12 février 2013 – Des villes assiégées de la Syrie aux champs de bataille du désert malien, des enfants du monde entier continuent de subir les humiliations et les dangers de la conscription forcée et souffrent de séquelles que leur cause leur participation à des affrontements armés, a rappelé mardi une haute fonctionnaire des Nations Unies.
Dans un appel lancé pour marquer la Journée internationale contre l'utilisation d'enfants soldats, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Leila Zerrougui, a prévenu que des milliers d'enfants continuent d'être « enlevés, recrutés, tués, mutilés ou violés dans les conflits partout dans le monde », y compris les guerres en cours en Syrie et au Mali.
« Les enfants dans les zones de conflit sont séparés de leurs familles, contraints de tuer et victimes de violence et d'abus », dénonce Mme Zerrougui dans un communiqué de presse conjointement publié avec la Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, qui a ajouté de son côté que, si ce problème sérieux n'est pas pris en considération, la « crédibilité du système international de protection des enfants en pâtira. »
Tout en se félicitant des progrès accomplis dans la lutte contre le fléau des enfants soldats, Mme Ashton appelle les États Membres des Nations unies à se joindre à l'effort mondial contre le recrutement forcé des mineurs.
« De nombreux pays et groupes armés ont signé des plans d'action avec les Nations Unies pour mettre fin au recrutement de mineurs. Ces plans ont abouti à la libération et à la réinsertion d'enfants, ainsi que la poursuite des responsables », se félicite Mme Ashton, qui demande instamment aux autres parties de suivre cet exemple dans les meilleurs délais. »
D'après le Bureau des Nations Unies pour le désarmement, 144 États Membres ont ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant portant sur l'implication d'enfants dans les conflits armés – un document qui engage ses signataires à prendre « toutes les mesures possibles » pour veiller à ce que leurs forces armées ne recrutent pas de mineurs dans leurs rangs ni les fassent participer directement aux hostilités.
En dépit du soutien croissant de la communauté internationale, 49 pays n'ont toujours pas ratifié le Protocole.
Dans la déclaration, Mme Zerrougui promet d'intensifier ses efforts pour mettre fin au recrutement d'enfants grâce à une coopération étroite entre l'ONU et ses partenaires.
« En vertu de notre engagement en faveur de la protection des enfants, nous continuerons de travailler avec l'Union européenne et d'inviter de nouveaux partenaires régionaux pour un monde plus sûr et sauf pour les enfants », affirme-t-elle.
Mmes Zerrougui et Ashton se sont également félicitées de la condamnation, l'an dernier, de l'ancien chef de guerre congolais Thomas Lubanga Dyilo par la Cour pénale internationale (CPI), un jugement qui renforce l'engagement international contre le recrutement forcé d'enfants.
En juillet 2012, Thomas Lubanga Dyilo a été condamné à 14 ans de prison pour recrutement et l'utilisation en comme combattants d'enfants de moins de 15 ans par son group armé, les Forces Patriotiques pour la Libération du Congo, en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo entre Septembre 2002 et Août 2003.
« Nous espérons que la décision historique de la CPI dans l'affaire Thomas Lubanga adressera un avertissement très clair selon lequel les violations graves du droit international ne restent impunis », concluent les deux femmes.
La Journée internationale contre l'utilisation des enfants soldats, également connu sous le nom de Journée Main Rouge, est dédiée aux nombreux enfants à travers le monde qui sont pris dans l'engrenage des conflits. La Journée rappelle aussi aux gouvernants la nécessité d'entreprendre toute une gamme d'actions visant à mettre fin au recrutement d'enfants.