02/22/2013 11:52 GMT
Par Anne LE COZ à Gao et Serge DANIEL à Bamako
GAO (Mali), 22 fév 2013 (AFP) - Cinq personnes ont été tuées vendredi dans un attentat-suicide visant des rebelles touareg à Tessalit (extrême nord-est du Mali), au moment où, plus au sud, des tirs étaient toujours entendus à Gao après de violents combats entre soldats maliens et français et islamistes armés.
L'attentat-suicide a été commis à l'aide de deux voitures piégées conduites par deux kamikazes à Inhalil, localité proche de Tessalit, près de la frontière algérienne, et visait des membres de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
Cette région montagneuse des Ifoghas, entre Kidal et Tessalit, sert de refuge à de nombreux islamistes armés liés à Al-Qaïda traqués par l'armée française depuis plusieurs semaines, mais est aussi le berceau des Touareg.
A Inhalil, à l'aube, "deux véhicules kamikazes ont explosé visant des civils et des combattants du MNLA. Il y a eu trois morts, et plusieurs blessés dans les rangs du MNLA et parmi les civils", selon une source sécuritaire malienne, contactée par l'AFP dans le Nord depuis Bamako.
L'information a été confirmée par un responsable du MNLA à Ouagadougou, Mohamed Ibrahim Ag Assaleh.
"Deux véhicules piégés ont explosé dans une base du MNLA à 05H30 (locales et GMT) à Inhalil, près de Tessalit, à la frontière algérienne", a déclaré à l'AFP M. Ag Assaleh. "Les deux kamikaze sont morts et dans nos rangs il y a trois morts et quatre blessés graves", a-t-il ajouté.
Il a accusé le groupe islamiste Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), d'être à l'origine de cet attentat.
Selon la source sécuritaire malienne, "les terroristes ont toujours affirmé qu'ils combattraient les forces françaises et leurs alliés, c'est ce qui s'est passé à mon avis".
Jeudi, un porte-parole de l'armée française, interrogé sur une éventuelle collaboration avec le MNLA, a déclaré "se coordonner" effectivement avec "les groupes qui ont les mêmes objectifs" que Paris.
Le MNLA, laïc, qui avait lancé une offensive en janvier 2012 dans le nord du Mali contre l'armée malienne avec les groupes islamistes armés, en avait très vite été évincé par eux des grandes villes de Gao, Tombouctou et Kidal.
Il est réapparu à Kidal et Tessalit à la faveur de l'intervention française contre les islamistes liés à Al-Qaïda qui a débuté le 11 janvier.
Le Mujao avait revendiqué jeudi un "attentat"à Kidal (1.500 km au nord-est de Bamako), où un véhicule a explosé jeudi près d'un camp de militaires français et tchadiens, tuant son conducteur.
"D'autres explosions auront lieu sur tout notre territoire", a dit le porte-parole du Mujao, Abu Walid Sahraoui.
Mines, grenades et ceintures d'explosifs
Les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l'aéroport de Kidal, ancien bastion islamiste, et quelque 1.800 soldats tchadiens sécurisent la ville contrôlée depuis peu par le MNLA qui y refuse la présence de soldats maliens.
A 350 km au sud-ouest de Kidal, à Gao, plus grande ville du nord du Mali, des coups de feu sporadiques étaient entendus vendredi au lendemain de violents combats entre des soldats français et maliens et des combattants islamistes qui ont subi de lourdes pertes;
Les coups de feu ont lieu en divers endroits de Gao, dont le centre où des snipers islamistes sont positionnés sur les toits, notamment sur celui du marché principal, a constaté une journaliste de l'AFP. Entre quinze et vingt islamistes ont été tués, deux soldats français "très légèrement blessés" et "quatre soldats maliens auraient été blessés" au cours des combats jeudi, selon l'armée française.
Ces combats se sont concentrés dans le centre-ville, près de la mairie et du palais de justice, en grande partie détruits.
Mais, selon un militaire malien, il y a dans les décombres de ces bâtiments de "nombreux" corps de combattants jihadistes qui portent des ceintures d'explosifs et tiennent à la main des grenades dégoupillées, ce qui rend leur évacuation délicate.
Les alentours des deux bâtiments sont minés et les soldats maliens attendaient vendredi les démineurs de l'armée française.
Les combats à Gao (1.200 km au nord-est de Bamako), entamés dans la nuit de mercredi à jeudi à la périphérie de la ville entre des islamistes infiltrés et des soldats nigériens, se sont poursuivis jeudi en centre-ville avec des soldats maliens.
Ils ont été appuyés par l'armée française qui a fait intervenir deux hélicoptères Gazelle.
Le Mujao qui a occupé Gao pendant neuf mois en 2012 avant qu'elle ne soit reprise par les armées française et malienne le 26 janvier, a affirmé avoir envoyé des combattants dans la ville, pour la "libérer des mécréants".
Il a affirmé que "la bataille" ne faisait "que commencer" pour reconquérir Gao, Kidal et Tombouctou, les trois grandes villes du nord malien.
Entre le 8 et le 10 février, Gao avait déjà été le théâtre de violences de la part des jihadistes qui y avaient commis les premiers attentats-suicides de l'histoire du Mali.
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