Préoccupée par la situation des populations vivant à proximité immédiate des zones de conflit et afin soutenir les structures gouvernementales dans leur réponse à l'urgence, Tdh a ouvert une base opérationnelle à Ségou, à 200 km au Nord de Bamako. La priorité pour Tdh est d’apporter de l’aide aux centres de santé dans cette région, la plus touchée du pays par la malnutrition. Tdh s’engage à améliorer les conditions d'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène dans ces centres et dans les villages alentours, qui ont vu affluer des milliers de déplacés provenant des villes du nord aux prises avec le conflit. Une attention particulière est portée aux enfants séparés de leurs parents ou victimes de violence.
Dans un pays déjà affecté par une crise nutritionnelle qui a touché toute la région du Sahel en 2012, la situation actuelle dans le nord et le centre du pays ne fait qu'empirer les conditions de vie des populations vivant à proximité des zones de conflit. La fragilité des structures étatiques rend encore plus précaire l’accès à des services de bases (santé, eau, abris, éducation) déjà limités. Au Burkina Faso et en Mauritanie où Terre des hommes est présente depuis des décennies, les équipes viennent en aide aux familles maliennes réfugiées dans des camps. Terre des hommes craint qu'une escalade du conflit au nord provoque l'exode de nouvelles familles en quête de nourriture ou de soins, ainsi que les risques de violences, notamment à l'encontre des femmes et jeunes filles.
Deux crises: des conséquences dramatiques
Au Mali, et notamment dans la région de Ségou, l'agriculture tient une place primordiale. Ce mode de vie, lorsqu’il est menacé par la sécheresse, fragilise les familles et les enfants. Habitant l'un des quinze pays les plus pauvres du monde, les communautés ne peuvent en effet se rattacher à quelque autre source de revenu et d'alimentation. Même avant la forte sécheresse de 2011-2012, l'insécurité alimentaire et la dénutrition étaient déjà chroniques dans le pays.
Dans les régions rurales, les populations sans ressources perdent accès aux services de base: eau potable, scolarité, soins de santé, matériel agricole, crédit et emploi. A Ségou, plus de 900'000 enfants travaillent, parfois dès leurs 5 ans, dans l’agriculture, la pêche ou l’élevage. Les jeunes filles sont souvent contraintes de migrer vers les grandes villes en quête de travail domestique. Certaines sont alors victimes d'abus et de grossesses précoces. Une fois rentrée chez elles, ces enfants sont généralement rejetées par la famille, puis soit abandonnées soit confiées à d'autres familles.
Depuis plus d'un an, cette situation s'aggrave avec le conflit armé qui touche le nord du pays. Selon le décompte des Nations Unies, plus de 230'000 personnes se seraient déplacées dans le sud du Mali et dans les pays voisins, soit en s’installant auprès de familles élargies ou en s’isolant dans des camps aux abords des villes (source: OCHA). A Ségou, sur l’axe conduisant de Bamako au nord du pays, l'afflux des déplacés est particulièrement important. En raisons des incertitudes sécuritaires provoquées par le conflit, les mouvements de denrées alimentaires se font plus rares, les services fonctionnent au ralenti et les opportunités de travail diminuent. Les enfants sont également confrontés à des risques plus importants d'abus et de mauvaise alimentation. Certains enfants séparés de leur famille se retrouvent sans attache dans les régions du sud.
Veiller à la santé et à la protection des enfants
Terre des hommes intervient dans deux districts sanitaires de la région de Ségou (Macina et Markala). Elle s'emploie à améliorer les capacités des services publics existants à offrir soins et protection aux communautés. Au niveau des services de santé, Tdh améliore la qualité et l’accessibilité aux soins, principalement en faveur des enfants atteints de malnutrition sévère, donc exposés à des risques de retards sérieux dans leur développement physique, voire à des risques mortels. Tdh soutient également les centres de santé de la région dans la prise en charge des enfants, la réponse aux maladies infectieuses et parasitaires, les carences nutritionnelles et la vaccination et améliore les infrastructures en matière d’assainissement et d'hygiène. Les formations données au personnel de ces centres de santé et aux agents de santé communautaires améliorent le dépistage et la prise en charge des enfants malnutris.
Dans les mois à venir, ces mêmes agents de santé seront également formés à référer les enfants victimes de violences, d’abus, d’exploitation et de négligence aux agents de protection de Tdh et aux agents des services sociaux étatiques qui seront soutenus en formation et en moyens matériels. Les travailleurs sociaux pourront alors suivre la situation de ces enfants et venir en aide aux familles les plus démunies. Les enfants recevront un soutien adapté selon leurs besoins: sanitaire, scolaire ou psychosocial. Les familles trop affectées par la pauvreté bénéficieront d'un appui socio-économique grâce auquel elles pourront redémarrer une activité économique et répondre ainsi aux besoins de leurs enfants. Les enfants subissant les problèmes les plus graves seront référés vers un réseau de professionnels qui leur offriront une aide sociale, médicale, éducative ou encore juridique.
Grâce à ce projet, Terre des hommes s'engage à soigner 8000 enfants de moins de 5 ans atteints de malnutrition; d’améliorer les compétences du personnel soignant travaillant dans 31 centres de santé; d’améliorer l’accès à l’eau potable pour 40'000 personnes et de mettre en place un mécanisme de protection des enfants dans les deux districts de Macina et Markala pour protéger 500 enfants victimes de violence, abus, exploitation et négligence.
Ce projet est soutenu par La Chaine du bonheur et le Service de la Solidarité Internationale du Canton de Genève.