02/06/2013 20:02 GMT
Par André VIOLLAZ
NEW YORK (Nations unies), 6 fév 2013 (AFP) - Les Nations unies ont commencé mercredi à étudier la création d'une force de maintien de la paix au Mali, qui ne se déployerait qu'après la fin de l'offensive militaire française et pourrait être amenée à demeurer sur place pendant des années.
"La France a évoqué la perspective de la création d'une opération de maintien de la paix (au Mali) sous casque bleu lorsque les conditions sécuritaires le permettront", a déclaré à la presse l'ambassadeur français Gérard Araud à l'issue de consultations à huis clos du Conseil de sécurité.
"Il n'y a eu aucune objection" au sein du Conseil, a assuré M. Araud, selon lequel les Etats-Unis, le Royaume uni, le Maroc ou l'Argentine se sont déclarés prêts à en discuter.
Il faudra néanmoins "plusieurs semaines pour prendre une décision" et une nouvelle résolution du Conseil.
Il faudra aussi l'aval des autorités maliennes, qui ont manifesté une certaine réticence à "la présence des Nations unies dans le sud" du pays, a reconnu M. Araud.
Selon le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU Hervé Ladsous, la future force de l'ONU "sera d'abord basée sur l'existant, c'est-à-dire les unités de la Cédéao et du Tchad" qui étaient pressenties pour constituer la MISMA, (Mission internationale de soutien au Mali).
La MISMA a été autorisée par une résolution du Conseil de sécurité en décembre dernier et ses effectifs ont gonflé jusqu'à plus de 6.000 hommes. Le Tchad a promis de son côté 2.000 hommes.
Tout ou partie de ces troupes passeront sous la bannière ONU mais il ne s'agira pas d'une force hybride, comme la Minuad au Darfour (force conjointe ONU/Union africaine). Ce sera "une force sous casque bleu avec une chaîne de commandement remontant au Conseil de sécurité", a précisé M. Araud.
Réconciliation nationale
Pour M. Ladsous, l'avantage est de garantir "un cadre et des ressources financières stables", prises sur le budget de l'ONU.
Mais pas question de déployer ces Casques bleus avant la fin de l'offensive française et sans plusieurs semaines de préparation.
Un autre diplomate du Conseil table sur un délai de deux mois environ à partir de l'adoption d'une nouvelle résolution, qui ne devrait pas intervenir avant fin février. "Les Français, explique-t-il, évoquent encore un mois environ d'activité" militaire intense, ce qui fait que les Casques bleus pourraient être à pied d'oeuvre au mieux "dans trois mois".
Restera aussi à définir le rôle des troupes françaises. Il y a en théorie plusieurs possibilités: placer des soldats français "sous casque bleu" comme dans la FINUL (force de l'ONU au Liban) ou leur donner un rôle autonome de soutien ou de réaction rapide (opérations Licorne en Côte d'Ivoire ou Epervier au Tchad).
Selon Richard Gowan, de l'Université de New York, les Français "voudront maintenir au Mali une force d'intervention rapide indépendante".
Au Mali, ajoute M. Gowan, les Casques bleus devront aussi jouer un rôle politique pour promouvoir une réconciliation nationale, "sinon leur mission sera sans fin comme en République démocratique du Congo".
Outre la "stabilisation du pays", l'ONU doit "aider les Maliens à parvenir à un nouveau pacte national malien", a affirmé M. Araud. Il a aussi "insisté sur la nécessité de déployer des observateurs des droits de l'homme" dans les zones reprises aux islamistes. Human Rights Watch a accusé les soldats maliens d'avoir commis des exactions dans le nord du pays, en particulier contre des civils d'origine touareg ou arabe, soupçonnés de soutenir les islamistes.
Avec un mandat aussi vaste, l'ONU doit se préparer à "maintenir une présence pendant plusieurs années", note un diplomate occidental. "Le mandat initial sera de douze mois mais il est certain que les problèmes politiques entre Bamako et les Touaregs ne seront pas réglés dans ce délai".
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