cent des adultes, par manque de ressources, se privent afin de permettre aux enfants d’avoir au moins deux repas par jour. De surcroît, ils réduisent leur ration alimentaire quotidienne ou alors partagent les vivres qu’ils reçoivent en dons avec les voisins et d’autres membres de la famille.
Une enquête distincte sur les marchés du cercle indique qu’en janvier dernier, du fait de l’opération militaire, les prix des denrées de base ont augmenté jusqu’à 70 pour cent. Ces prix, anormalement élevés et largement au dessus de la moyenne des cinq dernières années, n’étaient pas stabilisés en février. Par ailleurs, Oxfam constate qu’en février 2013, le sorgho, le mil et le maïs n’étaient plus disponibles sur les marchés. Toutefois, la situation commence à s’améliorer. Quant aux autres denrées comme les pâtes, l’huile, le sucre et le riz, éléments de base dans l’alimentation de la population de Gao, elles provenaient de l’Algérie dont la frontière reste fermée.
En outre, la pénurie de carburant, dont les prix connaissent aussi une hausse, et les dommages causés par le conflit perturbent entre autres la fourniture en eau et en électricité de la ville de Gao.
L’intervention militaire menée au début de l’année a occasionné la fermeture des routes et le départ des principaux acteurs économiques qui ne sont pas revenus. De plus, les petits détaillants, dont une majorité de femmes, ont perdu leurs marchandises et leurs fonds suite à l’incendie du « marché des légumes » lors des combats au sol en février. Ce petit commerce permettait aux plus pauvres de s’approvisionner parce que ne pouvant acheter que par petites quantités.
Selon Philippe Conraud, Directeur pays d’Oxfam au Mali, « à Gao, les prix ont augmenté et le riz local a connu une flambée de plus de 50 pour cent depuis octobre dernier. Cela reste éprouvant pour la population qui, du fait de l’absence d’institutions financières, n’a pas d’argent liquide à sa disposition et ne pourra plus faire face à ses besoins essentiels si cela perdure ».
Face à ce constat, Oxfam invite les acteurs humanitaires et les bailleurs de fonds à se mobiliser pour apporter une réponse rapide aux plus vulnérables. Au 15 mars 2013, l’Appel d’urgence des Nations Unies pour le Mali était financé à hauteur d’un peu plus de 56 millions de dollars, soit seulement 17 pour cent, sur un montant total de plus de 386 millions.
Aussi, Oxfam craint-elle que la question sécuritaire ne fasse oublier les besoins humanitaires et appelle, dès aujourd’hui, les bailleurs de fonds à combler le manque de financements des secteurs-clés que sont la sécurité alimentaire, l’eau, l’hygiène et l’assainissement, la protection, l’éducation, la santé, et le soutien des moyens d’existence.
Pour les six prochains mois, Oxfam a besoin de plus de 9 millions de dollars en vue de mettre en place des programmes humanitaires dans les régions de Gao et de Ségou pour lesquels certains bailleurs, comme l’Office d'aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), ont déjà donné un soutien considérable.
Oxfam a pour objectif d’atteindre à Gao quelque 70 000 bénéficiaires par le soutien des moyens d’existence et des distributions de vivres dont la dernière en date a pris fin début mars 2013.
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