\01/03/2013 18:13 GMT
NOUAKCHOTT, 03 jan 2013 (AFP) - Ansar Dine, l'un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, "décide de retirer l'offre de cessation des hostilités" faite en décembre à Alger, a annoncé son chef, Iyad Ag Ghaly dans un communiqué publié jeudi par l'agence privée mauritanienne Sahara Médias.
"Ansar Dine décide de retirer l'offre de cessation des hostilités concomitamment avec les négociations menées à Ouagadougou" autour du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur pour l'Afrique de l'Ouest dans la crise malienne, a déclaré Iyad Ag Ghaly dans ce texte.
Le 21 décembre à Alger, Ansar Dine et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) s'étaient dits prêts à cesser les hostilités au Mali et à négocier avec les autorités, au lendemain du feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU pour l'envoi d'une force internationale pour chasser les jihadistes occupant le nord du pays.
Dans son communiqué, Iyad Ag Ghaly a accusé le gouvernement malien "de mépriser cette offre à laquelle il n'a jamais répondu positivement", alors que cette proposition a été "arrachée" par des intermédiaires au terme de "rudes négociations".
Il s'est dit toutefois disponible pour "l'ouverture de nouvelles négociations même si (Ansar Dine) n'a jamais décelé une volonté réciproque chez l'autre partie", en référence au gouvernement malien.
Selon lui, Bamako "mène une campagne sans précédent" et "recrute des mercenaires" pour écraser les populations du nord du Mali, dans une allusion à l'intervention militaire en préparation.
Le 20 décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution approuvant le déploiement d'une force armée internationale au Mali pour déloger les islamistes armés, sans préciser de calendrier. L'ONU a toutefois indiqué que ce déploiement était programmé par étapes, et a appelé les autorités maliennes au dialogue avec les groupes armés rejetant le terrorisme et la partition du Mali.
Le communiqué d'Iyad Ag Ghaly est publié deux jours après qu'une délégation d'Ansar Dine a remis au président burkinabè à Ouagadougou une "plateforme politique", selon une source proche du médiateur burkinabè. Le contenu de ce document n'a pas été révélé, pas plus que la composition de la délégation, qui a quitté le jour même (mardi) le Burkina Faso.
Ansar Dine est l'un des groupes islamistes armés dominant le nord du Mali depuis juin, avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), tous prônant l'application de la charia (loi islamique) au nom de laquelle ils commettent diverses exactions dans leurs zones d'influence.
Ces groupes islamistes et le MNLA avaient pris ensemble le contrôle de ces vastes régions désertiques fin mars-début avril, après deux mois et demi d'attaques contre l'armée malienne et quelques jours après un coup d'Etat militaire à Bamako le 22 mars. Les jihadistes ont ensuite évincé du Nord, fin juin, leurs ex-alliés rebelles touareg.
Sous l'influence du Burkina Faso et de l'Algérie, autre pays médiateur, Ansar Dine avait annoncé avoir renoncé à imposer la charia dans tout le Mali, mais avait exigé de pouvoir continuer à le faire dans les zones sous son influence.
Sur le terrain, les exactions contre les populations se poursuivent, selon des témoins. Mercredi à Tombouctou (nord-ouest), une femme accusée de concubinage a été battue en public puis transportée évanouie à l'hôpital.
Les islamistes obligent les femmes à se recouvrir la tête et tout le corps, et les hommes à porter des pantalons courts. Des jihadistes ont été vus ces derniers jours procédant eux-mêmes à la coupe de bas de pantalons d'habitants en pleine rue, en usant de ciseaux ou de lames.
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