BAMAKO/TOMBOUCTOU/DAKAR, 5 février 2013 (IRIN) - Les enfants ont repris le chemin de l'école à Tombouctou dans le nord du Mali le 1er février, une semaine après la fuite des islamistes.
Les enseignants affirment qu'environ la moitié de tous les écoliers avaient fui le nord du Mali en 2012 lorsque les milices islamistes se sont emparées de presque tout le nord du pays et ont fermé les écoles publiques, complètement modifié le programme dans d'autres et envoyé certains enfants à l'école coranique.
« Vous ne pouvez pas imaginer la joie que j'ai ressentie en retournant dans cette classe », a déclaré la directrice de la principale école primaire de Tombouctou, Coulibaly Ami Doucaré. Elle avait abandonné l'école en avril dernier lorsque le groupe islamiste Ansar Dine avait pris le contrôle de Tombouctou.
« Il est important que nous sauvions cette année scolaire. Nous ferons tout pour rattraper les cours, même si nous devons enseigner le dimanche », a-t-elle déclaré, appelant tous les instituteurs qui s'étaient enfuis à revenir. Une campagne pour recruter des enseignants d'école primaire bénévoles a déjà attiré 12 personnes.
Aminata Touré, élève en 3e, a déclaré à IRIN : « Tout d'abord, j'ai l'impression d'être sortie de prison. Je peux me promener en ville, je peux m'habiller comme je veux, vous voyez, je porte un jean. Ensuite, ce qui me rend heureuse est que j'ai retrouvé ma classe, mes amis, mes professeurs et mes manuels scolaires. Je pensais que l'année scolaire était gâchée, mais maintenant je vais pouvoir passer mon brevet et aller au lycée l'année prochaine ». La plupart des écoliers de Tombouctou ont perdu au moins quatre mois de l'année scolaire.
Mamadou Mangara, gouverneur de la région de Tombouctou, a encouragé les parents à faire tout leur possible pour aider à réparer les écoles afin qu'elles puissent rouvrir.
Beaucoup écoles ont été détruites à Tombouctou et à Gao, des pupitres et des bancs pillés ou abîmés. L'association « L'école pour tous » et l'ONG (organisation non gouvernementale) locale Cri de Cour ont commandé 100 pupitres et bancs d'écoliers, ainsi que des cahiers et des crayons qui seront envoyés aux écoles dans le nord, a déclaré le président de Cri de Cour, Almahady Cissé.
La moitié des 5 000 étudiants de l'Académie d'enseignement de Tombouctou ont fui dans le centre et le sud du Mali ou vers les pays voisins, selon un enseignant de l'académie, Mamadou Camara. D'après les estimations du ministère de l'Éducation, fin 2012, 10 000 enfants déplacés du nord n'avaient pas accès à l'éducation.
En plus d'aider à la réparation des bâtiments scolaires, les habitants de Tombouctou doivent aussi en priorité réparer des dizaines de centres de santé endommagés et faire venir du carburant pour réapprovisionner la ville en électricité et en eau courante, a expliqué le maire de Tombouctou, Hallé Maïga.
Au nord, l'insécurité alimentaire s'accroit à cause des voies d'approvisionnement coupées et des pénuries de produits de base, selon les organisations humanitaires. Une évaluation précédente réalisée par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a montré que 585 000 Maliens du nord souffraient d'insécurité alimentaire sur une population estimée à 1,3 million.
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