Pour l’équipe de Terre des hommes au Burkina Faso, la mission du jour consiste à rallier Inabao (zone frontière avec le Mali) où se trouvent 600 réfugiés, d’identifier parmi eux les enfants et leurs besoins et de contribuer à leur transport vers le camp de Goudébo, plus au sud. C’est en effet à Inabao que de nombreux Maliens se sont réfugiés afin de fuir les combats et les exactions. L’accès y demeure compliqué et les conditions de sécurité sont fragiles, seul le personnel local peut s’y rendre. Dénué de camps pour réfugiés à proprement parler (les normes des Nations Unies exigeant qu’un camp se trouve à au moins 50km des zones de combat), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a tout de même pu y implanter un centre de transit pour enregistrer et prendre en charge les nouveaux réfugiés.
Dori, au nord du Burkina Faso dans la région du Sahel, il est 6h du matin. C’est l’heure du départ pour Inabao. Le convoi est composé d’une dizaine de véhicules. Tout doucement, la longue ligne de poussière s’enfonce dans le Sahel burkinabé. L’ambiance dans le convoi y est bon enfant. Après trois heures de route, arrêt de 10 minutes pour effectuer une visite de routine au camp militaire de Tin Akof, mais une fois remontés dans les véhicules, les membres de l’équipe réalisent que le convoi s’apprête à rentrer dans la zone à risque d’Inabao: l’atmosphère change et la tension se lit sur les visages.
Lorsque le convoi atteint Inabao, il est environ 10 heures du matin. La police assure la sécurité. En effet, à seulement 18 kilomètres de là se trouve cette fameuse zone de non-droit où des groupes armés non étatiques demeurent présents malgré la reprise des grandes villes du nord. Bien conscients du danger, les membres de l’équipe souhaitent poursuivre la mission pour laquelle il se sont engagés. Sur place, 40° à l’ombre et aucune structure mise à disposition. L’enregistrement des réfugiés s’accomplit sous des abris de fortunes. Issus pour la plupart de Gossi ou Gao à plus de 100km d’Inabao, les réfugiés arrivent souvent exténués, désorientés et encore très marqués par ce qu’ils ont vécu. La plupart d’entre eux ont même dû laisser ce qu’ils détenaient derrière eux.
Il faut désormais effectuer le pré-enregistrement des enfants non accompagnés et séparés. Grâce notamment à Tdh et au HCR, un dispositif a été mis en place pour permettre aux équipes de procéder à la pose des bracelets d’identification. L’enregistrement se poursuivra au camp de Goudébo où sont déjà réfugiés 10'000 Maliens et ou l’action de Terre des hommes permettra aux enfants d’accéder aux services de protection et d’éducation.
A 14h, les équipes reprennent la route avec la satisfaction du devoir accompli. L’angoisse lors de l’arrivée à Inabao s’envole comme les grains de sable au passage du convoi. Le calme règne et la fatigue lui succède pour le reste du voyage. Après quatre nouvelles heures de route, l’équipe est de retour à Dori. A l’instar du témoignage de Mamadou Aliazi Toure, chef de zone pour Tdh dans la région du Sahel, ce voyage marquera à coup sûr les esprits: "Ayant parcouru le Sahel à travers les camps de réfugiés, ayant côtoyé la misère et l'insécurité des populations réfugiés au quotidien, deux possibilités s'offrent à soi, devenir totalement insensible à la souffrance d'autrui ou imaginer sa propre vie dans de telles conditions et décider d’agir."
Belle journée de travail…