02/16/2013 16:43 GMT
Par Martin ZOUTANE
N'DJAMENA, 16 fév 2013 (AFP) - Les dirigeants des pays sahélo-sahariens réunis samedi à N'Djaména ont appelé à "la solidarité" avec le Mali en guerre contre des groupes islamistes armés, afin de combattre plus largement "le terrorisme et assurer la sécurité" de la région.
"Je voudrais demander à la CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens) d'exprimer sa solidarité et son soutien au Mali et aux nouvelles autorités de transition en République centrafricaine", a déclaré le chef de l'Etat tchadien Idriss Déby Itno.
Président en exercice de la CEN-SAD, M. Déby s'exprimait à l'ouverture d'un sommet extraordinaire qui devait se focaliser sur la crise malienne et la sécurité dans l'espace sahélo-saharien.
Dix chefs d'Etats participent à cette rencontre, parmi lesquels le Malien Dioncounda Traoré, l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Burkinabè Blaise Compaoré et le Soudanais Omar el-Béchir.
La Cour pénale internationale, qui recherche Béchir pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour (ouest du Soudan), a lancé samedi un appel au Tchad pour faire arrêter le président soudanais.
Mais depuis le rapprochement politique amorcé en janvier 2010 entre le Tchad et le Soudan, N'Djamena a régulièrement ignoré les appels de la CPI en vue de l'arrestation d'Omar el-Béchir, qui s'est notamment rendu au Tchad pour le dernier sommet de la CEN-SAD en 2010.
"Le cas malien doit nous interpeller tous et nous inciter à accélérer les mesures qui s'imposent pour l'avenir, c'est-à-dire l'activation des forces africaines en attente", a indiqué le président tchadien. L'Union africaine a décidé la création dans les grandes régions du continent de forces armées en attente pour s'interposer dans les conflits, mais leur mise en place n'est pas encore effective.
Le Tchad, qui ne fait pas partie de la force régionale ouest-africaine, la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), mandatée pour aider le Mali à reprendre le contrôle du nord du pays occupé depuis plus de neuf mois par des groupes armés islamistes, a promis l'envoi au Mali de 2.000 soldats.
Le président ivoirien Ouattara, président en exercice de la Communauté économique de Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a lui aussi plaidé pour une mobilisation collective face aux crises qui secouent la zone sahélo-saharienne.
"C'est ensemble que nous devons agir pour combattre le terrorisme et assurer la sécurité dans notre espace commun", a affirmé M. Ouattara.
Le président tchadien a ensuite exprimé sa gratitude envers la France, engagée militairement au Mali depuis le 11 janvier.
"C'est le lieu de réitérer nos remerciements à la France dont la réaction salvatrice a servi de déclic à l'élan de solidarité en Afrique", a déclaré M. Déby.
Les forces africaines comptent actuellement environ 4.300 hommes sur le terrain, dont quelque 1.800 Tchadiens.
La menace jihadiste reste bien présente dans le nord du Mali notamment à Gao, ville reprise aux islamistes le 26 janvier, devenue entre-temps le théâtre des premiers attentats suicides de l'histoire du Mali et de violents combats de rue avec des combattants jihadistes infiltrés dans la ville.
Au cours de ce sommet, les participants devraient adopter "une résolution de la CEN-SAD sur la crise malienne" ainsi qu'une "déclaration sur l'aspect sécuritaire dans l'espace sahélo-saharien", a indiqué à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat.
Le conflit au Mali, la crise qui a conduit à la formation d'un gouvernement d'union nationale avec les rebelles du Séléka en Centrafrique, et les menaces terroristes qui pèsent sur plusieurs pays de la région incitent aujourd'hui les pays sahélo-sahariens à parler d'une même voix sur les questions sécuritaires.
La CEN-SAD a été créée en Libye le 4 février 1998 à l'initiative de l'ancien guide Mouammar Kadhafi aujourd'hui et regroupe 28 pays.
Les chefs d'Etat, qui se sont réunis pour des travaux à huit clos après la cérémonie d'ouverture, devaient publier une déclaration finale samedi soir.
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