10/19/2012 22:47 GMT
Par Stéphane BARBIER
BAMAKO, 19 oct 2012 (AFP) - De hauts représentant de la communauté internationale réunis vendredi à Bamako ont exprimé leur totale "solidarité" avec le Mali, en grande partie occupé par des islamistes armés, lui demandant de redoubler d'efforts pour faciliter l'envoi d'une force armée pour les combattre.
Au cours de cette réunion, les échanges "ont été francs et robustes", a déclaré le numéro deux de l'ONU, Ian Eliasson.
Mais au bout du compte, tout le monde a "été d'accord sur ce qui a déjà été fait et ce qui reste à faire", a affirmé, elle, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l'Union africaine (UA).
"Il y a des difficultés devant nous, mais si nous travaillons tous ensemble de manière coordonnée, cela rendra les choses plus faciles", a ajouté Mme Dlamini-Zuma lors d'une conférence de presse à l'issue de la rencontre.
Représentants de l'ONU, de l'UA, de l'Union européenne (UE), de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), mais aussi de pays voisins comme l'Algérie et la Mauritanie, ont estimé dans une déclaration commune que cette réunion avait "symboliquement marqué la réintégration du Mali dans la diplomatie multilatérale" au sein de la communauté internationale.
Elle "a donné l'occasion aux participants de s'unir dans la solidarité avec le peuple malien et de convenir avec l'Etat du Mali d'une mobilisation optimale en faveur (...) de la restauration de l'ordre constitutionnel, de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale du Mali", dont le Nord est occupé par des islamistes armés emmenés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)
Cette déclaration ouvre la voie à une reprise de la coopération sous tous aspects, y compris militaires, des partenaires internationaux du Mali.
La coopération avait été suspendue au lendemain du coup d'Etat du 22 mars qui a renversé le président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes armés islamistes.
Les militaires auteurs du putsch, dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, ont rendu le pouvoir à des autorités de transition, mais restent influents.
Elections "au premier trimestre" 2013
La déclaration de Bamako appelle les autorités maliennes "à redoubler d'efforts et à tirer profit de l'élan international actuel" en "renforçant la cohésion entre les institutions de la transition (...) pour la restauration de l'autorité de l'Etat" dans le Nord "et "l'organisation d'élections libres régulières et transparentes au cours du premier trimestre de l'année 2013".
Elle leur demande d'établir "une feuille de route détaillée avec des mesures concrètes assorties d'un chronogramme clair" pour réaliser ces objectifs, et de prendre "des mesures immédiates pour faciliter les efforts de la communauté internationale" en vue d'une intervention militaire pour reconquérir le Nord.
Une force armée de quelque 3.000 hommes venant de pays de la Cédéao est en préparation, avec l'aval de l'ONU.
Aucun détail sur sa composition précise et son financement ne figure dans la déclaration finale, un représentant de la Cédéao indiquant simplement qu'elle était "disponible" et que son "plan de déploiement sera enrichi par nos partenaires".
En ouvrant la réunion, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a avait souligné "l'urgence" d'une intervention armée étrangère pour libérer le nord de son pays. "Nous ne devons plus perdre la moindre seconde. Il y a un caractère d'urgence, nous sommes engagés dans une course contre la montre", a-t-il dit.
Il a remercié la communauté internationale pour son soutien au Mali depuis le début de la crise qui lui a permis de ne s'être "jamais senti seul". Il l'a assurée de "la totale collaboration du gouvernement".
Comme pour, eux aussi, souligner le caractère d'urgence que représente à leurs yeux la situation au Mali, Nkosazana Dlamini-Zuma et Jan Eliasson ont annoncé l'ouverture de bureaux permanents de l'UA et de l'ONU à Bamako pour mieux coordonner leurs actions respectives.
Très applaudie, Mme Dlamini-Zuma a fait part de son "engagement personnel" à l'égard du Mali, premier pays dans lequel elle se rend depuis son entrée en fonction à la tête de la Commission de l'UA le 15 octobre.
Démoralisée et sous-équipée, l'armée malienne n'est pas en mesure de reprendre le Nord où elle été laminée et où les islamistes imposent avec brutalité la charia (loi islamique), y commettant de nombreuses exactions: meurtres, lapidation, amputations, coups de fouets, destruction de monuments sacrés.
Le principe de l'envoi d'une force ouest-africaine est acquis, mais, a mis en garde M. Eliasson, il faudra être attentif aux conséquences "humanitaires" de l'intervention, ajoutant qu'il ne faudrait pas qu'elle "exacerbe les tensions".
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