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Mali: Le président malien demande à Paris une aide militaire, les islamistes prennent une localité du centre

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Source: Agence France-Presse
Country: Mali

01/11/2013 03:59 GMT

Par Serge DANIEL, Ahamadou CISSE

BAMAKO, 11 jan 2013 (AFP) - Le président malien par intérim Dioncounda Traoré a demandé l'aide militaire de la France pour repousser une offensive des groupes armés islamistes, ont indiqué jeudi soir des diplomates après des consultations au Conseil de sécurité sur le Mali, le jour même où les islamistes armés qui contrôlent le nord prenaient une localité du centre du pays.

Parallèlement, des témoins et un responsable ont indiqué à l'AFP que des avions militaires transportant des armes et des soldats étrangers étaient arrivés jeudi à Sévaré (centre du Mali), où l'armée dispose d'un poste de commandement opérationnel et qui est proche de Konna, la localité prise le même jour par des islamistes.

Aucune indication précise n'avait toutefois pu être obtenue dans l'immédiat sur le nombre et la provenance de ces avions, armes et soldats étrangers, un des témoins travaillant à l'aéroport ayant évoqué la présence de Blancs parmi les soldats.

"J'ai vu atterrir des cargos C-160 (avions de transport militaire, NDLR). Ils ont débarqué des armes et des hommes. Certains hommes avaient la peau blanche", a affirmé ce travailleur de l'aéroport de Sévaré (plus de 650 km au nord de Bamako).

"Les avions ont fait plusieurs rotations à l'aéroport de Sévaré où ils ont déposé du matériel et des hommes", a expliqué un autre travailleur de l'aéroport.

Un troisième témoin a signalé la présence, parmi les avions arrivés jeudi, d'un appareil de l'armée malienne, sans en préciser le type.

L'ambassadeur français auprès de l'ONU Gérard Araud a de son côté déclaré que "les décisions françaises seraient annoncées à Paris demain", alors que le Conseil de sécurité se réunissait jeudi soir en urgence pour débattre de la situation au Mali.

La demande d'aide malienne est contenue dans deux lettres, adressées l'une au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et l'autre au président français François Hollande.

Selon des diplomates du Conseil de sécurité, la lettre adressée aux autorités françaises est une "demande d'aide militaire".

Le gouvernement malien a annoncé que le président Traoré s'adresserait vendredi à la Nation.

"La France est l'amie du Mali et se tient aux côtés de son peuple et de ses autorités, en particulier dans les circonstances actuelles", a souligné M. Araud.

Dans une déclaration adoptée jeudi par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité a demandé un "déploiement rapide" de la force internationale au Mali devant la "grave détérioration de la situation" sur le terrain.

Il a appelé les Etats membres "à aider les forces de défense et de sécurité maliennes à réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés" qui contrôlent le nord du pays.

L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a indiqué que Bamako avait "demandé un soutien extérieur, en particulier de la part de la France". Décrivant la lettre du président Traoré à François Hollande elle a expliqué: "Elle disait en résumé: +au secours la France+".

Il y a eu au sein du Conseil un "consensus clair sur la gravité de la situation et le droit des autorités maliennes de rechercher toute l'assistance possible", a-t-elle ajouté.

Des témoignages indirects et des informations sur plusieurs sites de réseaux sociaux font état de nombreuses victimes dans les affrontements de ces derniers jours entre l'armée malienne et les islamistes, les premiers depuis neuf mois.

"Urgence d'agir"

Aucun bilan n'a pu être obtenu, mais un témoin joint par l'AFP a dit avoir appris qu'"un carnage" avait eu lieu à Konna tombée jeudi aux mains des islamistes, à 70 km de Mopti (640 km au nord de Bamako) où est basé l'état-major régional de l'armée malienne.

"Nous sommes actuellement à Konna pour le jihad", a annoncé jeudi après-midi à l'AFP un responsable du groupe armé Ansar Dine, Abdou Dardar. "Nous contrôlons la cité presque en totalité. Après, nous allons continuer"à progresser vers le Sud, a annoncé ce responsable joint par téléphone depuis Bamako.

Il affirmait parler au nom des trois groupes jihadistes qui occupent totalement le Nord, Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).

Pour l'ambassadeur français, la percée des islamistes peut être interprétée comme "soit une démonstration de force dans le cadre de la négociation politique, soit une décision d'avancer vers le Sud avant l'arrivée de la force africaine".

Le déploiement de cette force de quelque 3.000 hommes a été autorisée par le Conseil de sécurité le 20 décembre mais prendra dans les faits plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Des témoins joints par l'AFP ont constaté que l'armée avait abandonné Konna.

"Les islamistes sont entrés à Konna, ce sont eux qui contrôlent la localité. Les militaires retournent actuellement vers Sévaré"à 12 km de Mopti, a affirmé un des témoins. "Les militaires maliens ont battu en retraite en direction de Sévaré. C'est la débandade totale ici", a dit un autre témoin. "Les gens sont affolés. Les islamistes ont juré qu'ils allaient marcher sur le sud du pays".

Selon plusieurs sources militaires, des affrontements à l'arme lourde avaient eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi avant de reprendre dans la matinée. Une source sécuritaire régionale avait fait état d'affrontements jeudi après-midi près de Konna, en disant: "L'armée cherche à résister".

Une source diplomatique a affirmé que les islamistes armés étaient désormais "à 20 km de la ville de Mopti", ce qu'aucune source n'a pu confirmer à l'AFP à Bamako. La source diplomatique a également déclaré que la colonne des jihadistes comptait près de 1.200 hommes équipés de véhicules tout-terrain et pourrait décider de contourner Mopti pour se diriger plus au sud, vers Bamako.

Par ailleurs, des policiers ont été déployés à Bamako pour éviter des débordements, alors qu'une marche y était organisée jeudi, notamment en soutien à l'armée.

burs/jr

© 1994-2012 Agence France-Presse


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