N°: 013/2013
19 janvier 2013 [Abidjan - Cote d'Ivoire]
Le chef de l’Etat ivoirien et président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, M. Alassane Ouattara, a réaffirmé la solidarité totale de la Communauté avec l’Etat et le peuples maliens, confrontés depuis quelque temps à une occupation terroriste d’une partie de leur pays et à une menace de partition du territoire malien.
Dans son allocution, à l’ouverture, ce samedi 19 janvier 2013 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, d’une session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, M. Ouattara a souligné l’importance de cette rencontre, la dixième du genre depuis mars 2012, qui se tient dans un «contexte particulièrement grave marqué par le déclenchement de l’offensive militaire contre les extrémistes et les narcoterroristes qui occupent le nord du Mali».
Le président ivoirien a salué tout particulièrement la présence à la rencontre de son homologue du Tchad, M. Idriss Déby Itno, dont le pays, bien que non membre de la CEDEAO, a décidé de s’impliquer militairement au Mali par l’envoi de 2.000 hommes, et du ministre des Affaires étrangères français, M. Laurent Fabius, dont les troupes mènent actuellement l’offensive antiterroriste aux côtés de l’armée malienne.
«Au moment où notre sous-région fait face à son plus grand péril sécuritaire et humain, je salue la détermination de la communauté internationale, en particulier l’engagement et le soutien de la France, qui a empêché la conquête d’un Etat, de son territoire, de son peuple, de ses institutions et de sa souveraineté par un véritable consortium terroriste», a déclaré le président Ouattara.
Il a ensuite insisté sur la nécessité d’accélérer le rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali, saluant, dans cet esprit, le déploiement des forces armées de plusieurs Etats membres de la CEDEAO en dépit des contraintes logistiques, comme le Nigéria, le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal, la Sierra Leone, le Niger et le Togo. Il a confondu dans les mêmes hommages les Etats-Unis et le Canada qui ont décidé de s’engager auprès de la France en vue de renforcer le dispositif en place.
«Il nous faut, a encore dit le président Ouattara, accélérer le rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali avec l’appui logistique de nos partenaires et assumer notre responsabilité en toute légitimité sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies», dont le Conseil de sécurité a adopté, en décembre 2012, la résolution 2085 autorisant le déploiement d’une Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).
Ce soutien massif et inconditionnel exprimé aujourd’hui autour du déploiement rapide de la MISMA constitue «un encouragement supplémentaire pour la démarche que la région a toujours défendue dans le règlement de la crise sécuritaire au Nord Mali», a estimé pour sa part le président de la Commission de la CEDEAO,
M. Kadré Désiré Ouédraogo.
Dans son allocution à l’ouverture de cette session d’une journée, tenue en présence d’une vingtaine de pays et institutions invités spécialement, M.
Ouédraogo a martelé que l’heure était venue pour la concrétisation de la démarche visant à empêcher qu’un sanctuaire de terroristes soit établi dans le Nord malien.
Au reste, l’espoir qui renaît dans la partie septentrionale du Mali avec le recul des groupes terroristes depuis le 12 janvier dernier prouve que «la stratégie adoptée par la CEDEAO est porteuse et qu’il faut aller au bout de notre logique», a-t-il indiqué, souhaitant que soit renforcée la coordination et la complémentarité des actions entre la sous-région et ses partenaires.
C’est dans le même esprit que s’est exprimé le ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, en soulignant que Bamako était sous la menace de l’offensive des terroristes venus du nord du Mali et qu’après une demande d’aide du président malien «face à cette urgence extrême», le France a décidé de déployer des éléments de ses forces.
«Il fallait stopper cette agression terroriste qui menaçait l’existence même du Mali en tant qu’Etat, avant de menacer probablement celle de ses voisins, car (…) le terrorisme n’a pas de frontière. Il fallait donc éviter, pour le Mali et pour la sous-région, un avenir fait de violence, d’intolérance et de terreur», a expliqué M. Laurent Fabius.
En intervenant ainsi, la France n’a fait qu’assurer ses responsabilités et remplir ses obligations dans le respect de la légalité internationale, restant ainsi fidèle aux vœux de la CEDEAO, de l’Union africaine et du Conseil de sécurité des Nations unies, a ajouté M. Fabius, précisant que l’opération, baptisée Serval, n’a pas vocation à se substituer à l’action de la MISMA.
«Bien au contraire, la France a pour objectif de permettre l’application pleine et entière des résolutions des Nations unies et donc le déploiement le plus rapide possible de la MISMA et des initiatives de soutien qui l’accompagnent», a conclu sur ce point le ministre français.
Outre les chefs des Etats membres de la CEDEAO, le sommet extraordinaire d’Abidjan s’est ouvert en présence de l’ex-président burundais Pierre Buyoya, haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, ainsi que du représentant du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, M. Saïd Djinnit.
On notait aussi la présence des représentants des invités spéciaux suivants :
Etats-Unis, Allemagne, France, Royaume-Uni, Belgique, Egypte, Afrique du Sud,
Algérie, Tchad, Libye, Mauritanie, Tunisie, Maroc, Espagne, Italie, Burundi,
Nation unies, Commission de l’Union africaine, Union européenne.